Vu de l’étranger – Paris confinée, “le cœur de l’Europe a cessé de battre”

Pour faire face à la pandémie de Covid-19, le gouvernement français a annoncé le confinement du pays. Paris, habituellement fourmillante, est aujourd’hui presque à l’arrêt. Dans la presse étrangère, les journalistes sont nombreux à décrire les rues vides de la ville, et à lui rendre hommage avec mélancolie.

“Paris a tout vu. La peste noire et la Révolution. L’occupation et les barricades des étudiants. Les attaques terroristes et l’incendie d’une cathédrale”, décrit El País. Mais “ce que la ville n’avait jamais vu auparavant, c’est le confinement de toute sa population, les rues désertes, les brasseries fermées, les transports publics quasi-vides” et les passants “portant un masque, l’air grave”.

“Eh bien, ce Paris-là existe”, complète La Tribune de Genève. Et “il est devenu le cauchemar des Parisiens” depuis que le pays est entré en confinement pour lutter contre la propagation du Covid-19. Les déplacements sont interdits sauf dans certains cas et avec une attestation (se rendre au travail si on ne peut pas télétravailler, aller chez le médecin, faire ses courses, promener son chien ou encore faire de l’exercice physique, seul).

Une ambiance sépulcrale

Fini le temps où de nombreux Parisiens profitaient inconsciemment du soleil dans les parcs ou sur les bords de Seine, comme ce fut le cas dimanche 16 mars“un spectacle qui avait révolté les médecins affairés à combattre le virus, dans des hôpitaux au bord de la saturation”, note Le Temps. La capitale est désormais “à l’arrêt”, explique la correspondante en France de Die Welt. “Cela ressemble à une guerre ou à un accident nucléaire.” C’est “si calme”, pour ce journaliste d’El Mundo, que sur les bords de Seine, “on entend l’eau se briser contre les piliers des ponts”.

“À la gare du Nord, l’ambiance est sépulcrale”, renchérit La Tribune de Genève. “Partout, les parcs et jardins sont fermés ‘jusqu’à nouvel ordre’.” Et dans le métro, “les stations sont vides, les quais déserts.

Sur les vitrines des boulangeries, pharmacies et magasins, relate The Financial Times, des panneaux invitent les personnes à maintenir un mètre de distance entre elles. Dans les supermarchés, précise El Mundo, plusieurs étagères sont vides de produits : les pâtes, le papier toilette, l’alcool et même, le chocolat.

Preuve que les gens sont stressés !” 

Des vacances sinistres

De nombreux “Parisiens, qui ont une résidence secondaire à la campagne ou de la famille ailleurs, ont décampé pour attendre la fin de la quarantaine”, rapporte le FT. Une situation qui a parfois été accueillie “avec une certaine froideur” par les habitants des lieux, constate The Guardian.

Mais, interrogée par The Daily Telegraph, une jeune femme justifie : “Avec mon mari, nous vivons dans un appartement de 60 mètres carrés et l’idée d’être enfermés avec trois enfants âgés de huit mois à six ans et demi n’était tout simplement pas possible.” Désormais installée dans la maison de sa mère, en Normandie, elle ajoute :

Si cela peut paraître idyllique, c’est un curieux mélange entre le sentiment d’être en vacances et quelque chose de plus sinistre.”

Fluctuat nec mergitur

À Paris, “ceux qui restent, occupent des appartements souvent exigus”, explique le FT. Et dans cette situation, remarque le correspondant d’El Mundo, “on comprend ce qu’il est bon de vivre. […] Entendre le camion poubelle ou récupérer son journal dans la boîte aux lettres prend désormais une saveur particulière”.

Une sensation qui est la même pour la journaliste de Die Welt. Elle déplore néanmoins, après avoir promené son chien sur “la place vide de la Concorde”, que la situation a “des airs de fin des temps”.

Mais si, “le cœur de l’Europe a cessé de battre”, elle tient quand même à rappeler que, “fidèle à sa devise, Paris tangue mais ne coule pas” (Fluctuat nec mergitur)Peut-être, conclut-elle, qu’“en réalité, la ville est encore plus belle sans la foule”.

 

Audrey Fisné

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