
Quel est le point commun entre une boulangère, une chancelière, une préfète et une bouchère? Elles sont toutes définies dans le dictionnaire en ligne Larousse, comme « la femme de », la version masculine de ces fonctions.
Des définitions pointées du doigt la semaine dernière par le compte Twitter de « Pépite sexiste », une association de sensibilisation aux stéréotypes sexistes. Le 4 février dernier, l’association publie sur son compte une capture d’écran de la définition du mot « présidente » sur la version en ligne du dictionnaire et interpelle Larousse. On peut y lire : « femme du président ». Idem pour le mot « ambassadrice ».
Vous pourriez mettre cette capture d’écran en illustration de la définition de « sexisme » @LAROUSSE_FR
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Le tweet est rapidement relayé et commenté. Quelques jours plus tard, ces deux définitions ont été remplacées. On peut désormais lire, pour le mot « présidente » : « Personne qui préside une assemblée, une réunion, un tribunal, dont elle dirige les délibérations ou les travaux », la même définition que pour le mot « président ».
Pourtant, aujourd’hui encore, d’autres définitions problématiques demeurent : une préfète est « la femme du préfet ». Même chose pour chancelière. Pour Eliane Viennot, historienne de la littérature, ces définitions-là correspondaient à une certaine réalité… il y a plus d’un siècle. « Jusqu’à la fin du XIXe siècle, ces métiers-là ne pouvaient pas être exercés par les femmes, explique-t-elle au Parisien. Présidente, ambassadrice, préfète pouvaient donc avoir un emploi conjugal ». Mais pour l’historienne, l’utilisation de cette définition aujourd’hui n’a plus aucun sens. « Cela peut même s’apparenter à de l’usurpation : il existe des femmes préfètes, dont c’est le métier. Donc se faire appeler’madame la préfète’parce qu’on est la femme du préfet, cela prête à confusion », poursuit-elle. Quant aux définitions des mots « boulangère », « bouchère », « charcutière » comme « la femme du boulanger/boucher/charcutier, qui travaille à la boutique », Eliane Viennot assure que cela ne correspond à aucune réalité historique. « C’est absurde. Les femmes ont toujours exercé ce métier, et elles étaient imposées en tant que telles », estime-t-elle.
Une vision « absurde et datée »
« Guerrière = Militante infatigable de la condition féminine »
D’autres définitions ont été épinglées sur les réseaux sociaux. Le mot « guerrière » par exemple, définit au féminin comme une « jeune fille, jeune femme qui revendique avec agressivité et violence sa place dans la société » ou une « militante infatigable de la condition féminine ». Un guerrier en revanche est défini comme une « personne qui fait la guerre ; soldat ».
Une définition également présente sous cette forme dans la version écrite du dictionnaire.
Contacté, Larousse indique que ses équipes travaillent actuellement à la version 2021 de leur dictionnaire, mais n’a pas souhaité commenter la polémique.
Source : Le Parisien
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