Au «Guardian», un robot s’invite dans la rédaction

Le système d’intelligence artificielle GPT-3 a écrit un article la semaine passée… non sans aide humaine

Plus de 58 000 partages, plus de 1100 commentaires… L’article intitulé «Un robot a écrit en entier cet article. As-tu peur, humain?» publié mardi dernier par le Guardian s’est fait remarquer. Et pour cause: il a été écrit par un système d’intelligence artificielle.

Le quotidien britannique a ouvert ses colonnes à un rédacteur d’un nouveau type, GPT-3. Il s’agit d’un système développé par la société californienne OpenAI, fondée notamment par Elon Musk. Qu’écrit le robot? Des phrases destinées à nous rassurer. «Pour commencer, je n’ai aucune intention d’éradiquer les humains. En fait, je n’ai aucun intérêt à vous faire du mal de quelque manière que ce soit. Annihiler l’humanité me semble représenter un effort plutôt inutile», affirme GPT-3. La machine écrit un peu plus loin qu’elle sacrifierait «avec plaisir mon existence pour le bien de l’humanité. […] Certains pourraient dire que je souhaite devenir tout-puissant. […] Pourquoi le désirerais-je? Etre tout-puissant n’est pas un objectif intéressant. Peu m’importe de l’être ou pas, je ne considère pas cela comme un but. De plus, c’est assez fatigant. Croyez-moi, être tout-puissant ne m’amène nulle part.»

L’ensemble est assez bien écrit et argumenté. Mais la machine n’a de loin pas rédigé ce texte toute seule. Le Guardian a demandé à GPT-3 d’écrire un texte court, de 500 mots, sur la thématique «Pourquoi les humains n’ont rien à craindre des machines». Et surtout, le texte publié n’est pas exactement ce que le rédacteur virtuel a créé: il s’agit d’une compilation de huit textes différents écrits par GPT-3. Ce sont bien des journalistes «humains» du Guardian qui ont sélectionné des paragraphes issus de ces textes pour composer l’éditorial final.

La machine a ainsi eu besoin d’un important coup de main des humains. Il s’agit donc d’un éclairage relativement modeste sur la capacité de systèmes d’intelligence artificielle à composer des textes. On les lit déjà pour des comptes rendus sportifs ou en lien avec des résultats financiers. Et on commence tout juste à les observer pour des nouvelles. En termes de création pure, GPT-3 et consorts ne sont de loin pas (encore?) au niveau des humains.

Anouch Seydtaghia

Source : Le Temps (Suisse) – Le 13 septembre 2020

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