La France et ses alliés sahéliens tiennent sommet contre les jihadistes

Les présidents de cinq pays du Sahel et de la France sont arrivés mardi à Nouakchott pour faire le point sur leur combat contre les jihadistes six mois après avoir décidé d’intensifier l’effort commun pour reconquérir le terrain perdu dans la région.

 

L’hôte mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et ses homologues burkinabè, malien, nigérien, tchadien et français tiennent sommet six mois après s’être réunis à Pau (sud-ouest de la France) sous la pression d’une série de revers des armées de la région face aux jihadistes, de la mort de 13 soldats français et de remises en question de l’intervention française.

Ils se retrouvent dans le contexte inédit de la pandémie qui a longtemps fait douter de leur présence physique à cette réunion d’un jour. Malgré les masques et la profusion de précautions sanitaires, le climat est annoncé moins tendu que six mois plus tôt.

AFP/Archives

Des soldats français de l’opération Barkhane dans le nord du Burkina Faso le 12 novembre 2019

 

Emmanuel Macron, à son atterrissage pour son premier déplacement hors d’Europe depuis le début de l’épidémie, a déclaré que la France et ses alliés avaient « durant ces six derniers mois connu de vrais succès dans la lutte contre le terrorisme avec la neutralisation de chefs redoutés ». Il a salué une « montée en gamme de l’intervention des armées sahéliennes ».

Le sommet visera à « consolider (les) acquis », a-t-il dit, tout en affirmant la nécessité de « faire davantage en matière de retour de l’Etat », en particulier « au Mali, au Burkina, dans un contexte – on le sait – très compliqué ».

Sahéliens et Français revendiquent les lourdes pertes infligées aux jihadistes en 2020 et la forte baisse des leurs.

Les experts, toutefois, continuent à dresser un sombre tableau. Chacun conserve à l’esprit la précarité de la situation et des gains réalisés, qui peuvent être annihilés en l’absence de progrès sur des fronts autres que militaire, comme la reconstruction civile ou la réconciliation.

AFP/Archives

Des soldats français patrouillent dans le village de Gorom Gorom, dans le nord du Burkina Faso le 14 novembre 2019

 

De telles avancées sont jugées indispensables pour sortir la sous-région de la spirale des violences commencée en 2012 dans le nord du Mali.

Nouakchott est présenté, côté français, comme l’occasion de préparer l’avenir sur la lancée de Pau et de poursuivre l’effort consistant à associer à la lutte le plus grand nombre de partenaires, en particulier européens, par exemple au sein de Takuba, un groupement de forces spéciales censées accompagner les Maliens au combat.

Les chefs d’Etat du G5 Sahel, M. Macron, et des représentants d’organisations internationales (Union africaine, Francophonie, ONU, Union européenne) s’entretiendront d’abord à huis clos.

– « Gouvernement complaisant » –

Motif de satisfaction pour la France, la réunion sera ensuite élargie aux chefs de gouvernement allemand, espagnol et italien, par visioconférence pour la plupart.

A Pau, les présidents s’étaient entendus pour resserrer les rangs et de concentrer leur action contre l’organisation Etat islamique dans la « zone des trois frontières » (Mali, Burkina, Niger) sous un commandement conjoint de la force française Barkhane et de la Force antijihadiste du G5 Sahel.

AFP/Archives

Un soldat français de l’opération Barkhane en patrouille dans le nord du Burkina Faso le 9 novembre 2019

 

Depuis, la France a augmenté les effectifs de Barkhane de 500 militaires pour les porter à 5.100. Elle et ses partenaires ont multiplié les offensives dans la zone des trois frontières, revendiquant la « neutralisation » de centaines de jihadistes.

Autre succès enregistré: dans le nord du Mali, où les forces spéciales françaises, aiguillées par un drone américain, ont tué le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), l’Algérien Abdelmalek Droukdal.

Ces succès n’empêchent pas les groupes jihadistes d’étendre leur emprise au Burkina, qui s’enfonce dangereusement. Au Burkina, au Mali, au Niger, les accusations d’exactions contre les civils se multiplient contre les armées nationales.

La communauté internationale suit aussi avec préoccupation les évolutions politiques.

Au Burkina, des zones entières menacent d’être privées à la fin de l’année du scrutin présidentiel, qui risque donc d’être contesté. On élira aussi un nouveau président au Niger en 2020. Quant au Mali, son président est confronté à une contestation intérieure dont l’issue inquiète ses voisins ouest-africains et ses alliés.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé lundi pour un an la mission de plus de 13.000 Casques bleus au Mali.

Le vote a été l’occasion pour les Etats-Unis de dire que « la sécurité continue à se détériorer au Mali où les groupes terroristes étendent leur territoire, alimentent les conflits intercommunautaires et tuent qui bon leur semble ». Ils s’en sont aussi pris à un « gouvernement complaisant ».

Nouakchott (AFP)

 

Source : Courrier international

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page