Moustapha Chafi, enfin à Nouakchott : les réseaux sociaux se déchaînent

Suite au retour dimanche dernier en Mauritanie, après  10 ans d’exil forcé, de Moustapha Limam Chafi, de nombreuses rumeurs circulent sur les réseaux sociaux au sujet de l’homme. Certains évoquent même le  » retour du grand terroriste du Sahel »

 

Le reporter mauritanien basé à Paris, Lemine Ould Mohamed Salem, spécialiste réputé des mouvements jihadistes dans la région et auteur de plusieurs livres sur le sujet, explique que  » Moustapha Chafi avait depuis les années 1990 une fonction officielle de conseiller de l’ancien président du Burkina-Faso, Blaise Compaoré. Cette position était connue de tous, au Burkina et ailleurs. Ce n’était donc pas un secret ».

 

Selon l’expert « comme tout collaborateur d’un président, il était chargé d’effectuer des missions pour son patron. Ce qui est le quotidien d’un collaborateur d’un chef d’Etat ».

 

Ould Mohamed Salem rappelle que « Moustapha Limam Chafi n’est pas le seul à homme à avoir assuré une mission pour obtenir la libération d’otages détenus par des Djihadistes ou d’autres groupes armées. D’autres avant lui avaient déjà effectué des missions pareilles  ».

 

Le spécialiste se souvient que Chafi à été cité pour la première fois dans une histoire de libération d’otages détenus par des jihadistes en 2009.

 

«  C’était en avril. Deux diplomates canadiens avaient été enlevés cinq mois plus tôt au Niger et étaient détenus par le chef islamiste Moktar Belmokhtar. Il s’agissait de Robert Fowler, ex-envoyé spécial de l’ONU pour le Niger et ancien vice-ministre de la défense du Canada ainsi que son assistant. Cette libération avait été médiatisée dans le monde entier. Et les lecteurs assidus des grands journaux internationaux se souviennent encore des détails de cette libération et de comment le Mauritanien s’était retrouvé au centre de cette affaire. C’était à la demande du gouvernement canadien que le Burkina était intervenu dans cette affaire. Le président Compaoré avait chargé Chafi de cette affaire. Or ce dernier a des amis et connaissances un peu partout dans le Nord du Mali et au Niger où sa famille était longtemps installée. Fowler lui-même raconte cette terrible expérience et les détails de sa libération dans un livre au titre très évocateur: « Ma saison en enfer », publié après son retour au Canada. Après cette affaire, on a vu Chafi se rendre dans le Nord du Mali deux fois seulement. Et ces deux missions avaient à l’époque étaient aussi très médiatisée dans  la presse internationale. On l’a vu en 2010 intervenir pour libérer les trois humanitaires espagnols Alicia Gamez, Roque Pascual et Albert Vilalta enlevés le 29 novembre 2009. Puis en 2012 près de Tombouctou pour ramener à bord d’un hélicoptère de l’armée du Burkina l’otage suisse Béatrice Stocley alors détenu par les islamistes d’Ansardine qui venaient d’occuper la ville sainte malienne. Cette libération avait été filmée et les images diffusées par presque par tous les médias internationaux, notamment français comme France2, TV5 Monde, etc., et suisse comme la TSR. On y voit Chafi, accompagné du général Gilbert Dienderé, à l’époque patron de services de sécurités du président Compaoré et à titre son homme de confiance, en discussion avec les islamistes avant de repartir avec l’otage dans l’hélicoptère ».

 

Pour le spécialiste mauritanien, « il est évident que toutes ces missions avaient été menées avec les pays concernés: le Mali en tête, pays où les otages étaient détenus et les pays occidentaux qui d’ailleurs sont souvent eux- mêmes à l’origine de ces missions. Autrement, ni le Burkina ni Compaoré ni Chafi n’auraient pu agir. En fait, toutes ces histoires de libération d’otages sont connues de longues dates dans le moindre détails par tous ceux qui s’y intéressent : gouvernements, diplomates, services de renseignements, journalistes et opinions publiques. Ce qui n’est pas connu, en revanche, c’est comment le Mauritanien Moustapha Chafi,  est devenu si influent en Afrique et ailleurs ?  Pour un homme comme lui, il est peut être temps qu’il réponde à cette question ».

 

Djigo Souleymane
KASSATAYA
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