Bios Diallo, Un cheval mauritanien en Chine

A l’occasion de son anniversaire (19 mai-Taureau), le journaliste Bios Diallo ressort une Tribune publiée dans le magazine CHINAFRIQUE en 2007. Dans l’actualité du COVID-19, le texte en dit long sur la résilience de l’Empire du Milieu.  

 

Un cheval mauritanien en Chine ![i]

Par Bios Diallo, journaliste

Le dimanche 25 août 2007, fin de rêve pour un jeune de Sélibaby. Sélibaby est une petite bourgade, capitale régionale du Guidimakha dans le sud de la Mauritanie. C’est depuis Sélibaby que j’ai toujours rêvé de fouler un jour le sol de la Chine. Tout est parti de la lecture de revues de Beijing et de fascicules de précis littéraires sur la Chine. Je poursuivrais la lecture jusqu’à citer des auteurs chinois au baccalauréat ! Puis, il y a eu ce petit texte, un livre au fait : Coutumes du mariage chez les minorités nationales chinoises (publié par les éditions Nouvelle Etoile en 1991). Plus tard, je commettrais moi-même un livre sous le titreDe la naissance au mariage chez les Peuls de Mauritanie(Ed. Karthala, 2004). Le lien entre les deux textes est réel. C’est donc un peu si j’étais venu ici à la poursuite de mes lointaines lectures.

Le Bœing d’Air France, dans lequel je suis monté à l’escale de Paris, survole Beijing (Pékin pour la diplomatie). À quelque 1300 m d’altitude, immeubles, lacs, échangeurs deviennent reconnaissables. J’observe l’architecture de la ville de plus de 18 millions d’habitants, alors que le pays ferait plus de 1,3 milliard ! Je lis des inscriptions. L’élève de Sélibaby se frotte les yeux et se dit qu’il ne rêve plus. La Chine est là sous ses yeux.

Dois-je préciser que je suis là dans le cadre d’une formation dite Stage de langue chinoise pour les pays en développement. Du 27 août au 26 novembre 2007, nous sommes quelque 96 stagiaires venus d’une quarantaine de pays d’Europe de l’Est, des Caraïbes anglophones et d’Afrique francophone, anglophone, lusophone et arabophone. Nous sommes hébergés et suivons nos cours au Beijing Chinese Culture and Language University.

On nous conduit dans la rue Wangfujing, une des plus fréquentées de la capitale. Là, on trouve toutes sortes de commerces. Au milieu des habits à la mode, des portables et des pharmacies médicales et paramédicales, le Foreign Languages Bookstore ! C’est là seulement qu’il faut rechercher les documents en français, espagnol, arabe, portugais… Je me procure Villes touristiques de Chine, Beijing de Xu Mingqiang. Un excellent guide où la Chine cède ses secrets au lecteur. On est fasciné par la manière avec laquelle les Chinois ont pris le temps d’immortaliser leurs victoires, et défaites, dans les âmes des temples, musées et jardins qui parsèment leur vaste territoire. Les Chinois font tout avec méthode et patience.

Je comprends, page après page, pourquoi le Mauritanien que je suis a été fasciné par cette terre lointaine. C’est qu’ici, rien ne se fait au hasard.

 

 

 Je m’arrête et réfléchis donc pour rechercher les raisons de cette dynamique. Là encore, toujours rue Wangfujing, sur un rayon : Les douze animaux et leur place dans la culture chinoise, de Zhang Fang, publié par les Éditions en Langues étrangères de Beijing. Les douze animaux : Le rat, le bœuf, le tigre, le lapin, le dragon, le serpent, le cheval, le mouton, le singe, le coq, le chien et le cochon. Chacun d’eux a son année de célébration. Mais c’est surtout le cheval, signe sous lequel je suis né, qui attire mon attention.

« Le cheval, écrit Zhang Fang, a joué un rôle important dans le progrès de l’humanité. [Mieux], poursuit-il, sans le cheval il est difficile d’imaginer quelle aurait été l’histoire de la nation chinoise. Son rôle est si important que l’histoire de la Chine y est intimement liée ». Ce héros est si important qu’on le trouve à l’origine d’une guerre. Notamment celle que déclencha l’empereur Wudi des Han. Il voulut racheter un cheval aux qualités exceptionnelles du pays Dawan des Contrées occidentales. Devant le refus de ce royaume de céder son étalon, il provoqua l’affrontement !

En trois mois de séjour en Chine, avec plusieurs visites à l’intérieur du pays, j’ai été fasciné par la capacité de ces hommes et femmes à s’acharner au travail. Avant même le premier chant du coq, si vous sortez la tête de votre immeuble, vous verrez des gens travailler ! Tous les jours, sans répit. Sur les sentiers, les horaires sont à la rotation. Certaines entreprises travaillent même les week-ends. Les banques ouvrent les samedis et les dimanches. Certains magasins et librairies ne ferment pas avant 22 ou 23 h !

Et comme la Chine est devenue l’amie qui veut du bien à l’Afrique, les partenaires du continent africain doivent s’inspirer de son modèle. Surtout que Hu Jintao et son gouvernement font tout pour aider l’Afrique à sortir de son isolement, ce qui donne à la coopération sino-africaine un statut hautement fructueux. Les deux se tiennent les coudes et se consultent au sein des Nations unies, de l’OMC. Là où l’Afrique est faible (à l’OMC notamment pour les producteurs du coton non membres), la Chine devient la voix qui pousse le cri de l’Afrique.

Que les Africains écoutent les intérêts et les aspirations de leurs peuples. Qu’ils cessent de tendre une naïve oreille à ceux qui ne voudraient que les distraire, les maintenir dans leur état de sous-développement. Au galop, je traverserai la Mauritanie entière pour faire passer le message. Un Cheval ne doit rien craindre, n’est-ce pas ?

[1] Texte publié dans le journal ChinAfrique décembre 2007 www.chinafrica.cn

 

 

 

Source : Traversees Mauritanides

 

 

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