Le lycée d’excellence où a été scolarisée Diary Sow, une fabrique d’élites pour le Sénégal

Elève en classe préparatoire à Paris, la jeune prodige, dont la disparition a mis son pays en émoi, a suivi sa ­scolarité dans ce lycée scientifique de Diourbel, situé à l’est de Dakar.

Un établissement d’excellence

Diary Sow, une brillante étudiante sénégalaise en deuxième année de classe préparatoire au lycée Louis-le-Grand, à Paris, n’est jamais retournée en cours après les vacances de Noël. Une disparition qui a mis le Sénégal en émoi, jusqu’à ce qu’un proche publie des échanges dans lesquelles la jeune fille dit aller bien et avoir pris « une petite pause pour retrouver [ses] esprits ». Dans son pays, Diary Sow est connue pour avoir remporté en 2018 et en 2019 le titre de « meilleure élève du Sénégal ».

Une photo de Diary Sow, prise à Dakar, le 7 août 2020. AFP Photo/Senegalese Presidency

En 2020, elle a aussi publié son premier roman, Sous le visage d’un ange, aux éditions L’Harmattan. Réputée sérieuse et intelligente, la jeune élève s’est vite démarquée sur les bancs de l’école de sa petite ville, Malicounda. Elle passe alors en 2016 le concours pour intégrer le lycée scientifique d’excellence de Diourbel, où aujourd’hui les élèves comme le proviseur et les professeurs sont dans ­l’attente de la moindre information venue de France.

Une institution créée en 2016

Le lycée scientifique d’excellence de Diourbel, à 170 kilomètres à l’est de Dakar, a fait sa première rentrée en 2016, sous l’impulsion du président de la république, Macky Sall. Dans un pays où 46 % d’une classe d’âge est scolarisée dans le secondaire, « le niveau en sciences des élèves avait baissé », constate Ousmane Sagna, le proviseur. « Nous manquons de professeurs qualifiés en sciences et le niveau n’est pas suffisant dans les écoles d’ingénieurs », renchérit Amadou Yacine Diatta, professeur de sciences physiques. Il est ravi de pouvoir « approfondir le programme et les notions scientifiques » avec des élèves triés sur le volet.

A la suite d’un concours national, seuls les 60 meilleurs élèves seront sélectionnés pour poursuivre leur scolarité dans le prestigieux établissement. « Ce concours est ouvert à tous, nous avons d’ailleurs plus de filles que de garçons », relève le proviseur Sagna. Public et gratuit, ce lycée d’excellence se différencie des autres lycées de bonne réputation, souvent payants et donc réservés à une élite économique.

Une politique de mixité

Ici, les 180 élèves, venus de tout le Sénégal, sont tous en internat, reçoivent une bourse mensuelle et paient seulement les frais d’­inscription annuels classiques (environ 60 euros). Un prix qui permet d’accueillir des élèves aux profils sociologiques diversifiés. « Certains viennent de milieux et de régions défavorisés », témoigne Amadou Yacine Diatta.

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Au milieu de ces élèves excellents s’est démarquée Diary Sow, ­première de sa promotion de la seconde à la terminale et elle-même issue d’un milieu modeste. « Diary avait la particularité d’être bonne dans les matières scientifiques comme ­littéraires », se ­rappelle son professeur.

Un partenariat international

Le baccalauréat en poche, la ­plupart des élèves continuent leurs études à l’étranger, principalement en France, pour fréquenter les grandes écoles, grâce à l’obtention d’une bourse d’excellence. « Cinq de nos élèves, dont Diary Sow, ont intégré Louis-le-Grand avec qui nous avons un partenariat », se félicite le proviseur Sagna. D’autres sont partis au lycée Henri IV, ailleurs en France, en Europe, voire au Canada. « L’idée est qu’ils reviennent ensuite au Sénégal, car nous sommes en train de ­former une élite qui pourrait ­diriger le pays », ambitionne M. Sagna.

Théa Ollivier

Source : Le Monde(Le 22 janvier 2021)

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