Mauritanie : Samba Thiam plaide pour l’officialisation des langues nationales

Après avoir critiqué les mesurettes sur l’introduction des langues nationales dans l’Ecole Nationale d’Administration du journalisme et de la Magistrature, à l’assemblée nationale, le président des FPC revient sur la scène nationale cette semaine pour une contribution en faveur de leur officialisation.

La question des langues nationales (Pulaar, Sooninke, Ouolof et Bambara) est vieux débat qui a toujours soulevé des passions au sein des leaders politiques mauritaniens toutes tendances confondues. Depuis l’indépendance les différents locataires du palais de Nouakchott n’ont pas pris la mesure de l’importance de leur officialisation en les reléguant au stade de simples dialectes pour mettre en place une politique d’arabisation à outrance qui continue de mettre en mal la cohabitation entre les différentes composantes nationales.

60 ans après les indépendances c’est un impératif d’officialiser les langues pour le président des FPC l’une des figures emblématiques de l’opposition mauritanienne rentré après 27 ans d’exil aux Etats-Unis et aujourd’hui qui dirige l’un des partis négro-africains toujours pas reconnu officiellement. Samba Thiam est aussi un leader historique qui pense que la culture est un instrument de conquête et de confiscation du pouvoir. Il est en même temps un enseignant qui appartient à une génération qui croit à des principes d’égalité et de justice. Il revient cette semaine sur la scène nationale pour apporter sa modeste contribution sur l’officialisation des langues nationales qui répond à la raison, à une nécessité et à des impératifs d’ordre éthique et de droit, didactique et psycho-pédagogique, du développement et de la citoyenneté et pragmatique. Incontestablement reconnaît le leader politique l’officialisation des langues nationales renvoie à un double souci de justice et d’équité sociale dans un pays qui compte au maximum 5 composantes nationales. Ce qui permet de corriger depuis longtemps l’inégalité structurelle persistante du système éducatif mauritanien.

Samba Thiam est convaincu que l’enfant progresse plus vite dans l’apprentissage en maîtrisant d’abord sa langue maternelle. Tous les psychopédagogues les sociologues les psychologues et chercheurs en science de l’éducation sont d’accord que la langue maternelle est un facteur puissant d’affirmation de l’identité et de la construction de la personnalité augmentant ainsi les chances de réussite de l’enfant comme en témoigne l’expérience réussie menée par l’institut des langues nationales entre 8o et 99  enregistrant  un taux de réussite de plus de 82 pour cent en milieu rural et plus de 93 pour cent en milieu semi-urbain et plus de 81 pour cent en milieu urbain et 71 pour cent pour les enfants de langue maternelle arabe qui apprennent une deuxième langue négro-africaine. Le mépris des langues nationales affiché après cette expérimentation par les différents locataires du palais de Nouakchott ne concoure pas à la consolidation de l’unité nationale et de la cohésion sociale. L’enseignement des langues nationales ne s’oppose pas à l’arabe ou au français.

 

Une remarque pertinente de l’inspecteur de l’enseignement qui entend dissiper tous les malentendus que le pluralisme ou la diversité mène au séparatisme des composantes nationales ou que les élites négro-africaines s’opposent à la langue arabe sauf si elle est utilisée en tant qu’instrument de domination des autres cultures. Toute réforme du fondamental à venir qui ne tiendrait pas compte de l’officialisation des langues nationales est vouée à l’échec conclut Samba Thiam qui persiste et signe un système éducatif fonctionnel efficient et juste qui servirait l’égalité des chances de tous les mauritaniens.

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 28 octobre 2020)

 

 

 

 

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