L’Iran accuse Israël de l’assassinat d’un scientifique du nucléaire, promet vengeance

L’Iran a accusé Israël d’avoir joué un « rôle » dans l’assassinat vendredi d’un scientifique iranien de haut rang travaillant dans le secteur nucléaire, et prévenu qu’une « vengeance terrible » attendait les personnes impliquées dans ce que Téhéran a qualifié d' »acte terroriste ».

 

« Des terroristes ont assassiné aujourd’hui un éminent scientifique iranien. Cette lâcheté –avec des indications sérieuses du rôle d’Israël– montre le bellicisme désespéré de ses auteurs », a tweeté Mohammad Javad Zarif, ministre des Affaires étrangères.

Il a également appelé la communauté internationale à « mettre un terme à ses honteuses positions ambivalentes et à condamner cet acte terroriste ».

Le chef d’état-major, le général de division Mohammad Baghéri, a lui prévenu qu’une « vengeance terrible » attendait « les groupes terroristes et les responsables et les auteurs de cette tentative lâche ».

La mort de Mohsen Fakhrizadeh est un « coup amer et lourd », a tweeté M. Baghéri, selon l’agence de presse étatique Irna, assurant que les Iraniens « n’auront pas de repos tant que nous n’aurons pas pourchassé et puni » les personnes impliquées.

Le ministère de la Défense avait plus tôt identifié la victime comme étant Mohsen Fakhrizadeh, chef du département recherche et innovation du ministère.

Il a été « gravement blessé » lorsque sa voiture a été prise pour cible par plusieurs assaillants, qui ont en retour été pris à partie par l’équipe de sécurité du scientifique, a indiqué le ministère dans un communiqué, ajoutant que l’équipe médicale n’était pas parvenue à le ranimer.

 

AFP

Capture d’écran d’une vidéo AFP de la conférence de presse de Benjamin Netanyahu, le 30 avril 2018 s’exprimant sur le programme nucléaire iranien avec une photo du scientifique iranien Fakhrizadeh

 

Selon un journaliste d’une télévision d’Etat, un pick-up Nissan noir transportant des explosifs dissimulés sous du bois a explosé devant la voiture de Fakhrizadeh, avant qu’elle ne soit visée par des tirs nourris provenant d’un véhicule circulant sur une autre voie.

Des images et vidéos de la scène montrent une berline noire sur le bord d’une route, le pare-brise criblé d’impacts de balles. Du sang est visible sur l’asphalte.

Plusieurs médias locaux, dont les agences de presse Tasnim et Fars, ont rapporté l’attaque contre le scientifique dans la ville d’Absard, à l’est de Téhéran.

Le département d’Etat américain avait indiqué en 2008 que Fakhrizadeh menait « des activités et des transactions contribuant au développement du programme nucléaire de l’Iran ».

Le scientifique avait été qualifié par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de père du programme iranien d’armement nucléaire.

Contacté par l’AFP, un porte-parole de M. Netanyahu a refusé de commenter.

– Programme nucléaire –

Cet assassinat intervient moins de deux mois avant l’arrivée à la Maison Blanche du démocrate Joe Biden, président élu aux Etats-Unis.

M. Biden entend changer de posture vis-à-vis de l’Iran après les quatre années de présidence du républicain Donald Trump, qui s’est retiré en 2018 de l’accord portant sur le programme nucléaire iranien signé à Vienne trois ans plus tôt. Les Etats-Unis, dans le cadre de leur politique de « pression maximale », ont ensuite rétabli puis renforcé les sanctions contre l’Iran.

Pour M. Trump, cet accord n’offre pas de garanties suffisantes pour empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire. L’Iran a toujours nié vouloir d’un tel armement.

 

KHAMENEI.IR/AFP

Photo fournie par les autorités iraniennes le 27 novembre 2020 du scientifique iranien Mohsen Fakhrizadeh,le 23 janvier 2019 à Téhéran avec des officiels

 

M. Trump a retweeté vendredi des informations sur l’assassinat du scientifique iranien, mais sans y adjoindre de commentaire personnel.

Fakhrizadeh a été tué au lendemain du transfert par la Thaïlande de trois Iraniens détenus pour une attaque à la bombe manquée visant des diplomates israéliens à Bangkok en 2012.

D’après Téhéran, ce transfert s’est fait en échange de la libération mercredi de la chercheuse australo-britannique Kylie Moore-Gilbert.

Condamnée à dix ans de prison pour espionnage au profit d’Israël –ce qu’elle a toujours nié–, cette spécialiste du Moyen-Orient a retrouvé la liberté après plus de 800 jours de détention.

Plusieurs autres scientifiques spécialisés dans le domaine nucléaire en Iran ont été assassinés ces dernières années, Téhéran en attribuant systématiquement la responsabilité à Israël.

Et le quotidien américain New York Times a rapporté mi-novembre qu’Abdullah Ahmed Abdullah, alias Abou Mohammed al-Masri et numéro deux d’Al-Qaïda, avait été abattu à Téhéran le 7 août par des agents israéliens, lors d’une mission secrète commanditée par Washington.

L’Iran a démenti la présence de membres de ce groupe jihadiste sur son sol, affirmant que l’assassinat évoqué par le quotidien américain était une « information fabriquée ».

Les meurtriers ont tiré sur la voiture de la victime et ont aussi abattu sa fille Miriam, veuve d’un des fils d’Oussama Ben Laden, le chef d’Al-Qaïda dans les années 1990, selon le New York Times.

L’agence de presse officielle iranienne Irna et l’agence de presse Mehr avaient rapporté à l’époque un incident similaire et identifié les victimes comme étant Habib Dawoud, un professeur d’histoire libanais de 58 ans, et sa fille Maryam, 27 ans, sans donner plus de détails.

Téhéran (AFP)

Source : Courrier international

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