Exclusivité. Interview de Kadiata Malick Diallo. La députée de l’UFP tire les leçons du 4ème congrès

Au lendemain du 4ème congrès de l’UFP à Nouakchott Kadiata Malick Diallo s’est livrée à Kassataya pour donner sa propre lecture des assises. Elle revient sur le contexte de crise profonde du parti avant d’en tirer les principaux enseignements. La députée évoque enfin son avenir et celui de l’opposition.

 

Kassataya : le 4ème congrès de l’UFP vient de se tenir à Nouakchott avec la reconduction de Ould Maouloud à la tête du parti. Quelles lectures faites-vous de ce congrès ?

« Ce Congrès est ponctué de graves irirégularités qui l’ont rendu illégitime et illégal »

K M D : le soi-disant 4e congrès de l’UFP, a d’abord été préparé dans un contexte de crise profonde où le parti était scindé en deux tendances au lendemain de l’élection présidentielle de 2019. La tendance de Mohamed Ould Maouloud a engagé de manière unilatérale la campagne d’implantation frauduleuse comme nous l’avons expliqué dans une déclaration signée par 120 cadres du parti dont 28 membres de droit du congrès. La phase de tenue du congrès a, à son tour été ponctuée de graves irrégularités qui l’ont rendu illégal.

Les statuts du parti, en leur article 14, stipule que: « le Congrès se compose des délégués des sections, des mouvements nationaux du parti, des secrétaires généraux des sections, des membres du gouvernement, des parlementaires et des maires du parti en fonction au moment de la tenue du congrès, des membres du bureau exécutif, des membres du conseil national, des membres de la Commission de contrôle, de médiation et d’éthique.

Le règlement intérieur précise à son article 33 que « la convocation à une session ordinaire du congrès doit être notifiée aux délégués au moins un mois avant la date de sa tenue ».

Le groupe qui a tenu à organiser ce congrès mascarade l’a fait en violant les statuts et le règlement intérieur du parti.

En effet, le comité permanent a déposé une demande de tenue du congrès pour les 28, 29 et 30 août, à la Moughataa de Tevragh Zeina, avant de réunir le bureau exécutif qui a la charge de fixer la date du congrès. Le bureau exécutif se réunira le 09 août 2020, pour entériner ces dates que le comité permanent a arrêté à son insu, le réduisant à une chambre d’enregistrement.

C’est donc à partir du 10 août 2020, que les dates du congrès seront annoncées par communiqué, tenant lieu de convocation des congressistes, soit dix-sept jours seulement avant sa tenue en violation flagrante de la disposition du règlement intérieur.

Mais l’illégalité la plus flagrante,  c’est celle qui a consisté à empêcher des membres de droit d’assister au congrès par un simple communiqué de la Commission Nationale Préparatoire du congrès, qui a instauré une commission de validation des participations, qui exige des congressistes d’être munis de leur carte d’identité nationale et de la carte de la dernière implantation, alors que le congrès de 2012, instance suprême du parti a validé  pour tous les membres élus lors de ses dernières assises leur participation. Donc c’est un congrès illégitime et illégal que nous allons attaquer sur tous les plans.

« Pas de clarification et le renouveau du parti s’est réduit au remplacement des éléments gênants »

Kassataya : Quelles leçons tirez-vous de ce congrès ?

K M D : le groupe de Mohamed Ould Maouloud a voulu par l’organisation de ce groupe tout simplement régler des comptes à ses adversaires dans le parti. Mais en le faisant c’est le parti qu’ils ont fini par liquider.

Les slogans de clarification et de renouveau affichés n’ont pas été traduits dans les faits. Il n’y a pas eu de clarification de la ligne, dans la mesure où la déviation que nous dénonçons réside dans la mise en oeuvre de politiques en rupture avec les objectifs stratégiques clairement définis par les textes adoptés au dernier congrès de 2012.

Le renouveau s’est réduit au remplacement des éléments gênants sans apporter aucun sang nouveau.

Kassataya : quel avenir pour vous en tant que députée et les autres camarades dissidents ?

K M : notre avenir, nous le traçons nous-mêmes, nous sommes des femmes et des hommes politiques ayant une vision claire et déterminés à poursuivre notre combat politique. Nous trouverons, s’il plaît à Dieu, les ressources nécessaires pour le faire.

Kassataya : pensez-vous que l’opposition mauritanienne est prête pour une alternance au cas le président Ould Ghazouani ne se présenterait pas après son premier mandat ?

K M : je pense qu’il est prématuré d’évoquer l’éventualité d’une non candidature d’un président de la république qui est au tout début de son mandat. Les préoccupations devraient plutôt porter sur ce qu’il fera de son mandat au lieu de songer dès maintenant à l’après-mandat. Ceci dit, pour l’opposition, le souci devrait être moins de savoir si elle est prête pour une alternance que d’exister et de jouer pleinement son rôle dans le jeu politique.

Propos recueillis par Chérif Kane , journaliste à Rouen

 

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