Pandémie covid-19 Mauritanie : le 31ème anniversaire des déportations des noirs sur fond de covid-19

Les mauritaniens commémorent ce mois d’Avril le 31ème anniversaire des déportations des négro-africains au Sénégal et au Mali en 89. Cette année il revêt une double signification : la résilience au passif humanitaire et au covid-19.

31 ans déjà. Les mauritaniens ont toujours gravé dans leur mémoire cette page sombre de l’histoire du pays qui mentionne qu’en 89 plus de 100 000 négro-africains ont été déportés au Sénégal et au Mali parce qu’ils sont noirs. Ils s’en souviendront toujours de ce mois d’Avril le point de départ d’un long chemin d’exil à travers le monde.

Le principal responsable de ce génocide le régime de Ould Taya qui entendait « dénégrifier » la Mauritanie pour asseoir une idéologie venue d’ailleurs d’Irak en particulier. Cette arabité s’inscrivait dans le cadre d’une vaste épuration ethnique mûrement planifiée et exécutée par la soldatesque du régime. Plus de 3 décennies après cette hécatombe près de 15 000 réfugiés sont toujours bloqués entre le Sénégal et le Mali en attendant la réouverture du dossier de rapatriement par le HCR, le Mali, le Sénégal et la Mauritanie. Et la majorité des 20000 officiellement rentrés en 2008 sont confrontés à des problèmes de régularisation de leur situation administrative indemnisations et droits à la retraite. Et leurs enfants ne vont plus à l’école faute d’état-civil.

Des mauritaniens devenus étrangers chez eux et sans avenir dans un pays où ils sont plus que jamais des oubliés de la république. Tous les gouvernements qui se sont succédés à Nouakchott depuis la chute du génocidaire Ould Taya ont tourné le dos au passif humanitaire exception faite au premier président élu démocratiquement en 2007 Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui avait amorcé la réconciliation nationale avec le début de rapatriement des réfugiés du Sénégal.

Le contexte de résilience au covid-19 ne s’y prête pas pour le moment mais Ould Ghazouani a au moins 4 ans devant lui pour enfin une Mauritanie apaisée et réconciliée.

Enfin cet anniversaire qui coïncide avec la crise sanitaire sans précédent en Mauritanie et dans le monde est l’occasion pour la diaspora fortement éprouvée de rendre un hommage à un grand combattant de la liberté Cheikh Oumar Bâ décédé du coronavirus à Paris. Un militant de première heure du premier mouvement de libération africaine de Mauritanie dont le combat contre le racisme d’Etat en Mauritanie n’est plus à démontrer.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya 11 avril  2020)

 

 

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