WhatsApp repousse de trois mois ses changements de conditions d’utilisation

La messagerie de Facebook cherche à rassurer ses utilisateurs face à ce qu’elle nomme être de la « désinformation » à la suite de la publication de ses nouvelles règles d’usage. Par Michaël Szadkowski

Dans un communiqué publié vendredi 15 janvier dans la soirée, WhatsApp – propriété du réseau social Facebook – affirme avoir entendu « beaucoup de confusion » de la part de « beaucoup de monde » après l’annonce des derniers changements de ses conditions d’utilisation. Sous pression, l’entreprise tente de rassurer, car de nombreux utilisateurs songent à quitter la messagerie, ou l’ont déjà fait, pour rallier des services similaires, comme Signal ou Telegram.

Pour lutter contre ce qu’elles qualifient de « désinformation » causant des « inquiétudes » injustifiées, les équipes de WhatsApp annoncent repousser la mise en application de ces nouvelles règles pour les utilisateurs : elles n’entreront pas en vigueur le 8 février, mais le 15 mai. « Personne ne verra son compte suspendu ou supprimé le 8 février », précise l’entreprise : un tel cas de figure pouvait avoir lieu si un utilisateur refusait les nouvelles conditions d’utilisation de la messagerie. Il était invité à se prononcer sur le sujet dans un message qui s’est affiché chez la plupart des utilisateurs ces derniers jours.

Cette mise à jour suscite de nombreuses réactions négatives en raison de la redéfinition, souvent mal accueillie, du périmètre des données issues de WhatsApp qui seront partagées avec sa maison mère, Facebook. Sur les continents américain, africain et asiatique, il était prévu qu’à partir du 8 février les utilisateurs de WhatsApp acceptent que leurs données personnelles recueillies par l’application (le pseudonyme, le numéro de téléphone, les adresses IP ainsi que les informations relatives aux appareils des utilisateurs) puissent être aussi utilisées par Facebook.

Le RGPD empêchait toute obligation en Europe

De tels transferts de données sont prévus dans un contexte où Facebook tente d’unifier l’expérience utilisateur sur ses principales applications (Facebook, Messenger, Instagram, WhatsApp), mais aussi dans un cadre où WhatsApp évolue pour offrir de nouvelles options à des comptes « business ». Le réseau social de Mark Zuckerberg cherche en effet à rentabiliser sa coûteuse acquisition (il a racheté WhatsApp en 2014 pour 20 milliards de dollars), en ouvrant la voie à une utilisation plus large de la messagerie par des entreprises désirant y vendre des produits ou des services.

En Europe, le règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD) avait cependant empêché de rendre obligatoires ces changements. Mais les doutes et la défiance à l’égard de Facebook ont jeté une ombre sur WhatsApp, poussant de nombreux Français à se questionner sur leur usage du service. La confusion sur cette mise à jour a aussi déclenché le lancement d’une investigation par l’autorité italienne chargée de la protection des données personnelles sur les informations collectées et traitées par WhatsApp.

Lire aussi : Quelles sont les données personnelles stockées par l’application ?

« Nous allons faire beaucoup plus pour éclaircir les points de désinformation sur la manière dont nous travaillons sur la sécurité et le respect de la vie privée » des utilisateurs, explique WhatsApp dans son communiqué : « Nous reviendrons ensuite progressivement vers nos utilisateurs pour qu’ils puissent examiner nos règles d’utilisation, au rythme qu’ils souhaitent, avant que les nouvelles options liées aux comptes marchands [boutiques en ligne, vente de services…] ne soient déployées le 15 mai ».

Dans ce texte, le service réaffirme également son attachement à la « communication dans le respect de la vie privée » et réexplique fonctionner avec un chiffrement intégral de tous les messages (qui empêche, à WhatsApp comme à Facebook, d’avoir accès au contenu des discussions qui ont lieu sur la messagerie).

Ce communiqué de WhatsApp arrive peu de temps après un message posté par un service concurrent, Signal, plébiscité par de nombreuses personnes pour son respect de la vie privée : la messagerie y indique connaître des « difficultés techniques », un problème qui s’est déclaré souvent ces derniers jours en raison de l’afflux de dizaines de millions de nouveaux utilisateurs qui ont téléchargé l’application.

 

Michaël Szadkowski

 

Source : Le Monde

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