Le Roosevelt, symbole du dilemme posé par le Covid-19 à l’armée américaine

L’immobilisation du porte-avions nucléaire américain USS Theodore Roosevelt, en proie à une contamination galopante au coronavirus dans le Pacifique, illustre les difficultés de l’armée américaine à poursuivre ses opérations pendant la pandémie, malgré les assurances de ses dirigeants.

 

L’US Navy se prépare à évacuer la plus grande partie de l’équipage du Theodore Roosevelt, un porte-avions nucléaire immobilisé à Guam depuis le 28 mars, peu après la découverte de trois cas de Covid-19 à bord.

En quelques jours, le nombre de cas a atteint « moins d’une centaine », selon un responsable militaire. Ce qui n’est pas étonnant pour un équipage de plus de 4.000 personnes partageant un espace limité, avec des dortoirs pour les marins, et des chambrées de trois couchettes pour les officiers, seuls les plus hauts gradés bénéficiant d’une cabine individuelle.

L’idée est de placer les marins malades ou testés positifs en quarantaine sur la grande base navale américaine de Guam, qui abrite plusieurs milliers de marins et leurs familles, et ceux qui ne sont pas atteints par le coronavirus dans des hôtels de l’île.

L’exercice s’avère difficile, l’île de Guam cherchant à protéger sa population et la Navy voulant maintenir la sécurité de l’imposant navire militaire, des avions qu’il transporte et du réacteur nucléaire qui assure sa propulsion, afin de le garder opérationnel.

« Le plan à ce stade est de retirer le plus de monde possible du Teddy Roosevelt, tout en sachant que nous devons laisser un certain nombre de gens à bord pour assurer des fonctions de surveillance et maintenir le navire en état de marche », a expliqué mercredi le vice-amiral John Menoni, commandant régional de l’US Navy, au cours d’une conférence de presse à Guam.

– Quarantaine –

La gouverneure de Guam, Lou Leon Guerrero, a précisé que seuls les marins testés négatifs au Covid-19 seraient logés dans des hôtels et qu’ils seraient tous soumis à une quarantaine de 14 jours. Des membres de la police militaire seront stationnés à chaque étage et les contacts avec les civils réduits au minium, a-t-elle précisé au cours de la même conférence de presse.

Pourtant, le ministre de la Défense, Mark Esper, a refusé de parler d’évacuation. « Je ne pense pas que nous en soyons arrivés à ce stade », a-t-il déclaré mardi soir sur la chaine CBS.

« Je vais m’appuyer sur le commandement de la Navy qui va (…) s’assurer qu’il fournit au commandant et à l’équipage tout le soutien dont ils ont besoin pour assurer le rétablissement des marins et faire repartir le navire », a-t-il ajouté.

Le coronavirus représente un dilemme pour l’armée américaine, qui est fortement mobilisée aux Etats-Unis où elle participe aux efforts du gouvernement fédéral pour lutter contre l’épidémie, mais qui veut continuer à démontrer la puissance militaire des Etats-unis à l’étranger.

« Nous traversons des circonstances exceptionnelles et nous essayons de maintenir un équilibre pour assurer à nos amis et nos alliés, et surtout à nos ennemis et nos adversaires, que nous ne baissons pas la garde », soulignait mardi sur CNN le secrétaire à l’US Navy Thomas Modly.

Le Theodore Roosevelt croisait d’ailleurs jusqu’ici dans le Pacifique pour chercher à contrer l’influence croissante de la Chine dans cette région.

Sa dernière escale remonte au 4 mars, lorsqu’il avait effectué une visite hautement symbolique dans le port de Danang, au Vietnam, alors que l’épidémie de Covid-19 s’était déjà largement propagée en Asie.

Le Pentagone avait alors défendu cette visite, affirmant qu’il n’y avait encore que très peu de cas dans le pays.

Deux semaines plus tard, les premiers cas de Covid-19 étaient décelés à bord. Et mardi, le commandant du porte-avions lançait un appel à l’aide aux accents dramatiques.

« Nous ne sommes pas en guerre. Il n’y a aucune raison que des marins meurent », écrivait le capitaine de vaisseau Brett Crozier, prévenant que si le porte-avions n’était pas évacué et stérilisé, il y aurait « des pertes ».

Washington (AFP)

 

Source : Courrier international

 

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