Droits TV : le football français dans la tourmente après le divorce acté avec Mediapro

En France, les clubs de football professionnels, déjà fragilisés par la crise sanitaire, vont probablement devoir tirer un trait sur plusieurs centaines de millions d’euros de droits TV. La Ligue de football professionnel a dû mettre fin au contrat signé avec le diffuseur Mediapro, dans l’incapacité d’honorer ses échéances de paiement.

La Ligue de football professionnel (LFP) a décidément fait une très mauvaise affaire. L’offre monumentale du diffuseur majeur de la Ligue 1, Mediapro, avait été accueillie en 2018 avec tambours et trompettes, mais la LFP a décidé de mettre fin, vendredi 11 décembre, au contrat avec le groupe sino-espagnol. Privé de la manne des droits TV, le football français entre dans une ère d’incertitudes économiques.

La défaillance de Mediapro est apparue de plus en plus évidente depuis sa décision de ne pas honorer son échéance en octobre, puis en décembre, invoquant la crise sanitaire. La somme non versée s’élève désormais à environ 325 millions d’euros en tout.

Une source ayant accès au dossier a expliqué à l’AFP que la Ligue devait récupérer ses droits de diffusion d’ici au 21 décembre. Contacté par l’AFP, Mediapro n’a pas souhaité faire de commentaire.

 

« Fini »

 

Mais sous couvert d’anonymat, un journaliste de Téléfoot, la chaîne ad hoc créée par Mediapro, raconte que ses salariés ont été « réunis » par visioconférence vendredi matin. Son directeur général, Julien « Bergeaud, nous a dit, très ému et même au bord des larmes que c’était fini », « le coup est monumental ».

Il a été indiqué aux salariés de continuer à travailler les prochains jours, poursuit-il. Ainsi, la rédaction de Téléfoot se préparait vendredi à diffuser normalement la 14e journée de Ligue 1 prévue ce week-end.

Cette décision pose de nombreuses questions. Qui sera le futur diffuseur des championnats de France de Ligue 1 et de Ligue 2 ? Si le partenaire historique du football français, Canal+, devait revenir dans le jeu, à quelles conditions financières ? Quelles conséquences sur l’équilibre économique des clubs professionnels, déjà fragilisés par la crise sanitaire, et qui risquent de devoir tirer un trait sur plusieurs centaines de millions d’euros par an ?

Enfin, quel avenir pour les salariés et notamment la rédaction de Téléfoot composée d’une cinquantaine de journalistes ? Les abonnés vont-ils pouvoir se faire rembourser ?

 

Un contrat à plus de 800 millions d’euros

 

La sortie du diffuseur sino-espagnol doit encore être validée par le tribunal de commerce de Nanterre, qui avait engagé une procédure de conciliation le 19 octobre. Il s’agira alors de connaître précisément les conditions de la sortie de Mediapro, plusieurs sources proches du dossier ayant évoqué ces derniers jours l’hypothèse du versement d’un dédommagement par le groupe en échange de promesses d’échapper à des poursuites judiciaires.

Ce fiasco n’était-il pas prévisible ? Quand le contrat de plus de 800 millions d’euros par an (sur un total record de 1,153 milliard pour la Ligue 1) avait été signé par Mediapro, nouveau venu en France, de nombreux experts avaient émis des doutes quant à sa viabilité.

« Cela confirme qu’il ne s’agissait pas d’une demande de négociation mais bien d’un défaut de paiement et c’est amplement confirmé », analyse Pierre Maes, consultant et auteur du livre « Le Business des droits TV ». « Quand vous ne payez rien sur deux tranches, c’est bien qu’il y a un problème. »

En octobre, le patron catalan de Mediapro, Jaume Roures, avait indiqué que Téléfoot comptait 600 000 abonnés, bien loin de l’objectif des 3,5 millions nécessaires à long terme pour rentabiliser le projet.

 

Canal+ reste discret

 

Récemment, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation, qui chapeaute les Sports, n’avait pas dissimulé les critiques au plus haut sommet de l’État : « On ne peut pas dans la vie des affaires prendre des risques de ce type et puis appeler l’État comme un pompier avec l’argent public. »

Les regards vont désormais se tourner vers Canal+, diffuseur historique du Championnat de France, qui reste discret sur le dossier et a déjà indiqué par l’intermédiaire de son patron Maxime Saada qu’il ne réinvestirait pas « à perte » dans le football.

Cela laisse craindre une décote de plusieurs centaines de millions d’euros par an. Une forte baisse qui risque d’être difficile à encaisser pour de nombreux clubs déjà fragilisés par la crise sanitaire et des stades vides. Sollicité par l’AFP, Canal+ n’a pas donné suite.

Avec AFP

Source : France 24

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