Vu de l’étranger – En France, l’affaire Adama Traoré “cristallise la colère” contre la brutalité policière

Plus de 20 000 personnes étaient réunies à Paris, le mardi 2 juin, à l’appel des proches d’Adama Traoré. Pour la presse étrangère, les Français sont en première ligne, en Europe, contre les violences policières, tandis qu’aux États-Unis les manifestations se multiplient depuis la mort de George Floyd.

 

Comme aux États-Unis, en France la lutte contre la brutalité policière mobilise la rue. Plus de 20 000 manifestants ont défié l’interdiction de la préfecture de police et formé un long cortège contre les violences policières devant le tribunal de Paris dans la soirée du 2 juin, une manifestation qui fait suite à l’assassinat de George Floyd, le 25 mai, aux États-Unis”, rapporte le quotidien américain The Washington Post, ce mercredi 3 juin.

“Ici, l’affaire emblématique est celle d’Adama Traoré, un Français noir de 24 ans qui est mort en 2016 pendant une opération de police, et dont le nom a resurgi avec une force particulière à la fin de mai”, précise de son côté El País.

Le journal espagnol détaille les membres du cortège, “en grande majorité des jeunes, pour beaucoup sans masque”, accompagnés de “personnalités politiques comme Éric Coquerel, député de La France insoumise, et d’actrices comme Adèle Haenel ou encore Aïssa Maïga, qui, lors de la dernière cérémonie des César, a lancé un puissant appel à la diversité dans le cinéma français​”.

Malgré son interdiction par la préfecture de police de Paris, qui invoquait notamment l’état d’urgence sanitaire, la manifestation s’est tout de même tenue mardi soir à l’appel du comité de soutien à la famille d’Adama Traoré.

“L’affaire Traoré a cristallisé la colère suscitée par les violences policières en France”, écrit en Grande-Bretagne The Times, qui témoigne d’affrontements entre policiers et manifestants, bien que le rassemblement ait été initialement pacifique :

La foule a allumé des feux sous des ponts routiers, attaqué des véhicules et dégradé des abribus près du périphérique nord.”

“La police est intervenue avec des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants”, ajoute El País depuis l’Espagne.

Les débordements ont fait réagir le ministre de l’Intérieur français, Christophe Castaner, qui a tweeté que “la violence n’[avait] pas sa place en démocratie”. Le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a également défendu ses troupes en dénonçant les accusations de brutalité et de racisme formulées à l’encontre des forces de l’ordre par les manifestants.

Un mouvement “actif et organisé” contre la brutalité policière

Outre-Manche, The Times avance que “les méthodes brutales de la police nationale sont devenues un problème pour la population blanche pendant les manifestations des ‘gilets jaunes’, entre novembre 2018 et le printemps 2019.

“En Europe, c’est en France que l’on trouve le mouvement le plus actif et organisé de lutte contre ces pratiques policières, qui, selon les militants, visent de façon disproportionnée les populations noires et arabes​”, estime The Washington Post.

Une impression que le journal américain explique ainsi :

Cette disparité ressentie est l’un des sujets les plus explosifs dans un pays marqué par une histoire postcoloniale qui prône l’égalité universelle et où la diversité ethnique est l’une des plus riches d’Europe.”

“Mais si les manifestations contre les violences policières et la discrimination raciale ne sont pas rares en France, les militants associatifs soulignent qu’ils peinent à déclencher un mouvement de la même ampleur qu’aux États-Unis”, ajoute The Washington Post.

Valentin Scholz

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