Faut-il utiliser des singes pour comprendre et combattre le coronavirus ?

Aux États-Unis, plusieurs laboratoires sont déjà sur la piste.

À défaut de pouvoir faire des expériences sur des humains, les scientifiques disposent toujours des ressources de l’expérimentation animale, pour tâcher de mieux comprendre le développement de certaines maladies. Pour cela, il faut trouver des sujets susceptibles de présenter des symptômes similaires à ceux constatés chez les humains. Dans le cas du coronavirus, toux, éternuements, fièvre et congestion thoracique.

Avec 98% de similitude génétique, les primates sont évidemment les plus proches de l’humain. Aux États-Unis, une petite coalition de laboratoires a donc décidé de mener des recherches sur les singes afin d’éclairer le fonctionnement du covid-19, et de déterminer quel type de traitement serait le plus efficace.

Babouins, macaques et ouistitis

 

«Les animaux de laboratoire étant rares, les laboratoires évitent de multiplier les efforts sur une même espèce», rapporte Bloomberg. Une façon de déterminer plus rapidement quelle espèce présentera les résultats les plus probants. Alors que le centre de primates de l’université du Wisconsin étudie des ouistitis, c’est la réaction des macaques rhésus que les laboratoires des montagnes Rocheuses, dans le Montana, observent. L’institut Texas BioMedical dispose quant à lui d’une colonie de babouins forte de huit générations et 1.000 spécimens.

Auparavant, c’est pour tester des médicaments contre Ebola que ces animaux avaient été utilisés par les différents scientifiques rattaché·es à ces laboratoires.

Luis Giavedoni, le virologiste en charge du programme sur les babouins, espère pouvoir obtenir une autorisation du gouvernement fédéral dès la semaine prochaine, afin de commencer à cultiver le covid-19. D’ici avril, son équipe, composée de chercheuses, de soigneurs animaliers, de vétérinaires et d’un·e pneumologue pourrait alors lancer des études sur les animaux.

Une première dizaine de babouins recevra alors une forte dose du virus. Le covid-19 s’étant révélé être le plus mortel sur les humains malades ou âgés, les babouins sélectionnés seront jeunes quant à eux. Ils seront ensuite soumis à une observation rigoureuse –température corporelle, analyses sanguines, radiographies…

S’ils tombent malades de la même façon que les humains, alors des médicaments pourront être testés afin de déterminer une possible thérapie. Dans le cas où ils ne présenteraient aucun symptôme, ou simplement de très légers, cela pourrait être utilisé pour comprendre la transmission de l’agent pathogène, notamment chez les personnes asymptomatiques.

Des réglementations légères

 

L’utilisation d’animaux à des fins scientifiques n’est cependant pas une évidence, et pose de lourds problèmes éthiques au regard de la maltraitance animale. Les laboratoires employant ce type de pratiques font régulièrement l’objet de dénonciations de la part des militant·es des droits des animaux.

Aux États-Unis, une loi fédérale est censée réglementer l’expérimentation animale. Elle exige notamment une supervision de toute procédure par des vétérinaires et, sans interdire les pratiques susceptibles d’infliger de lourdes souffrances, requiert un accompagnement pour soulager les sujets d’expériences, ou les euthanasier le cas échéant.

De son côté, la France a officiellement adopté depuis 2013 la directive européenne de 2010 sur la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques. Elle s’appuie sur le «principe des 3 R», qui vise à Réduire le nombre d’animaux dans les laboratoires, Remplacer les expérimentations animales par d’autres modèles (numériques, sur des cellules ou des tissus…), et Raffiner les conditions de détention des animaux, en supprimant ou réduisant les souffrances.

Les primates ne représentent en France qu’une infime part des animaux de laboratoire. Sur les un peu plus de deux millions d’animaux utilisés lors de procédures expérimentales, les souris et les rats comptent pour 86%. Au total, 25% des animaux sont utilisés dans le cadre de recherches sur la sécurité sanitaire.

Repéré par Léa Polverini

Repéré sur Bloomberg

Source : Slate

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