(Agence Ecofin) – La semaine dernière, le Parlement burkinabè a adopté à l’unanimité une loi visant à armer des civils volontaires pour lutter contre l’insécurité dans le pays. Le projet intitulé « Volontaires de défense de la patrie » (VDP) vise essentiellement à combler l’inefficacité de l’armée, dans la prévention et la riposte contre les attaques subies depuis quelques années par le Burkina Faso.
D’après les autorités burkinabè, il s’agira essentiellement d’enrôler des jeunes d’au moins 18 ans et résidant dans l’une des zones de recrutement. Ces volontaires devraient bénéficier de 14 jours d’une formation dispensée par des officiels de l’armée régulière, avant d’être dotés d’armes légères, d’outils de communication et de vision.
Pour le gouvernement burkinabè, il n’est pas question de faire de ces volontaires, des milices d’autodéfense. A cet effet, la nouvelle loi adoptée clarifie le statut d’un VDP, défini comme « une personne de nationalité burkinabè, auxiliaire des forces de défense et de sécurité, servant de façon volontaire les intérêts sécuritaires de son village ou de son secteur de résidence, en vertu d’un contrat signé entre le volontaire et l’Etat ». Les nouveaux volontaires bénéficieront de certains traitements similaires à ceux de fonctionnaires burkinabè, et leur recrutement devra être subordonné à l’approbation des populations locales, réunies en assemblée générale.
Le vote de cette loi est intervenu au lendemain d’une attaque terroriste qui a tué environ 36 civils dans la région du Centre-Nord. Cette situation s’inscrit dans un contexte de recrudescence des attaques terroristes dans le pays depuis 2015, visant les civils et les militaires dans un Sahel devenu depuis plusieurs années maintenant, un véritable bourbier terroriste.
Si la nouvelle mesure est saluée par le parti au pouvoir, de nombreux observateurs s’inquiètent des dérives probables qu’elle pourrait entraîner, en contribuant à alimenter par exemple les groupes terroristes. De plus, certaines questions subsistent quant au statut de ces volontaires, une fois la menace terroriste éloignée.
Rappelons que la nouvelle loi avait déjà été annoncée en novembre 2019 par le président Roch Marc Christian Kaboré, après l’attaque d’un convoi minier qui a fait environ 39 morts.
Moutiou Adjibi Nourou
Source : Agence Ecofin
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com