Vu de l’étranger – La mise en cause du gouvernement, ou la “bombe politique” d’Agnès Buzyn en pleine crise du coronavirus

Les propos de l’ancienne ministre de la Santé remettent en question la gestion de l’exécutif de la crise sanitaire actuelle, explique la presse étrangère. Macron est attaqué dans son propre camp.

“Le président Macron a-t-il sciemment minimisé le danger d’une épidémie meurtrière de Covid-19 ?” s’interroge la Frankfürter Allgemeine Zeitung (FAZ). Le journal allemand pose la question après la publication d’un article du Monde, mardi 17 mars, qui rapporte les propos on ne peut plus polémiques d’Agnès Buzyn.

Candidate LREM à la mairie de Paris – après le scandale sexuel qui a forcé Benjamin Griveaux à sortir de la course – l’ancienne ministre de la Santé a expliqué avoir “alerté le directeur général de la Santé” et “envoyé un message au président sur la situation [concernant le coronavirus dès] le 11 janvier”. Elle poursuit :

Le 30 janvier, j’ai averti Édouard Philippe que les élections [municipales] ne pourraient sans doute pas se tenir. Je rongeais mon frein. […] Depuis le début, je ne pensais qu’à une seule chose : au coronavirus. On aurait dû tout arrêter. C’était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar. J’avais peur à chaque meeting.”

Une “confusion générale”

 

Est-ce un “véritable aveu ou le coup de poignard d’une candidate vexée de n’avoir recueilli que 17,6 % des voix” au premier tour ? écrit le quotidien suisse Le Temps. Le doute subsiste. Il n’empêche que ces propos font l’effet d’une “bombe politique”.

La preuve, pour le quotidien milanais Il Giornale, que “la bagarre politique concernant l’épidémie de coronavirus n’est pas seulement une particularité italienne”. En France, “ça a créé une confusion générale, faite d’accusations et de réponses qui n’épargnent aucune des grandes formations politiques du pays”.

Or, au moment où “les querelles partisanes ont été mises de côté”, ajoute El País, “on aurait eu du mal à imaginer que les reproches les plus sévères sur la gestion de crise du président Emmanuel Macron viendraient de son propre camp”.

Difficile aussi de ne pas craindre un peu pour l’unité nationale”, prévient “Le Temps”, “condition sine qua non de l’acceptation du confinement strict de deux semaines au moins qui a commencé à se mettre en place mardi [17 mars] à midi”.

Le gouvernement mis en cause

“Cet aveu suscite la colère de tous”, renchérit la FAZ. Si bien qu’après la publication de l’article, des opposants ont appelé à l’ouverture d’une enquête parlementaire. Et alors qu’Agnès Buzyn est revenue sur ses propos, avouant “regretter l’utilisation du terme de ‘mascarade’, la tonalité de [l’] article et l’utilisation qui en est faite en cette actualité”, le Premier ministre a été contraint de s’expliquer sur le sujet lors d’une interview à la télévision mardi 17 mars.

Mais ce que l’on retiendra de cet épisode, assure Le Temps, c’est finalement la “remise en cause” du gouvernement “sur ce qui est le nerf de sa ‘guerre’ face au virus”, à savoir “la crédibilité et la confiance”.

Audrey Fisné

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