La situation est critique/ Par Tijane Bal

« La critique est aisée, mais l’art est difficile». Certes. En l’occurrence, il s’agit plus de gestion de crise que d’art.

Pour paraphraser un titre fameux, est-il permis de critiquer la gestion du coronavirus en Mauritanie? La personne de ceux qui en sont chargés est-elle, à l’image de celle du roi du Maroc, « sacrée et inviolable»?

La 1ère difficulté tient au fait que « critique » est un peu un mot valise. Il couvre un spectre allant de la critique du rouge à lèvres d’une femme à la Critique de la Raison pure de Kant. D’où le mal à le calibrer.

S’agissant de la pandémie, la critique peut porter sur des modalités ou sur un « principe ». Exemple, le port du masque s’impose-t-il à tous ou doit-il être réservé au personnel médical et à des sujets « atteints»? La réponse, y compris de l’OMS, a évolué. Il est vrai que « la vérité scientifique n’existe que de façon transitoire».

Dans ce cas précis, l’interrogation tient plus du débat médical que de la critique subalterne. Idem du débat sur la chloroquine. Le fait est que la limite entre la critique, même objective, et la polémique est indécise. L’une conduit souvent à l’autre sans que les 2 se confondent nécessairement.

En quoi est-il inacceptable de considérer que le confinement sans accompagnement social de personnes vivant de et par leur mobilité serait une mesure absurde? En quoi est-il intolérable d’estimer que demander à des personnes n’ayant pas accès à l’eau potable de se laver régulièrement les mains relève de la quadrature du cercle ?…etc

Pour étendre au pays les mesures édictées dans le cadre du plan de lutte contre le CV, les autorités ont besoin de relais. Le plus performant des ministres (qualité généralement reconnue au ministre actuel) ne pourrait faire sans. Or ce qui s’est passé à Kaédi est la preuve que la vérité médicale et la « vérité politique» ne coïncident pas toujours. En l’espèce, de qui le ministre avait-il davantage besoin ? Du médecin qui rétablit la réalité médicale ou de l’autorité qui la travestit ?

Les meilleurs «critiques» dans le domaine qui nous concerne, ce sont les praticiens, les acteurs, qui, dans un souci d’efficacité, font remonter les limites voire les défaillances (inévitables) du dispositif afin que des ajustements et correctifs lui soient apportés.

Hors de Mauritanie, les Américains doivent être soulagés de savoir que le Dr Anthony Fauci veille et que Trump n’est pas seul.

En France, les confessions de Mme Agnès Buzyn, ministre doublée de médecin, prouvent que les ministres eux-mêmes ne sont pas toujours à l’abri de faiblesses de natures différentes.

Ce n’est pas un hasard si le mot « guerre» (que les autorités mauritaniennes n’ont pas utilisée à ma connaissance) fait débat. Qui dit guerre dit union sacrée et éteignoir de critiques potentielles sous peine de passer pour un traître et un déserteur.

Sous ces réserves et bien d’autres encore, il n’est pas interdit de questionner la légitimité du critique. Pour ne citer que cet exemple, les avis émis sur Facebook ou ailleurs par des non médecins sur des sujets d’ordre médical doivent être pris pour ce qu’ils sont. Et pour ce que représente cet espace d’expression.

Il faut savoir relativiser et avoir à l’esprit que le ministère le plus populaire de Facebook est celui des posts. Il serait dommage de vouloir priver ses nombreux titulaires de communication !

Tijane Bal

Facebook – Le 02 avril 2020

 

 

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