REVUE DE PRESSE – Alors que l’Union européenne vient d’autoriser la mise sur le marché d’un deuxième vaccin occidental, celui de Moderna, les pays en voie de développement se tournent vers des alternatives russe ou chinoise. À la clé, la promesse de produits moins chers et plus simples à conserver. Mais, au sein de la population, des doutes naissent sur leur efficacité.
Au Maroc comme en Algérie, les campagnes de vaccination contre le Covid-19 n’ont pas débuté. Mais les deux voisins se préparent. Si l’Union européenne a opté pour les vaccins occidentaux de Pfizer-BioNTech et de Moderna – les deux seuls autorisés pour l’instant –, le Maghreb se tourne vers les vaccins chinois et russes.
Face à la pandémie, le Maroc promeut une stratégie agressive. La vaccination sera obligatoire et gratuite pour tous les adultes, a prévenu le gouvernement. Le royaume, tout comme d’autres pays en développement, a notamment choisi le vaccin de la firme chinoise Sinopharm, en lui octroyant fin décembre son autorisation de mise sur le marché.
Plus accessible et moins cher
Avec une efficacité de 79,34 %, il n’est pas le meilleur des vaccins disponibles, mais selon le site d’information chinois South China Morning Post, Sinopharm parie sur une «meilleure accessibilité», les doses pouvant être stockées à des températures oscillant entre 2 et 8 degrés, soit la température d’un congélateur, avec «une période de validité qui s’étend à 24 mois». L’américain Pfizer avait lui annoncé que son vaccin devait être conservé à −70 degrés s’il l’était dans la durée.
Cette «efficacité», n’est cependant pas l’unique raison du choix marocain. Le site d’information TelQuel révèle dans un article que cette option chinoise s’inscrit dans une stratégie globale de «partenariat gagnant-gagnant» entre la Chine et le Maroc. Le pays espère que cette coopération médicale aboutira à terme à «un transfert de technologies et de compétences pour le Maroc devienne un producteur de ce genre de produits», confie à Tel Quel le ministre de la Santé marocain, Khalid Aït Taleb. Une production destinée à l’Afrique et qui verra le jour dans la future Cité Mohammed VI Tanger Tech, dans le nord du pays, avec un fort appui des Chinois.
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Il y a deux semaines, le ministre de la Santé annonçait que le Maroc avait acquis 65 millions de doses de vaccins réparties entre le vaccin de Sinopharma et celui d’Oxford-AstraZeneca. Le pays ambitionne de vacciner 25 millions de personnes.
Attention à la «roulette russe»!
Le gouvernement algérien, de son côté, a choisi un laboratoire russe. Dans une interview accordée au journal indépendant Liberté Algérie, le président de la Société algérienne d’immunologie, Kamel Djenouhat, explique lui aussi le choix du vaccin Spoutnik-V par la relative facilité de conservation de ce vaccin. «La conservation entre 2 et 8 degrés ne pose aucun souci en Algérie», a-t-il déclaré. Le scientifique met notamment en avant une efficacité du vaccin supérieure à celle d’AstraZeneca et de Sinopharma. «Elle est de 91,5 % et avoisine celle de Pfizer-BioNtech et de Moderna», rassure-t-il.
Kamel Dejnouhat affirme avoir confiance en l’Institut Gameleya en Russie, qui a développé le vaccin. Selon lui, les effets secondaires sont «acceptables» et restent semblables à ceux observés avec d’autres vaccins. Dans une déclaration début décembre à la chaîne de télévision privée Elchourouk, l’ambassadeur russe à Alger, Igor Beliaev, indiquait que le vaccin coûterait 18 dollars pour les deux doses nécessaires, soit environ deux fois moins cher que celui de Moderna.
«Que l’on ne joue pas la santé des Algériens à la roulette russe», avertit pour sa part ironiquement El-Watan, tout en rappelant que les autorités sanitaires en Algérie font face à un double défi qui risque de nourrir les appréhensions des citoyens par rapport à la vaccination.
D’une part, la «perte de confiance des citoyens envers les institutions minées par un déficit ou absence de légitimité d’une part, la nationalité du vaccin choisi par l’Algérie d’autre part – lequel est présenté par des lobbys et des faiseurs d’opinion intéressés comme un vaccin de seconde catégorie par rapport aux vaccins des laboratoires occidentaux et anglo-saxons de renommée internationale», écrit El-Watan.
Source : Le Temps (Suisse) – Le 08 janvier 2021
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