Le 15 avril 2020, le président Mohamed Ould Ghazwani lançait un plan d’urgence de 1, 2 milliards MRU (32 millions de dollars U.S) pour sauver le cheptel, durement frappé par une sècheresse endémique, l’inexistence de pâturage, la rareté de l’eau et la forte concentration du bétail dans les régions boisées du Sud du pays. Depuis plus d’une semaine, les éleveurs attendent toujours d’avoir accès aux aliments de bétail enfermés dans des magasins, tandis que les volets hydrauliques et santé animale du plan d’urgence restent encore un vœu pieu. Les ONGs du Guidimagha lancent de nouveau un appel pressant pour sauver un monde rural durement frappé par la soudure et le confinement dû au Covid-19.
Plus d’une dizaine d’organisations de la société civile actives dans la Wilaya du Guidimagha viennent de lancer un deuxième SOS pour attirer l’attention des autorités publiques sur la situation catastrophique du monde rural, en particulier les éleveurs, dont le bétail est menacé de décimation, faute de nourriture et d’eau.
«Depuis une semaine je fais le va-et-vient entre le campement et Sélibaby pour voir si les magasins ont commencé à vendre l’aliment de bétail. Les camions envoyés par Ghazwani sont arrivés depuis plusieurs jours mais leur contenu est enfermé dans des magasins, on ne sait pas pourquoi. Au lieu de les distribuer aux éleveurs dont le bétail est menacé, on nous renvoi de rendez-vous en rendez-vous » confie (via téléphone) Mohamed Lemine, un éleveur dont le troupeau de bovins et de caprins paissent à quelques kilomètres de la ville sur la route vers Gouraye.
La région du Guidimagha, l’une des plus exposées à la pandémie du Covid-19 en raison de sa position géographique entre deux foyers de danger, le Mali et le Sénégal, est surtout le lieu de haute concentration de bétails venus de plusieurs autres régions du pays, Assaba, Brakna, Gorgol, Tagant et Trarza. Habitués à traverser le Guidimagha pour transhumer vers le Sénégal et le Mali, les éleveurs sont ainsi coincés par la fermeture des frontières et le confinement. Résultat, en l’absence de pâturage, le cheptel dont des milliers de camelins, de bovins et de caprins sont en train de décimer le couvert végétal, tandis que les coupes d’arbres de chauffe se multiplient sous l’assaut des familles d’éleveurs installés partout dans cette vaste région, hier, fière de sa luxuriante végétation/
Ainsi, l’après Covid-19 risque d’être désastreuse pour les ressources ligneuses de la région. Le constat est fait par les ONGs qui, après plusieurs missions de terrain, n’ont cessé depuis quelques jours de tirer la sonnette d’alarme sur «une situation plus que préoccupante à tous les niveaux, eaux-santé animale et aliment de bétail» témoigne Hamada Bneijara, président de l’Association pour le développement intégré du Guidimagha (ADIG).
D’importants financement ont pourtant été dégagés par les autorités mauritaniennes pour sauver un secteur pastoral fortement menacé et dont le poids dans l’économie nationale est considérable.
En effet, l’Etat a débloqué 30 millions MRU pour l’hydraulique pastoral, plus de 834 millions MRU pour l’aliment de bétail, plus de 20 millions MRU pour la santé animale et plus de 222 millions MRU pour la mise en œuvre du Plan d’urgence, lequel Plan d’urgence a perdu toute sa valeur d’urgence, après une semaine sans le début de la moindre mise en œuvre de cet ambitieux programme.
«Si l’engagement politique est réel, la traduction de l’engagement du Président de la République en actes sur le terrain fait défaut» note Bneijara qui constate que «les éleveurs sont dans le besoin par rapport aux trois composantes du programme, une composante Aliment de bétail disponible mais non accessible encore aux bénéficiaires, épuisés par d’incessants aller-retour entre leur campement et le centre ville, deux composantes Eaux et Santé animale dont le démarrage est toujours attendu.»
Cheikh Aïdara
Guidimagha : Appel à l’exécution immédiate du programme pastoral spécial
Plus que toute autre région de la Mauritanie, le Guidimakha se trouve être le plus exposé à la pandémie du COVID-19, en raison de sa position transfrontalière et de sa vocation migratoire principalement orientée en Europe, épicentre de la pandémie. Pour contribuer à ce sursaut national, les OSC du Guidimakha signataires de la présente déclaration se sont rendus sur le terrain pour s’enquérir de la situation du pastoralisme en cette période de confinement.
La fermeture des frontières dans le cadre des mesures prises pour endiguer la Pandémie ont affecté gravement les éleveurs transhumants et leurs troupeaux qui avaient traditionnellement l’habitude de transhumer, bon an et mal an, vers le Mali et le Sénégal à la recherche de pâturages.
Cette fermeture intervient au moment où le Guidimakha est convoité par tous les cheptels venus de plusieurs régions du Pays (Assaba, Brakna, Gorgol, Tagant et Trarza). Cette concentration animalière a des effets tant sur la disponibilité des ressources herbacées que sur l’environnement, dans un contexte de rareté d’eau et d’absence de services vétérinaires.
Le manque de pâturage et le retard de la mise en œuvre du plan de réponse pastoral ont poussé les éleveurs à opérer d’importantes coupes d’arbres pour nourrir leur bétail. Ceci constitue une sérieuse menace pour la sauvegarde des ressources ligneuses de la région.
Les organisations signataires à la suite de la mission de terrain constatent que la situation pastorale est préoccupante à tous les niveaux : Eau – Santé et Aliment de bétail.
Pourtant, d’importantes sommes ont été mobilisées par les Pouvoirs Publics pour ce secteur vital pour notre économie.Le tableau suivant donne les explications sur leur volume :
Hydraulique pastorale | 30 000 000 MRU |
Aliment de Bétail | 834 513 240 MRU |
Santé animale | 20 719 000 MRU |
Mise en Œuvre | 222 000 000 MRU |
Le Président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El GHAZOUANI, a lancé, ce vaste Programme pastoral d’urgence visant à venir en aide aux éleveurs pendant cette période de soudure après une saison pluvieuse infructueuse. Par cet acte, nous constatons un engagement politique de haut niveau.
Egalement, nous constatons que les éleveurs sont dans le besoins de ces trois composantes. La composante Aliment de Bétail est disponible mais non encore accessibles aux bénéficiaires, déjà épuisés par d’incessants mouvements du terroir aux centres de vente. Cette dernière doit démarrer immédiatement pour sauver le cheptel et réduire la pression sur l’environnement.
Les deux autres composantes (Hydraulique pastorale et Santé animale) doivent elles aussi démarrer d’autant plus que nous sommes à la veille de la saison des pluies. Nous devons enfin veiller dans un souci de transparence et d’efficacité penser à l’implication effective de la Société Civile.
Liste des OSC signataires
Union des Coopératives des Femmes du Guidimakha (UCFG)
Forum des Organisations Nationales des Droits Humains (FONADH)
Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH)
Association pour le Développement Intégré du Guidimakha (ADIG)
Association pour une Initiative de Développement de l’Environnement (AIDE)
Action pour la Santé et le Développement (ACSADE)
Association Mauritanienne pour le Développement et l’Alphabétisation (AMDA)
Association pour la Prospérité des Femmes du Guidimakha (APFG)
Association des Jeunes pour la Protection de l’Environnement et le Développement(AJPED)
Association Towvigh
Association Mauritanienne pour la Promotion des Adolescents (AMPA)
Association Les Amis de la Santé Avagh
Association Elwava
Groupe Recherche Action pour le Développement Durable (GRADD)
Association Pour l’Education et Promotion Sociale (APEPS)
Association Djalaw
Association Nationale pour le Développement et la Biodiversité (ANDB)
Source : Thaqafa
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