À propos de la réaction de l’Islam « du juste milieu » face au blasphème élevé à la dimension du droit et suscitant l’émoi général des musulmans

LE CONTEXTE ACTUEL

Notre pays, la Mauritanie, n’échappe pas aux conséquences du débat protéiforme et aux amalgames liés aux caricatures itératives sur le Prophète de l’Islam, par un journal satirique français. Ce débat devenu inévitable sur ce qui relève de la satire, de la liberté d’expression, de la provocation, de l’insulte, de l’islamophobie ou du blasphème, se fait dans un contexte de dérives violentes jusqu’à l’assassinat des auteurs ou relais de ces caricatures. Il est aussi en lien avec des guerres injustes et un terrorisme étendu au monde entier, se revendiquant de toutes confessions et idéologies confondues.

Le Président de la République française a été perçu récemment, non seulement par la communauté musulmane internationale mais également par le monde anglo-saxon, comme étant à l’origine d’une surenchère dangereuse lors d’une prise de parole officielle, en « assimilant » ces caricatures, blasphématoires aux yeux de l’Islam, comme une simple manifestation du droit, intangible, à la liberté d’expression. Ce qui lui est reproché c’est d’avoir occulté dans son allocution la nécessaire contingence à la liberté, du respect de l’autre et du sens de la responsabilité dans tout acte, quel qu’il soit, en particulier s’il comporte le risque d’offenser son prochain. Son manque de discernement a privé son pays, de la pondération clairvoyante nécessaire à un chef d’État, pour rassembler tout son Peuple dans un moment aussi grave et solennel. En n’évoquant pas, avec la même insistance, les principes d’égalité et de fraternité, indissociables de la liberté, il en oublie que ces valeurs nées dans la douleur de la Révolution française et affirmées dans la France des Lumières doivent être au service de tous.

Ce même contexte est alourdi par une réactivation de la polémique sur ces caricatures à l’occasion du procès des terroristes ayant décimé la rédaction du journal satirique français, ainsi que, de l’assassinat abject d’un professeur d’histoire. Ce dernier a persisté à s’appuyer sur le support de ces caricatures qui, à l’évidence et a posteriori, ont plus suscité l’émoi qu’ils n’ont servi l’esprit critique, pour illustrer un cours sur la liberté d’expression, malgré le recadrage de l’inspection académique d’éducation, suite aux contestations de certains parents d’élèves auprès de la direction du collège.

Évidemment rien ne justifie ni ne peut légitimer le terrorisme mais lorsque l’Homme y est confronté, il se doit, par honnêteté intellectuelle et afin de se donner les moyens de bien le circonscrire, en faire une évaluation rigoureuse et holistique.

Le positionnement du chef de l’État français, controversé et critiquable, inédit à ce niveau de responsabilité, s’est révélé à la suite d’un discours récent se portant en héraut d’un projet de loi sur le séparatisme sans en définir la généralité des principes et des concepts. Invoquant le renforcement de la laïcité, il s’est limité à réduire la portée de son projet de loi à un séparatisme qualifié par lui-même d’islamiste, alors même que plusieurs spécialistes de la loi sur la laïcité, ont estimé que l’arsenal juridique déjà disponible était suffisant. Le niveau de responsabilité du Président de la République française engage à plus de vigilance dans le choix des termes employés qui doivent servir une rhétorique aussi précise que mesurée, à la hauteur de l’importance et de la sensibilité de la thématique mais aussi du statut. Cette précaution de langage dans son discours aurait permis ainsi d’éviter toute tentative et possibilité d’amalgame, entre la communauté musulmane française, plus nombreuse que la population de bien de pays musulmans dont la Mauritanie, et, les terroristes.

Les attentats, dans le paysage médiatico-politique français, sont taxés « instantanément » et systématiquement d’islamistes avant même d’avoir pris la peine et la précaution de vérifier l’authenticité d’éventuelles revendications et les réelles motivations des actes terroristes. En effet, il ne faut pas occulter la possibilité, sachant que le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les sujets entre 15 et 24 ans, d’un raptus, ultime manifestation d’une détresse humaine, qui pourrait être lié à des difficultés personnelles ou socio-professionnelles, sur un terrain de fragilité mentale, nourrie par l’ignorance, la misère ou l’exclusion.

Un assassinat quel qu’en soit sa motivation ou sa cause n’en demeure pas moins condamnable mais soigner les maux d’une société et lutter contre le terrorisme ne relève pas de la même nature.

Nous avons pu constater pendant cette récente période dramatique et confuse en France, mais avec une couverture médiatique moins tapageuse, que deux femmes voilées ont été agressées au couteau à Paris, un activiste d’extrême droite a été confondu par la police avec un « djihadiste » à Avignon, un homme par dépit amoureux a blessé par balles un prêtre orthodoxe à Lyon, et, deux personnes ont été tuées par arme blanche à Cholet par un individu qui a revendiqué un motif religieux non islamique. Dans la même verve, des actes terroristes commis par des individus se réclamant de l’Islam et pouvant s’autoproclamer, ad hoc, sur les réseaux sociaux quelques instants avant leur forfait, de quelque organisation terroriste islamiste, jusqu’alors inconnus comme tels par leur entourage, ni par la police, devraient a priori être classés dans la rubrique des faits divers et être traités ainsi jusqu’à la preuve du contraire. Le label « d’islamiste » estampillé à tout acte criminel commis par un musulman se fait avant même d’attendre des éléments probants de l’enquête judiciaire. Cette rigueur dans la procédure judiciaire n’implique pas nécessairement qu’en terme de sécurité tout ne soit pas mis en œuvre pour prévenir un « sur-attentat » mais elle est une nécessité de l’État de Droit et permettrait de ne pas blesser, gratuitement et de façon récurrente, la première communauté religieuse aujourd’hui dans le monde, pacifiste par essence, ainsi que dans sa quasi totalité.

Afin d’illustrer la relativité toute factuelle et à géométrie variable du brandissement du principe « sacro-saint » de la liberté d’expression face à la contestation d’un « droit au blasphème », nous souhaitons évoquer deux affaires aujourd’hui rappelées au souvenir de l’opinion publique par l’actualité.

La première concerne les circonstances de la dissolution par décision de justice de l’ancêtre de l’hebdomadaire satirique, qui s’était « suicidé », c’est vrai il y a une cinquantaine d’années, à travers un crime de « lèse-Présidence », à la mort d’un ancien président de la France, quelque peu sacralisé par l’Histoire et occupant une place privilégiée dans le cœur des citoyens français, victime post-mortem d’une caricature satirique. Depuis, après avoir changé immédiatement de dénomination, et se parant du camouflage de l’équidistance dans ses attaques contre toutes les religions et contre toutes les opinions, ce journal mène depuis plusieurs années une escalade islamophobe obsessionnelle dont la partialité a été démasquée par l’affaire qui l’a opposé à un de ses caricaturistes vedettes, il y a juste une dizaine d’années. Pourtant la caricature en cause dans cette deuxième affaire ne constituait en soi, ni un crime de « lèse-Présidence » puisqu’elle mettait en cause le fils du président en exercice de l’époque objet de la satire, ni une atteinte à la sacralité religieuse.

Comment alors espérer que les citoyens, discriminés dans « la ghettoïsation de la République », ne s’interrogent sur ces attitudes trop systématiques du « deux poids deux mesures » ?

Ainsi de manière caricaturale, la personnalité de ce jeune technocrate, sans grande expérience politique, devenu Président en exercice de la France dans des circonstances très particulières, se rapprocherait plus d’un Charles MARTEL fantasmé  ou d’un Nicolas SARKOZY voulant « karchériser la racaille » des banlieues, que, d’un VOLTAIRE des lumières, d’un Napoléon BONAPARTE ambitieux bâtisseur de grandes institutions, d’un Alphonse de LAMARTINE, d’un Victor HUGO, d’un Émile ZOLA, d’un François MITTERRAND ou d’un Jacques CHIRAC pour ne citer que ceux-ci.

La dimension d’un Homme est une question de substance.  Elle n’est relative ni à la fonction ni à l’époque à travers lesquelles il aspirerait y laisser son empreinte.

En tant que musulmans inspirés par une conception coranique « du juste milieu », nous devons nous positionner au-delà des images avilissantes à l’égard de notre vénérable Prophète dont la vie exemplaire et hors du commun, reconnue avec objectivité scientifique par les plus grands historiens, transcende tous les blasphèmes. Derrière les objectifs affichés de leurs auteurs, se cachent en réalité des intentions non avouables et dépassant le cadre de la satire journalistique. Leurs tentatives doivent rester vaines et ne devraient susciter aucune réaction disproportionnée pour ceux qui se conforment aux prescriptions coraniques. Cette islamophobie apparemment partagée officiellement par une certaine classe politico-médiatique française décomplexée, prend ainsi une envergure internationale, au-delà de la division de la Nation française elle-même. Elle est aussi à l’origine de dissonances au sein de la communauté musulmane sur l’attitude à tenir, qui devrait amener tout citoyen mauritanien, en particulier l’élite religieuse et celle issue de l’instruction académique plus générale, à s’impliquer davantage dans le débat public pour ne pas laisser le champs libre aux populistes qui tentent de susciter divisions et confrontations. Ceci ne peut se faire sans référence au Coran pour méditer sur la réaction la plus appropriée.

LE TEXTE CORANIQUE RELATIF AU COMPORTEMENT À ADOPTER EN SITUATION D’OFFENSE À NOTRE SAINTE RELIGION L’ISLAM

L’Islam reconnaît un droit à la mesure et à la proportion en réciprocité dans la réaction à une agression, enjoint à ne pas réagir de manière disproportionnée pour ne pas être soi-même agresseur à son tour, et, magnifie la préférence de l’élévation spirituelle consistant à pardonner dans la quête de la récompense divine. En effet, Dieu est le meilleur et ultime juge en définitive pour établir la responsabilité des actes commis par chacun, que ce soit de son propre chef, sous l’influence de quelqu’un ou entrainé par un mouvement de masse. Il recommande la conciliation, l’humilité et la bienveillance également envers les non-croyants et nous prescrit de nous éloigner de toute polémique stérile en se référant à la signification du sens des Signes du Saint Coran à ce sujet :

  • Coran : Sourate 2 ; Signe 194.

الشَّهْرُ الْحَرَامُ بِالشَّهْرِ الْحَرَامِ وَالْحُرُمَاتُ قِصَاصٌ ۚ فَمَنِ اعْتَدَىٰ عَلَيْكُمْ فَاعْتَدُوا عَلَيْهِ بِمِثْلِ مَا اعْتَدَىٰ عَلَيْكُمْ ۚ وَاتَّقُوا اللَّهَ وَاعْلَمُوا أَنَّ اللَّهَ مَعَ الْمُتَّقِينَ

Mois sacré pour mois sacré et dans toutes choses sacrées la réciprocité. Donc, quiconque transgresse contre vous, transgressez contre lui, à transgression équivalente. Et craignez Allah. Et sachez qu’Allah est avec ceux qui le craignent.

  • Coran : Sourate 42 ; Signe 40.

وَجَزَاءُ سَيِّئَةٍ سَيِّئَةٌ مِثْلُهَا ۖ فَمَنْ عَفَا وَأَصْلَحَ فَأَجْرُهُ عَلَى اللَّهِ ۚ إِنَّهُ لَا يُحِبُّ الظَّالِمِينَ

Une offense reçue appelle en effet une riposte de nature équivalente. Mais quiconque privilégie le pardon et la conciliation trouvera sa récompense auprès d’Allah. Certes, Il n’aime point les injustes.

  • Coran : Sourate 16 ; Signes 125 et 126.

ادْعُ إِلَىٰ سَبِيلِ رَبِّكَ بِالْحِكْمَةِ وَالْمَوْعِظَةِ الْحَسَنَةِ ۖ وَجَادِلْهُمْ بِالَّتِي هِيَ أَحْسَنُ ۚ إِنَّ رَبَّكَ هُوَ أَعْلَمُ بِمَنْ ضَلَّ عَنْ سَبِيلِهِ ۖ وَهُوَ أَعْلَمُ بِالْمُهْتَدِينَ

 

وَإِنْ عَاقَبْتُمْ فَعَاقِبُوا بِمِثْلِ مَا عُوقِبْتُمْ بِهِ ۖ وَلَئِنْ صَبَرْتُمْ لَهُوَ خَيْرٌ لِلصَّابِرِينَ

Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c’est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s’égare de Son sentier et c’est Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés.

Et si vous punissez, infligez [à l’agresseur] une punition équivalente au tort qu’il vous a fait. Et si vous endurez avec patience, cela est certes meilleur pour les patients endurants.

  • Coran : Sourate 3 ; Signes 132 à 134.

وَأَطِيعُوا اللَّهَ وَالرَّسُولَ لَعَلَّكُم تُرْحَمُونَ ْ

 

وَسَارِعُوا إِلَىٰ مَغْفِرَةٍ مِنْ رَبِّكُمْ وَجَنَّةٍ عَرْضُهَا السَّمَاوَات وَالْأَرْضُ أُعِدَّتْ لِلْمُتَّقِينَ ُ

 

الَّذِينَ يُنْفِقُونَ فِي السَّرَّاءِ وَالضَّرَّاءِ وَالْكَاظِمِينَ الْغَيْظَ وَالْعَافِينَ عَنِ النَّاسِ ۗ وَاللَّهُ يُحِبُّ الْمُحْسِنِينَ

Et obéissez à Allah et au Messager afin qu’il vous soit fait miséricorde.

Et concourez au pardon de votre Seigneur, et à un Paradis vaste comme les cieux et la terre, aménagé pour les gens pieux,

ceux qui dépensent dans l’aisance et dans l’adversité, qui dominent leur rage et pardonnent à autrui et Allah aime les bienfaisants.

  • Coran : Sourate 45 ; Signes 14 et 15.

قُلْ لِلَّذِينَ آمَنُوا يَغْفِرُوا لِلَّذِينَ لَا يَرْجُونَ أَيَّامَ اللَّهِ لِيَجْزِيَ قَوْمًا بِمَا كَانُوا يَكْسِبُونَ

مَنْ عَمِلَ صَالِحًا فَلِنَفْسِهِ ۖ وَمَنْ أَسَاءَ فَعَلَيْهَا ۖ ثُمَّ إِلَىٰ رَبِّكُمْ تُرْجَعُونَ

Dis à ceux qui ont cru de pardonner à ceux qui n’espèrent pas les jours d’Allah afin qu’Il rétribue [chaque] peuple pour les acquis qu’ils faisaient.

Quiconque fait le bien, le fait pour lui-même ; et quiconque agit mal, agit contre lui-même. Puis vous serez ramenés vers votre Seigneur.

  • Coran : Sourate 6 ; Signe 164.

قُلْ أَغَيْرَ اللَّهِ أَبْغِي رَبًّا وَهُوَ رَبُّ كُلِّ شَيْءٍ ۚ وَلَا تَكْسِبُ كُلُّ نَفْسٍ إِلَّا عَلَيْهَا ۚ وَلَا تَزِرُ وَازِرَةٌ وِزْرَ أُخْرَىٰ ۚ ثُمَّ إِلَىٰ رَبِّكُمْ مَرْجِعُكُمْ فَيُنَبِّئُكُمْ بِمَا كُنْتُمْ فِيهِ تَخْتَلِفُونَ

Dis : « Chercherais-je un autre Seigneur qu’Allah, alors qu’Il est le Seigneur de toute chose ? » Toute âme n’acquiert ce qu’elle acquiert qu’à son propre détriment et personne ne portera la charge (responsabilité) d’autrui. Puis c’est vers votre Seigneur que se fera votre retour et Il vous informera de ce en quoi vous étiez en désaccord.

  • Coran : Sourate 39 ; Signe 46.

قُلِ اللَّهُمَّ فَاطِرَ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ عَالِمَ الْغَيْبِ وَالشَّهَادَةِ أَنْتَ تَحْكُمُ بَيْنَ عِبَادِكَ فِي مَا كَانُوا فِيهِ يَخْتَلِفُونَ

Dis : « Ô Allah, Créateur des cieux et de la terre, Connaisseur de tout ce que le monde ignore comme de ce qu’il perçoit, c’est Toi qui jugeras entre Tes serviteurs ce sur quoi ils divergeaient ».

  • Coran : Sourate 42 ; Signes 13 à 15.

 

شَرَعَ لَكُمْ مِنَ الدِّينِ مَا وَصَّىٰ بِهِ نُوحًا وَالَّذِي أَوْحَيْنَا إِلَيْكَ وَمَا وَصَّيْنَا بِهِ إِبْرَاهِيمَ وَمُوسَىٰ وَعِيسَىٰ ۖ أَنْ أَقِيمُوا الدِّينَ وَلَا تَتَفَرَّقُوا فِيهِ ۚ كَبُرَ عَلَى الْمُشْرِكِينَ مَا تَدْعُوهُمْ إِلَيْهِ ۚ اللَّهُ يَجْتَبِي إِلَيْهِ مَنْ يَشَاءُ وَيَهْدِي إِلَيْهِ مَنْ يُنِيبُ

 

وَمَا تَفَرَّقُوا إِلَّا مِنْ بَعْدِ مَا جَاءَهُمُ الْعِلْمُ بَغْيًا بَيْنَهُمْ ۚ وَلَوْلَا كَلِمَةٌ سَبَقَتْ مِنْ رَبِّكَ إِلَىٰ أَجَلٍ مُسَمًّى لَقُضِيَ بَيْنَهُمْ ۚ وَإِنَّ الَّذِينَ أُورِثُوا الْكِتَابَ مِنْ بَعْدِهِمْ لَفِي شَكٍّ مِنْهُ مُرِيبٍ

 

فَلِذَٰلِكَ فَادْعُ ۖ وَاسْتَقِمْ كَمَا أُمِرْتَ ۖ وَلَا تَتَّبِعْ أَهْوَاءَهُمْ ۖ وَقُلْ آمَنْتُ بِمَا أَنْزَلَ اللَّهُ مِنْ كِتَابٍ ۖ وَأُمِرْتُ لِأَعْدِلَ بَيْنَكُمُ ۖ اللَّهُ رَبُّنَا وَرَبُّكُمْ ۖ لَنَا أَعْمَالُنَا وَلَكُمْ أَعْمَالُكُمْ ۖ لَا حُجَّةَ بَيْنَنَا وَبَيْنَكُمُ ۖ اللَّهُ يَجْمَعُ بَيْنَنَا ۖ وَإِلَيْهِ الْمَصِيرُ

 

Il vous a légiféré en matière de religion, ce qu’Il avait enjoint à Noé, ce que Nous t’avons révélé, ainsi que ce que Nous avons enjoint à Abraham, à Moïse et à Jésus : « établissez la religion ; et n’en faites pas un sujet de division ». Ce à quoi tu appelles les associateurs leur parait énorme. Allah élit et rapproche de Lui qui Il veut et guide vers Lui celui qui se repent.

Ils ne se sont divisés qu’après avoir reçu la connaissance et ceci par rivalité entre eux. Et si ce n’était une parole préalable de ton Seigneur pour un terme fixé, on aurait certainement tranché entre eux. Ceux à qui le Livre a été donné en héritage après eux sont vraiment à son sujet, dans un doute troublant.

Appelle donc (les gens) à cela ; reste droit comme il t’a été commandé ; ne suis pas leurs passions ; et dis : « Je crois en tout ce qu’Allah a fait descendre comme Livre, et il m’a été commandé d’être équitable entre vous. Allah est notre Seigneur et votre Seigneur. A nous nos œuvres et à vous vos œuvres. Aucun argument [ne peut trancher] entre nous et vous. Allah nous regroupera tous. Et vers Lui est la destination ».

  • Coran : Sourate 28 ; Signes 54 à 56.

أُولَٰئِكَ يُؤْتَوْنَ أَجْرَهُمْ مَرَّتَيْنِ بِمَا صَبَرُوا وَيَدْرَءُونَ بِالْحَسَنَةِ السَّيِّئَةَ وَمِمَّا رَزَقْنَاهُمْ يُنْفِقُونَ

وَإِذَا سَمِعُوا اللَّغْوَ أَعْرَضُوا عَنْهُ وَقَالُوا لَنَا أَعْمَالُنَا وَلَكُمْ أَعْمَالُكُمْ سَلَامٌ عَلَيْكُمْ لَا

نَبْتَغِي الْجَاهِلِينَ

إِنَّكَ لَا تَهْدِي مَنْ أَحْبَبْتَ وَلَٰكِنَّ اللَّهَ يَهْدِي مَنْ يَشَاءُ ۚ وَهُوَ أَعْلَمُ بِالْمُهْتَدِينَ

Voilà ceux qui recevront deux fois leur récompense pour leur endurance, pour avoir répondu au mal par le bien, et pour avoir dépensé de ce que Nous leur avons attribué ;

et quand ils entendent des futilités, ils s’en détournent et disent : « A nous nos actions, et à vous les vôtres. Paix sur vous. Nous ne recherchons pas les ignorants ».

Tu (Mohamed) ne diriges pas celui que tu aimes : mais c’est Allah qui guide qui Il veut. Il connaît mieux cependant les bien-guidés.

  • Coran : Sourate 6 ; Signes 68 et 69.

وَإِذَا رَأَيْتَ الَّذِينَ يَخُوضُونَ فِي آيَاتِنَا فَأَعْرِضْ عَنْهُمْ حَتَّىٰ يَخُوضُوا فِي حَدِيثٍ غَيْرِهِ ۚ وَإِمَّا يُنْسِيَنَّكَ الشَّيْطَانُ فَلَا تَقْعُدْ بَعْدَ الذِّكْرَىٰ مَعَ الْقَوْمِ الظَّالِمِينَ

 

وَمَا عَلَى الَّذِينَ يَتَّقُونَ مِنْ حِسَابِهِمْ مِنْ شَيْءٍ وَلَٰكِنْ ذِكْرَىٰ لَعَلَّهُمْ يَتَّقُونَ

Quand tu vois ceux qui ergotent dans des discussions à propos de Nos versets, éloigne-toi d’eux jusqu’à ce qu’ils entament une autre discussion. Et si le Diable te fait oublier, alors, dès que tu te rappelles, ne reste pas avec les injustes.

Il n’incombe nullement à ceux qui sont pieux de rendre compte pour ces gens-là. Mais c’est à titre de rappel. Peut-être craindront-ils [Dieu].

  • Coran : Sourate 7 ; Signe 199.

خُذِ الْعَفْوَ وَأْمُرْ بِالْعُرْفِ وَأَعْرِضْ عَنِ الْجَاهِلِينَ

Accepte ce qu’on t’offre de raisonnable, commande ce qui est convenable et éloigne-toi des ignorants.

  • Coran : Sourate 25 ; Signe 63.

وَعِبَادُ الرَّحْمَٰنِ الَّذِينَ يَمْشُونَ عَلَى الْأَرْضِ هَوْنًا وَإِذَا خَاطَبَهُمُ الْجَاهِلُونَ قَالُوا سَلَامًا

Les serviteurs du Tout Miséricordieux sont ceux qui marchent humblement sur terre, qui, lorsque les ignorants s’adressent à eux, disent : « Paix »,

 

POUR CONCLURE

 

Nous jugeons les caricatures du Prophète de l’Islam comme blasphématoires et nous proposons en réaction à l’islamophobie grandissante et décomplexée de nous référer naturellement et directement à notre saint Coran qui se décrit par essence comme un message clair et devant interpeller nos consciences en plus de nous appeler à méditer, notamment en faisant référence à la signification du sens des Signes :

1 et 2 de la Sourate 2 ;

الم

 

ذَٰلِكَ الْكِتَابُ لَا رَيْبَ فِيهِ هُدًى لِّلْمُتَّقِينَ

 Alif, Lâm, Mim.

Voici le Livre qui sans aucun doute est un guide pour les gens pieux.

1 de la Sourate 12 ;

الر ۚ تِلْكَ آيَاتُ الْكِتَابِ الْمُبِينِ

 

Alif-lam-ra, tels sont là des signes du Livre explicite.

 

17 de la Sourate 54 ;

وَلَقَدْ يَسَّرْنَا الْقُرْآنَ لِلذِّكْرِ فَهَلْ مِن مُّدَّكِرٍ

En effet, Nous avons rendu le Coran facile pour le rappel. N’y a t-il donc personne pour en bénéficier ?

 

29 de la Sourate 28 ;

كِتَابٌ أَنزَلْنَاهُ إِلَيْكَ مُبَارَكٌ لِّيَدَّبَّرُوا آيَاتِهِ وَلِيَتَذَكَّرَ أُولُو الْأَلْبَابِ

[Voici] un Livre béni que Nous avons fait descendre vers toi, afin qu’ils méditent sur ses versets et que les doués d’intelligence réfléchissent !

Nous retenons ainsi de manière explicite à travers le Coran qu’il nous est préférable d’adopter une attitude du « juste milieu » en faisant un effort sur soi-même (الأكبر الجهاد) vers une meilleure maîtrise de son ego (النفس) dans la recherche de l’élévation spirituelle par le pardon sans rien attendre en retour d’autre que la satisfaction divine et en dehors de toute surenchère ou polémique futile afin de nous éloigner de toute discorde (الفتنة) dans notre communauté et au sein de toute l’humanité (الأمة).

Pour illustrer concrètement une réaction qui nous semblerait appropriée à propos des caricatures du sceau des Prophètes et sans nous même utiliser la représentation de notre Prophète, il faudrait s’inspirer du dessin qu’a commandé à un spécialiste en illustration journalistique la Reine Rania AL-YASSIN de Jordanie. Elle fait réponse à une autre caricature de ce même journal satirique ignoble représentant un enfant syrien mort noyé sur une plage turque en septembre 2016, rappelant un fait divers de l’époque qui aurait impliqué des réfugiés syriens dans des agressions sexuelles en Allemagne. Cette caricature suggérait que ce petit garçon, paix à son âme, serait devenu lui-même un futur agresseur courant derrière les jupes des allemandes, s’il avait grandi.

La réponse inspirée de la Reine Rania AL-YASSIN de Jordanie que nous nous permettons, ici, de reproduire, semble, elle, être prémonitoire si on se réfère à l’actualité de la pandémie de COVID-19. Cette actualité met en avant les chercheurs, comme ce marocain né en Belgique et ayant migré aux Etats-Unis, Monsieur Moncef SLAOUI, ancien dirigeant pharmaceutique ayant capitalisé l’expérience de la supervision du développement de 14 vaccins, nommé conseiller scientifique en chef de l’Opération « Warp Speed », partenariat public-privé initié par l’administration américaine, pour faciliter et accélérer le développement, la fabrication et la distribution de vaccins contre la Covid-19. Ou encore, l’histoire particulière de cette équipe allemande dirigée par un couple, formé de Monsieur Ugur SAHIN né en Turquie et ayant immigré en Allemagne et de son épouse Madame Oclem TURECI née en Allemagne de parents migrants turques, qui a mis au point le premier candidat vaccin qui vraisemblablement est en passe d’être commercialisé.

Il n’est pas vain ainsi de rappeler que ces pays d’accueil de migrants profitent de la fuite des cerveaux engendrée par la guerre et la précarité, dont ils sont, d’un point de vue des considérations stratégiques et géopolitiques, en partie responsables.

L’Humanité est une chaîne dont chaque maillon est important et interdépendant. N’ayons pas l’outrecuidance de l’oublier…

 

 

 

 

Professeur Outouma Soumaré
Neurochirurgien des hopitaux

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 21 novembre 2020)

 

 

 

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