Coronavirus : pourquoi des avions volent sans passagers

Alors que le coronavirus paralyse plusieurs pays européens, notamment l’Italie et la France, les compagnies aériennes continuent d’assurer les liaisons, parfois à vide. Explications.

La photo a été prise vendredi par un correspondant de France Télévisions revenant de Rome en avion et a été partagée de très nombreuses fois sur les réseaux sociaux. On y voit l’intérieur de l’appareil et la quasi-totalité de ses sièges vides. « Il n’y avait que 14 passagers », relate ainsi François Beaudonnet sur Twitter.

François Beaudonnet

@beaudonnet

:

Vol Air France Rome / Paris :

embarquement terminé

Photo : Hakim Abdelkhalek@infofrance2 @france2tv @franceinfo

Alors que le coronavirus paralyse plusieurs pays européens, notamment l’Italie et la France, les compagnies aériennes continuent en effet d’assurer les liaisons, malgré les nombreuses annulations de voyages, notamment à destination de l’Italie où 15 millions d’habitants sont confinés.

Alors que le coronavirus paralyse plusieurs pays européens, notamment l’Italie et la France, les compagnies aériennes continuent en effet d’assurer les liaisons, malgré les nombreuses annulations de voyages, notamment à destination de l’Italie où 15 millions d’habitants sont confinés.

Selon l’Association internationale du transport aérien (IATA), le nombre de passagers aurait baissé de 24 % sur les vols d’Europe de l’Ouest (Autriche, France, Italie, Allemagne, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Suisse, Suède, Royaume-Uni). Pour faire face à la crise, Air France a réduit ses capacités de vol de 20 % pour le mois de mars sur l’ensemble du réseau européen et de 30 % pour le nord de l’Italie. Easy Jet a pris des mesures similaires. Ce qui n’empêche pas certains avions de voler à vide et de déverser des milliers de tonnes de CO2 dans l’atmosphère.

L’enjeu économique des créneaux horaires

 

Les compagnies aériennes sont en fait soumises au règlement communautaire 95/93 sur les créneaux aériens, entré en vigueur en 1993. La Commission européenne définit un créneau comme « l’autorisation d’atterrir ou de décoller à une date et à une heure données dans un aéroport saturé ». Deux fois par an, en novembre puis en juin, ces créneaux sont distribués aux compagnies aériennes et remis sur le marché selon la règle du « créneau utilisé ou perdu ». Si une compagnie n’utilise pas au moins 80 % de son créneau sur la saison, elle le perd au profit d’une autre compagnie.

Chaque Etat membre possède son propre coordinateur, de même que le Royaume-Uni, la Norvège, la Suisse et l’Islande. En France, c’est la Cohor qui alloue environ un million de créneaux horaires sur les plus gros aéroports français depuis 2017. Sauf que « le règlement ne prévoit pas de disposition lorsqu’il y a une baisse soudaine de la fréquentation », pointe Eric Herbane, coordonnateur délégué à la Cohor. Selon lui, un amendement temporaire est nécessaire « au moins jusqu’à fin juin à la fois pour éviter de faire voler des avions vides, et pour garantir la stabilité des créneaux horaires ».

De son côté, la Commission européenne affirme travailler sur une solution. « Dans le cas des vols depuis ou à destination de la Chine et de Hong Kong, les coordinateurs de créneaux européens ont permis aux compagnies d’invoquer un cas de force majeur, ce qui signifie qu’elles ne perdront pas leurs créneaux l’année prochaine. Dans le cas des autres liaisons, la commission est en train d’analyser l’impact du coronavirus sur l’industrie de l’aviation. Nous évaluons toutes les options sur la table, y compris la possibilité de modifier la réglementation sur les créneaux pour faire face à la crise », affirme un porte-parole de l’institution.

Entre 60 et 110 milliards de dollars de perte

 

Par le passé, des dispositions exceptionnelles avaient été prises pour limiter les pertes des compagnies aériennes, notamment après l’attentat de septembre 2001 ou encore lors de la crise financière, comme le rappelle l’Association des coordinateurs d’aéroports européens (EUACA) dans un communiqué publié ce lundi. L’EUACA demande que les « historiques de créneaux » des compagnies soient reprogrammés pour la prochaine saison, sans tenir compte de la règle des 80 %.

Jeudi dernier, l’Association internationale du transport aérien (IATA) estimait les pertes potentielles pour les compagnies aériennes liées au coronavirus entre 60 et 113 milliards de dollars. « En un peu plus de deux mois, les perspectives de l’industrie dans une grande partie du monde sont devenues dramatiques », s’alarmait son directeur Alexandre de Juniac, ex-PDG d’Air France, tout en demandant des « allègements en matière de fiscalité, de redevances et d’attribution des créneaux ».

Lors d’une conférence de presse tenue lundi matin, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a assuré être « intervenu auprès du commissaire européen pour lui demander que les compagnies aériennes puissent conserver leurs créneaux aériens sans avoir à faire tourner leurs avions à vide dans le ciel ». Le ministre britannique des Transports, Grant Shapps, avait déjà pris les devants jeudi dernier en formulant cette même demande. En 2018, les avions ont émis 918 millions de tonnes de CO2, soit 2,4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, d’après une étude du Conseil international des transports propres.

Source : Le Parisien

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