Élections américaines – Qui est Kamala Harris, la colistière de Joe Biden ?

Procureure au bilan contesté puis sénatrice charismatique, la Californienne est la première femme noire à apparaître sur un ticket présidentiel. Joe Biden avait annoncé depuis des semaines qu’il voulait une femme pour l’accompagner face à Donald Trump.

’Amérique commençait à s’impatienter. À moins de trois mois de l’élection présidentielle, Joe Biden n’avait toujours pas annoncé l’identité de sa partenaire dans la course à la Maison-Blanche. C’est fait. Le candidat démocrate a choisi, le mardi 11 août, la sénatrice de Californie Kamala Harris. “J’ai besoin à mes côtés d’une personne intelligente, forte et prête à diriger. Kamala est cette personne”, a-t-il expliqué dans un e-mail adressé à ses sympathisants. Elle-même s’est dite “honorée” sur Twitter de s’associer à un homme qui peut “rassembler les Américains parce qu’il a passé sa vie à se battre pour nous”.

 

NPR et d’autres médias du pays s’accordent sur la dimension “historique” de l’alliance : Kamala Harris est la première femme noire sur un ticket présidentiel, démocrate ou républicain. En cas de victoire dans les urnes le 3 novembre prochain, elle deviendrait la première femme tout court à occuper le poste de vice-présidente. Mais “Harris a beaucoup à offrir à la campagne et au ticket au-delà du symbole”, insiste le Los Angeles Times dans un éditorial enthousiaste.

Le quotidien de la ville où réside la démocrate de 55 ans salue une personne “hautement qualifiée” et “ambitieuse”. Fille d’un immigré jamaïcain et d’une mère indienne, elle a grandi dans le nord de la Californie où elle a fait ses armes comme procureure jusqu’au poste d’attorney général, sorte de ministre de la Justice du Golden State. État dont elle est devenue sénatrice en 2016. Alors qu’elle est la seule femme noire de la chambre haute, sa fermeté lors d’audiences – souvent télévisées – au Congrès, lui a donné une visibilité nationale.

Choisir une telle personnalité montre que, “contrairement à l’homme occupant actuellement le poste qu’il convoite”, Joe Biden “n’a pas peur des femmes fortes”, commente le LA Times.

“Elle apporte à la campagne un style plus vigoureux que celui de M. Biden”, estime le New York Times. Le quotidien lui trouve un “don” pour rendre les débats électriques, auquel s’ajoutent “une identité personnelle et une histoire familiale que beaucoup trouvent inspirante”.

Bref, résume CNN, le choix avait “du sens” et “personne d’autre sur la shortlist de Biden ne répondait à autant de critères”Même la chaîne rivale Fox News, moins disposée à l’indulgence vis-à-vis des démocrates, approuve la décision “intelligente” de l’ancien vice-président. Kamala Harris a parfois été critiquée à gauche pour avoir été une procureure trop “dure”, mais son bilan pourrait, selon la chaîne, “aider Biden à solidifier sa position vis-à-vis des électeurs centristes, voire des républicains modérés”.

Surnommée “la Fausse” par Donald Trump

 

Il est vrai que son profil de “pragmatique modérée”, telle que la décrit le New York Times, ne plaît pas forcément à l’aile gauche du parti démocrate. Le Los Angeles Times critique également son “aversion à adopter une position ferme sur des sujets controversés”, évoquant une réforme locale de la justice en 2014.

Le Washington Post note d’ailleurs qu’après avoir démarré en trombe avec un meeting rassemblant 22 000 personnes sa campagne pour les primaires démocrates n’a jamais décollé. En particulier parce qu’elle a “peiné à se définir devant les électeurs, passant d’un message à l’autre”. La communauté noire ne l’a pas soutenue, remarque le Wall Street Journal, en partie à cause de son bilan en tant que procureure. En décembre 2019, elle a abandonné la course, à court de financement.

L’un des temps forts de sa campagne a impliqué Joe Biden. Lors d’un débat, elle lui a reproché sa proximité avec des sénateurs ségrégationnistes. Le moment a fait le tour des chaînes de télévision et choqué la famille du sénateur du Delaware, qu’elle connaît bien.

 

 

Toutefois, souligne Forbes, Kamala Harris le soutient publiquement depuis le mois de mars, et leur relation “s’est vite améliorée”. Elle a participé à de nombreuses levées de fonds, et son nom est apparu parmi les favoris au milieu de ceux de Susan Rice, l’ancienne conseillère à la sécurité nationale de Barack Obama, de la sénatrice Elizabeth Warren ou de la gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer.

Pour le Chicago Tribune, Joe Biden a ainsi montré qu’il n’était pas du genre à “nourrir des rancunes”. Son choix révèle aussi “son sens de l’histoire”, considère le quotidien, dans la mesure où il a déjà travaillé pendant huit ans aux côtés du premier président américain noir de l’histoire.

Justement, Barack Obama fait partie des nombreux démocrates à valider le choix de Kamala Harris. “C’est une bonne journée pour notre pays”, a-t-il déclaré sur Twitter. “Elle est plus que prête pour le poste”, a affirmé le 44e président américain.

Son successeur a déjà un surnom pour son adversaire : Phony Kamala, “la Fausse Kamala”. Après l’annonce de Joe Biden, Donald Trump a rapidement publié sur son compte Twitter une vidéo de campagne “brutale”, juge le New York Post. Le spot présente la sénatrice comme un membre de la gauche radicale. Face à la presse, signale Fox News, le président américain a fait part de sa surprise, sachant que la sénatrice avait, d’après lui, “manqué de respect” à son colistier lors de la primaire.

NPR voit dans ce ticket Biden-Harris un “miroir” de celui de 2008 : “Un homme blanc d’âge mûr, habitué de Washington et disposant d’une grande expérience en matière de politique étrangère, est associé à un partenaire noir, plus jeune, issu de l’immigration, et élu au Sénat depuis quatre ans seulement.”

Surtout, la radio publique indique que Joe Biden, 77 ans, s’est présenté comme un candidat “de transition”. Il ouvre ainsi la voie à Kamala Harris, “probable future leader du parti démocrate”, conclut NPR.

Source : Courrier international

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