En déclarant cette fin de semaine au cours d’une conférence de presse que la Mauritanie reconnait la RASD mais reste neutre le président mauritanien s’inscrit dans une realpolitik ambigüe. Cette déclaration officielle de Nouakchott résume parfaitement la vision de la politique étrangère de Ould Ghazouani et qui risque de froisser Rabat.
Les observateurs ont du mal à cerner le nouveau locataire de la Maison brune surtout en ce qui concerne sa politique étrangère surtout arabe qui privilégie l’intérêt que les principes de l’indépendance. La reconnaissance de la RASD illustre parfaitement cette difficulté. Si Ould Aziz s’était montré très clair en se rapprochant du Polisario au point même d’ouvrir un bureau à Nouakchott Ould Ghazouani veut ménager chou et chèvre en même temps. Reconnaitre le Polisario tout en gardant la neutralité est une position ambigüe. Un pied dedans et un pied dehors.
Politiquement c’est reconnaître tous les droits d’autodétermination du peuple sahraoui. Ce qui est contraire à l’autonomie marocaine. Il s’agit d’une neutralité strictement d’intérêt qui permet jusqu’ici à Ould Ghazouani de jouer une diplomatie prudente. Il n’en demeure pas moins que cette déclaration officielle ne va pas plaire à Rabat mais réconforte plus Alger. Dans un nouveau contexte de renforcement de l’axe Nouakchott-Rabat qui frise une nouvelle lune de miel cette reconnaissance révèle la maladresse de la politique étrangère de Ould Ghazouani.
Un virage pro-Alger qui pourrait froisser Rabat et poser des problèmes quant à la médiation de Nouakchott dans le conflit du Sahara occidental au moment même où le président mauritanien appelle à la renaissance de l’UMA justement bloquée par le différend sahraoui.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya 08 mars 2020)
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