« Rien n’indiquait que quelque chose n’allait pas » : au Sénégal, l’angoisse des proches de Diary Sow

L’étudiante de 20 ans, en classe préparatoire au lycée parisien Louis-le-Grand, a disparu depuis le 4 janvier. A Malikounda, parents et voisins attendent désespérément de ses nouvelles.

Au Sénégal, la maison familiale de Diary Sow ne désemplit pas. Tantes, oncles, cousines, grands-mères, voisins… Tous sont venus soutenir la mère de cette étudiante de 20 ans, en classe préparatoire scientifique au prestigieux lycée parisien Louis-le-Grand, qui a mystérieusement disparu en France le 4 janvier. Dans ce quartier calme et résidentiel de Malikounda, à 70 km au sud-ouest de Dakar, certains patientent dans la cour, sous les bougainvilliers. D’autres, dans le salon, ont les yeux rivés sur la télévision, à l’affût des nouvelles. Amis et proches font défiler les actualités sur leur téléphone portable ou récitent des prières, assis sur des nattes.

Toute vêtue de blanc, la mère de Diary Sow s’est réfugiée dans une chambre, trop émue pour pouvoir parler de sa fille. Chaque jour à ses côtés, sa cousine Khady reste parfois dormir pour ne pas la laisser seule. « Le plus dur, c’est d’attendre sans avoir d’informations ni savoir quelle sera l’issue », témoigne-t-elle. Lundi 11 janvier, Serigne Mbaye Thiam, parrain de Diary Sow et ministre de l’eau et de l’assainissement, ainsi qu’Antoine Félix Diome, ministre de l’intérieur, sont venus à Malikounda pour apporter leur soutien et évoquer l’enquête menée en France.

La famille n’est pas en contact direct avec les enquêteurs à Paris, mais « les Etats français et sénégalais semblent avoir mis en place tous les moyens pour la retrouver, cela nous remonte le moral », estime Khady, encore surprise de la disparition de Diary Sow. « Même à distance, je discutais souvent avec elle de ses projets, de ses ambitions. C’est une fille vivante et enthousiaste, avec de grandes idées et une intelligence hors du commun, qui sait ce qu’elle veut et se projette dans l’avenir, décrit-elle avec émotion. Rien n’indiquait que quelque chose n’allait pas. »

Au-dessus de la télévision, deux photographies ont été encadrées : on y voit Diary Sow recevoir en 2019 son titre de « meilleure élève du Sénégal » des mains du président Macky Sall. La jeune fille, considérée dans son pays comme un modèle de réussite sociale, a été distinguée deux années consécutives. Une fierté pour sa famille.

 

« Une jeune femme exemplaire »

 

« Diary a reçu une très bonne éducation, insiste Aliou Sow, son oncle paternel. Moi je n’ai pas eu mon bac, dans la famille nous n’avons pas tous terminé nos études, mais elle l’a fait à notre place et elle nous représente. » Lui aussi assure que l’étudiante communiquait en permanence avec sa mère et le reste de la famille grâce à WhatsApp et aux réseaux sociaux. Un contact encore plus resserré depuis que son père, pâtissier de métier et dont elle était très proche, est décédé, en avril 2020.

Dans le quartier, tout le monde connaît Diary Sow et sa famille. Au coin de la rue sablonneuse, sa voisine Kadhy Diop la décrit comme une jeune fille timide, gentille et intelligente. « Ça nous a touchés car c’est une bonne famille, des gens simples avec qui on partage beaucoup de choses. Au-delà d’être la meilleure élève du Sénégal, c’est une jeune femme exemplaire. Elle est très sérieuse, pas comme ces filles qui déambulent en faisant tout et rien », décrit la mère de famille, qui ne croit pas en la piste d’une fugue.

Si la jeune fille est très scientifique, avec pour objectif de passer les concours de Polytechnique, de Supélec ou des Mines-Ponts, elle est aussi connue pour avoir publié en 2020 son premier roman, Sous le visage d’un ange, aux éditions L’Harmattan. Son éditeur s’entretenait régulièrement par e-mail avec elle sur la finalisation de son deuxième livre. « Je l’avais vue l’été dernier au moment de la promotion de son premier roman, nous avons beaucoup parlé de son avenir. Nous avions aussi des échanges permanents pour travailler sur son prochain ouvrage », raconte Abdoulaye Diallo, administrateur général des éditions L’Harmattan au Sénégal.

« Ce qui frappe d’emblée, c’est la maturité de l’écriture d’une jeune fille de son âge, sa cohérence et sa capacité à argumenter son propos, continue M. Diallo, encore sous le choc de sa disparition. Elle a la tête sur les épaules et fait partie de ces esprits brillants, littéraires comme scientifiques, qui ont un rôle à jouer au Sénégal comme ailleurs. »

Source : Le Monde

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