Aux grands maux les grands remèdes. Devrions-nous, comme ce compatriote africain, accablé par les catastrophes déversées par les médias au sujet de l’Afrique, décider : désormais, l’Afrique, c’est l’Afrique. Et moi, c’est moi. Devrions-nous, par mimétisme, décréte r: la Mauritanie, c’est la Mauritanie. Et moi, c’est moi.
Notre hygiène mentale y gagnerait probablement. Simplement, est-ce toujours possible et /ou souhaitable ? Que gagnerait-on à la démission ou au retrait, d’ailleurs bien plus envisageables pour qui vit hors du pays ? Une tentation de tous les jours pourtant.
Les raisons en sont si évidentes et nombreuses. Un débat circulaire et sans répit. Ultra récurrent sur les mêmes thèmes : la race, l’ethnie et ses variantes, les discriminations,…l’identité. Pourquoi, échangeons-nous si rarement autour d’un film, d’un livre, d’un spectacle ? Pourquoi cette prédilection pour notre « dialogue de fantômes » et son avatar, notre perpétuelle « guerre des récits » qui conduisent immanquablement au même et largement prévisible résultat : parler sans s’écouter.
Pas étonnant après cela d’écoper d’une électrisation des rapports sociaux dont il ne serait pas superflu au passage d’évaluer l’impact en termes de santé publique. Et comme les instances supposées d’intégration que sont l’école, l’armée, les partis politiques, les syndicats, les associations peinent à jouer leur rôle d’amortisseurs parce qu’elles sont, elles-mêmes, réputées contaminées, le mal n’en est que plus difficile à contenir. Loupes grossissantes quant à eux, les réseaux sociaux relayent et, au besoin, amplifient. Nul besoin en l’occurrence.
Notre débat est désespérément manichéen. Le grand écrivain haïtien Dany Laferrière a commis un récit qu’il a intitulé « Pays sans chapeau». Nous serions plutôt les habitants d’un pays où chacun s’emploie à faire porter le chapeau (allez, va pour le turban) à l’autre. Résultat : une « dynamique haineuse » et binaire ne cesse de se développer et s’autoalimenter en même temps qu’elle est entretenue. Le pire est qu’elle n’a rien d’indolore à l’instar du débat sur le « déclinisme » en France par exemple. Certes, on finit toujours par se rassurer.
Nous avons, à force, conçu des formules idoines pour ce faire du genre Rien ne pourra entamer notre unité nationale. On croit ainsi solder le débat quand on ne fait que l’esquiver. On a le sentiment d’être perpétuellement ballotté entre l’alarmisme et le déni. Ou l’incantation qui se situe entre les deux.
« Vous avez le droit d’être découragés mais pas celui de décourager les autres » avait coutume de dire Fidel Castro, paraît-il. Il serait bien prétentieux d’imaginer que ces lignes qui seront lues au mieux par une vingtaine de personnes puissent accoucher d’un découragement collectif! Et c’est tant mieux.
Tijane Bal
Facebook – Le 29 février 2020
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