Controverse autour des tests menés par Google contre le coronavirus

Aux Etats-Unis, des sénateurs estiment qu’un site web de Google permettant de détecter si l’on est atteint de la maladie pose problème. En parallèle, la multinationale a ouvert quatre sites de dépistage en Californie.

Impossible de rater pareille opportunité. Depuis des mois, les géants américains de la technologie ne cessent d’investir dans la santé, marché extrêmement lucratif où les données médicales personnelles et leurs analyses valent de l’or. Google, via sa filiale Verily spécialisée dans la santé, est aujourd’hui la multinationale qui s’investit le plus dans la lutte contre la pandémie actuelle. Ce qui ne va pas sans tensions aux Etats-Unis.

Ainsi, cinq sénateurs, dont Kamala Harris, qui était candidate à l’investiture démocrate pour la présidentielle américaine, demandent des comptes à Google. Dans une lettre ouverte publiée mardi, adressée au directeur de Verily, ces personnalités estiment que le site web lancé par l’entreprise sur le coronavirus risque d’enfreindre une loi fédérale sur les données médicales. Ils s’inquiètent aussi du fait qu’il faille, pour passer ce test en ligne, s’identifier avec son compte Google.

Quatre sites de test

 

Le site en question se présente sous la forme d’un questionnaire à remplir soi-même. Pour y accéder, il faut certifier être âgé de plus de 18 ans et habiter à proximité de quatre villes en Californie: San Jose, Lake Elsinore, San Mateo et Sacramento, capitale de l’Etat. C’est là où Verily teste physiquement les personnes qui ont rempli ce formulaire en ligne. Les sénateurs estiment que Google risque de croiser les données médicales ainsi obtenues avec les comptes de ses clients. Mi-mars, déjà interpellé à ce sujet, Verily avait affirmé ceci: «Nous ne combinons pas les données [du formulaire médical en ligne, ndlr] avec le compte Google d’une personne. Si nous voulions le faire, les utilisateurs devraient fournir un consentement explicite de manière séparée.» Verily a, selon la loi américaine, jusqu’au 6 avril pour répondre à la lettre des cinq sénateurs.

Comme on l’a vu, Google ne se contente pas de proposer un questionnaire en ligne pour savoir si l’on présente des symptômes de la maladie. Sur la base des informations fournies, la société décide qui a droit à un test dans l’un des quatre endroits précités. Il suffit de venir avec sa voiture pour y être testé. Cela ne prend que cinq minutes et les résultats sont ensuite envoyés par e-mail. Le test est gratuit, car pris en charge par Google. La multinationale a d’ailleurs transféré 1000 employés de ses autres filiales vers Verily pour mener ces tests.

Lire aussi: Ne pas laisser les géants du web gérer notre santé

Situation différente en Suisse

 

Plusieurs milliers de Californiens ont ainsi été testés. Mercredi passé, Google affirmait que plus de 20 000 personnes avaient rempli le questionnaire en ligne, que 1200 avaient eu le droit de se rendre dans ces drive-thru et que plusieurs centaines d’autres étaient sur liste d’attente.

Aux Etats-Unis, c’est donc bien la récolte de données personnelles par Google qui fait débat, et non le test réel de personnes par une entreprise privée. La situation est différente en Suisse. Certes, plusieurs sites de drive-thru ont été installés dans le pays, notamment à Lucerne, à Glaris et en Appenzell Rhodes-Extérieures. Mais ces sites de test sont gérés par des autorités sanitaires publiques. Et pour s’y rendre, il faut obligatoirement avoir au préalable obtenu le feu vert d’un médecin. Rien de tel en Californie, où un acteur privé se charge de l’ensemble. Google ne fait a priori pas appel à des médecins externes.

Il existe bien, en Suisse, des initiatives privées. L’agence Bloomberg révélait récemment qu’un hôtel de Zurich proposait un test pour 500 francs. Contactée mercredi, une femme médecin suisse déconseillait d’utiliser un tel test en raison de la difficulté d’interprétation des résultats. S’adresser directement à un professionnel de la santé est hautement recommandé.


Facebook renforce ses outils d’entraide

Facebook a annoncé mardi l’activation d’un outil d’entraide, baptisé «Communauté d’aide», dans son «Centre d’information sur le Covid-19», où les utilisateurs peuvent se renseigner sur la pandémie et proposer ou demander de l’aide en cas de besoin. Dans cet onglet, on trouve déjà des requêtes et des propositions liées à la crise sanitaire et économique.

Des particuliers offrent de faire des courses pour les personnes vulnérables qui préfèrent ne pas sortir de chez elles et des associations cherchent des volontaires pour nourrir des personnes sans domicile fixe, par exemple. L’outil «Communauté d’aide» est censé faciliter ce type d’échanges et d’actions, dans un rayon de 80 à 100 km autour de chez soi. Les utilisateurs peuvent définir ce rayon.

Anouch Seydtaghia
Source : Le Temps (Suisse)

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page