Football – Les plus mauvais clubs ont les meilleurs supporters, indique une étude britannique

Selon les chercheurs des universités du Kent et d’Oxford, les fans des pires équipes de Premier League sont les plus fidèles à leurs couleurs et les plus solidaires entre eux. Explication: «La souffrance partagée peut produire un lien social incroyablement fort»

Dans tous les clubs de football du monde, on parle désormais de «communauté» pour désigner l’ensemble des supporters (r)attachés à une équipe. On imagine volontiers cette communauté comme fidèle, loyale, indéfectible et monogame. Des études ont déjà établi qu’il s’agit d’une légende. Une communauté de supporters est un groupe instable, à la dimension changeante et au degré d’attachement variable.

Une étude britannique, réalisée en 2014 dans les vingt clubs de Premier League par des chercheurs des universités du Kent et d’Oxford, révèle que les défaites ont une incidence plus forte que les victoires sur les liens à l’intérieur d’une communauté de supporters. Les fans des équipes les moins performantes se sentent plus attachés à leur club et à leurs collègues que les supporters des équipes les plus performantes.

 

34% sont prêts à mourir

 

A en croire cette étude, les meilleurs fans de Premier League se trouveraient à Crystal Palace, Hull, Norwich, Sunderland et West Bromwich Albion. Ils se montreraient plus loyaux les uns envers les autres et seraient même davantage prêts à sacrifier leur propre vie pour sauver celle des autres fans de leur club. Cette volonté est beaucoup moins exprimée au sein des communautés de supporters de Manchester United, Arsenal, Chelsea, Liverpool ou Manchester City.

Les fans de Crystal Palace sont les plus nombreux à se déclarer prêts à se sacrifier pour d’autres fans (34,5%) et ceux d’Arsenal les moins nombreux (9,4%). Parmi les équipes performantes, c’est à Manchester City que l’on trouve les supporters les plus solidaires entre eux, sans toutefois aller jusqu’au sacrifice.

Les fans de la modeste équipe de Hull City sont les plus nombreux (92%) à justifier par des liens sociaux leur passion pour le football. A l’inverse, les fans de Chelsea ne sont que 63% à expliquer leur intérêt pour le club par des liens communautaires.

 

Mieux retenir les nouveaux fans

 

L’étude, menée par le Dr Martha Newson de l’école d’anthropologie et de conservation du Kent, en collaboration avec des collègues d’Oxford, a conclu que les liens sociaux sont nettement plus importants chez les fans de clubs qui ont été relégués ou qui ont perdu de nombreux matchs, du fait de la difficulté émotionnelle éprouvée par ces supporters. Dans tous les clubs, les souvenirs des défaites passées ont constitué une part essentielle de l’image que les fans se font d’eux-mêmes, les liant ainsi à leur club.

«Cette recherche a permis de démêler les causes psychologiques des liens entre les fans, souligne le Dr Newson, spécialiste des rapports au sein des groupes, qui pense que ses résultats pourront aider «les clubs à attirer et à retenir des supporters qui [les] soutiendront dans toutes les situations.» En retour, les clubs pourraient utiliser ce lien communautaire pour des projets de jumelage facilitant l’inclusion, la diversité ou la réinsertion, estime la chercheuse.

 

Utile aussi pour la société

 

«La souffrance partagée peut produire un lien social incroyablement fort, et cela ne vaut pas que pour les fans de sport, mais pour nous tous, alors que nous sortons d’une année d’enfermement et de pertes personnelles», émet le professeur Harvey Whitehouse, auteur principal de l’article et directeur du Centre d’étude de la cohésion sociale d’Oxford.

Historiquement, les liens extrêmes entre fans ont parfois produit de l’hostilité et de la violence, mais les chercheurs affirment que ces sentiments ne sont pas inhérents aux groupes, qui n’ont pas nécessairement besoin d’être violents. «Néanmoins, comprendre ce qui motive les supporters dévoués peut aider les clubs de football et les décideurs politiques à mieux gérer le comportement des foules», conclut l’étude.

LT

Source : Le Temps (Suisse)

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