Des personnalités de tous horizons pour la « Cour suprême » de Facebook

Ce conseil aura le dernier mot sur le maintien ou non des contenus controversés sur Facebook et Instagram.

Une lauréate yéménite du Nobel de la paix, une ancienne première ministre danoise, un militant pour les droits numériques… Facebook a choisi des personnalités représentant un large éventail de pays, de langues et d’horizons pour composer son conseil des sages qui tranchera à l’avenir les contenus litigieux.

 

C’est le commencement d’un changement fondamental dans la façon dont certaines des décisions sur les contenus les plus difficiles sur Facebook seront prises, a réagi le directeur des politiques publiques du réseau social, Brent Harris.

Le projet d’une sorte de « Cour suprême », ayant le dernier mot sur le maintien ou non des contenus controversés sur les réseaux Facebook et Instagram, avait été dévoilé à la fin de janvier après avoir été annoncé à la fin de 2019 par le PDG Mark Zuckerberg.

Un conseil paritaire

 

Pour l’heure, la « Cour suprême » de Facebook sera composée de 20 membres à parité égale entre hommes et femmes.

Leur nombre sera porté à 40 au fil du temps, a précisé mercredi le réseau social, soulignant que ces personnes possédaient une grande expertise dans plusieurs domaines clés, notamment la liberté d’expression, les droits numériques, la liberté religieuse, la modération de contenu, les droits d’auteur numériques ou encore la sécurité en ligne, la censure sur Internet et la transparence.

Côté femmes, on compte Helle Thorning-Schmidt, l’ancienne première ministre danoise et ancienne présidente de l’ONG Save the Children, ainsi que la lauréate yéménite du Nobel de la Paix 2011, Tawakkol Abdel-Salam Karman, qui est par ailleurs journaliste, militante et femme politique engagée dans la défense des droits des femmes.

Tawakkol Karman, une femme voilée, participe à une entrevue assise sur un fauteuil.

Tawakkol Abdel-Salam Karman est la lauréate du Nobel de la paix 2011.

Photo : afp via getty images / AFP Contributor

Parmi les hommes, on trouve notamment Andras Sajo, ancien juge hongrois et vice-président de la Cour européenne des droits de l’homme, et Alan Rusbridger, ancien rédacteur en chef du quotidien britannique The Guardian, qui a donné une visibilité mondiale au groupe après les révélations du lanceur d’alerte Edward Snowden.

Alan Rusbridger se promène dans les rues de Londres d'un air pensif.

Alan Rusbridger est l’ancien rédacteur en chef du quotidien britannique The Guardian.

Photo : afp via getty images / BEN STANSALL

Indépendance et transparence

Ces dernières années, Facebook a essuyé de nombreuses critiques, accusé de toutes parts de ne pas agir énergiquement pour supprimer des messages haineux. Il avait notamment tardé à réagir à la propagande, sur son site, de l’armée birmane contre la minorité rohingya.

Attaqué en justice, Facebook a dû se résoudre à agir en créant ce conseil des sages.

Le conseil prendra des décisions définitives et Facebook devra s’y conformer, a soutenu le réseau social.

Aujourd’hui, l’impact des médias sociaux sur la vie des gens est difficile à saisir. Cela peut souvent être positif, ont estimé mercredi les membres de ce conseil dans un billet de blogue.

Au moment où le monde entier est confronté à la pandémie du coronavirus, les médias sociaux sont devenus une bouée de sauvetage pour aider les gens et les communautés à rester connectés, ajoutent les membres.

Mais ils peuvent aussi diffuser des discours haineux, nuisibles et trompeurs, ont souligné les membres, relevant que la question de maintenir ou non certains contenus est devenue de plus en plus urgente pour la société.

Facebook s’engage à rendre publiques toutes les décisions prises par son conseil de surveillance tout en protégeant l’identité et la vie privée des personnes impliquées.

Le puissant réseau ne pourra en revanche pas révoquer les membres ou le personnel du conseil, qui s’appuiera sur un fonds de 130 millions de dollars.

De son côté, le conseil des sages prendra ses décisions en tenant compte des spécificités culturelles et des sensibilités régionales. À titre d’exemple, un sein nu qui peut choquer dans une société conservatrice n’aura pas le même effet dans un autre environnement.

Nous construisons essentiellement un nouveau modèle de gouvernance de la plateforme.

Helle Thorning-Schmidt, ancienne présidente de la Hongrie et coprésidente du conseil des sages de Facebook

L’ancien juge fédéral américain et coprésident du conseil, Michael McConnell, a d’ores et déjà indiqué que le conseil ne serait pas en mesure de traiter tous les litiges tant le volume est important.

La priorité sera donnée aux cas qui pourraient créer des précédents, ceux qui affectent un grand nombre de gens ou qui peuvent avoir un effet sur les discours publics.

Nous allons devoir sélectionner peut-être quelques fleurs, ou peut-être que ce sont des mauvaises herbes, dans un champ de possibilités, a-t-il décrit de manière imagée.

Nous ne sommes pas la police d’Internet, a-t-il en revanche dit en insistant. Il ne faut pas nous voir comme une équipe d’intervention rapide […]. Notre travail consiste à examiner les appels et à fournir un second regard délibératif après coup, a-t-il ajouté.

 

Agence France-Presse

 

 

Source : Ici Radio Canada (Le 07 mai 2020)

 

 

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