Les Etats-Unis bloquent l’élection à l’OMC

L’administration Trump, qui est déjà en froid avec l’Organisation mondiale du commerce, a opposé son veto à l’élection de la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala pour le poste de directrice générale. Cette dernière a pourtant obtenu le plus large soutien auprès des 164 membres.

Présidé par l’ambassadeur néo-zélandais David Walker, le comité chargé de choisir le successeur du Brésilien Roberto Azevêdo, démissionnaire un an avant la fin de son mandat, a informé mercredi le Conseil général de l’OMC – l’organe de décision – du choix en faveur de la Nigériane. «Vingt-sept délégations représentant un grand nombre de pays ont pris la parole et tous ont exprimé un soutien très fort au processus et au résultat, tous sauf un, les Etats-Unis», a annoncé Keith Rockwell, le porte-parole de l’organisation. Washington bloque déjà depuis plusieurs mois les nominations des juges du tribunal d’appel du système de règlement des différends, provoquant l’une des plus graves crises institutionnelles de l’OMC.

 

Pas une surprise

 

Le scénario de blocage n’est toutefois pas une surprise. «Nous ne devons pas l’exclure, avait déclaré à Bloomberg l’Américain Rufus Yerxa, ancien haut cadre de l’OMC, qui dirige à présent le National Foreign Trade Council, une organisation patronale basée à Washington. Si tel est le cas, nous trouverons une solution après les élections américaines du 3 novembre.» Un tel blocage n’est pas une première. En 1999, les deux finalistes – le Néo-Zélandais Mike Moore et le Thaïlandais Supachai Panitchpakdi – n’avaient pas pu être départagés pour succéder à l’Italien Renato Ruggiero. Au bout du compte, ils avaient scindé le mandat de quatre ans en deux périodes de deux ans.

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Les jeux n’étaient effectivement pas encore faits à la fin de la semaine dernière. Les Etats-Unis, alliés historiques de la Corée du Sud, avaient fait savoir leur préférence pour Yoo Myung-hee. L’Union européenne, l’autre force qui compte dans le choix, était divisée, de nombreux pays penchant en faveur de la candidate nigériane. Mais officiellement, Bruxelles s’est prononcée lundi en sa faveur au nom des relations historiques avec le continent africain. Adoubée par l’Union africaine (55 pays), Ngozi Okonjo-Iweala a aussi compté sur le soutien des autres pays en développement.

Considérée parmi les favoris dès le départ, la Nigériane a mené sa campagne tambour battant, mobilisant d’abord le continent africain derrière sa candidature et, ensuite, son réseau international construit durant sa longue carrière à la Banque mondiale. A présent, elle préside le conseil d’administration de l’Alliance du vaccin (Gavi). Elle fait également partie du groupe de travail de l’Organisation mondiale de la santé ainsi que de celui de l’Union africaine en matière de lutte contre le Covid-19.

 

«L’OMC reste les bras croisés»

 

Lors d’un récent entretien avec Le Temps, elle se disait navrée que l’OMC se trouve paralysée alors que le monde avait un besoin urgent d’une telle institution en cette période marquée par la pandémie de Covid-19. Selon elle, cette institution a un rôle important à jouer pour faciliter un accès mondial aux vaccins contre le coronavirus. «La santé des populations est aussi l’affaire de l’OMC, affirmait-elle. Tout en respectant scrupuleusement les règles de la propriété intellectuelle, elle peut donner des licences pour produire des médicaments en cas de pandémie.» Et d’ajouter: «Nous traversons une pandémie et l’OMC reste les bras croisés faute de directeur.»

Les membres de l’OMC se réuniront le 9 novembre à Genève pour prendre une décision sur la suite.

Ram Etwareea

Source : Le Temps (Suisse)

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