TM, colonies et régions

L’Association Traversées Mauritanides, présente sur les terrains littéraires et culturels depuis 2010, étend ses diversités. Et 2020 s’annonce comme un tournent !

                                                              Traversées Mauritanides, des premières qui enchantent !

En décembre dernier, devaient se célébrer les dix ans des rencontres littéraires et culturelles que l’Association Traversées Mauritanides a imposées sur le paysage national et sous-régional depuis 2010.

Les prometteurs de l’évènement ont différé la célébration à avril 2020 ! La raison : offrir de nouveaux « produits » à tous ceux et celles qui suivent et partagent leurs ambitions. Voici les mots de l’éditorial du directeur artistique, Bios Diallo : « Accepter l’ouverture (…). Les rendez-vous littéraires Traversées Mauritanides de Nouakchott ont fait des jaloux, écrit-il. Les régions ont revendiqué leur messe, et c’est adjugé ! Voilà comment les rencontres deviennent itinérantes sur l’ensemble du territoire ! »

L’ouverture s’est faite avec un Hiver littéraire qui a conduit à Nouadhibou, Atar, Chinguity et… Nouakchott, du 10 au 16 décembre 2019. Puis, c’est la Maison de Quartier ouverte à la Cité plage de Nouakchott en 2018 qui a déployé un agenda dédié aux jeunes : des colonies découvertes !

  TM Colonies, une première édition couronnée de succès

La «Maison de Quartier» de la Cité Plage de Nouakchott gérée par l’Association Traversées Mauritanides a clôturé en beauté, mercredi 1er janvier 2020, une semaine de colonies. Près d’un trentaine d’enfants âgés de 5 à 15 ans ont ainsi pu vivre pendant des jours d’intenses émotions, alliant visites de sites mémoriels de la capitale et des cours studieux qui ont aiguisé leur curiosité et créé des vocations.

 

Tous les matins, les enfants venaient prendre le petit déjeuner au siège avant d’entreprendre leur descente sur le terrain, puis à la mi-journée, ils déjeunaient ensemble, dans une ambiance folle. Ce qui a permis de consolider davantage les liens de connaissance et libérer les plus timides. Au menu du dernier jour : impressions des encadreurs, des enfants et de leurs parents. Le tout en musique avec la jeune artiste Noura Varha et la guitariste Oumou Sy. Il y avait aussi les prestations du conteur et slameur Caméléon et le grand humoriste du moment Gros Bébé. Tout le monde a écouté, plié de rires, dansé et retenu les trouvailles de contes pleins de sagesses.

Les gosses ont déclaré avoir vécu des jours merveilleux. Les parents ont, eux aussi, exprimé leur satisfaction et remercié Traversées Mauritanides pour la réussite de la colonie et pour avoir offert à leurs enfants une semaine de bonheur inoubliable. Il faut dire que la colonie a été bien lancée par la première visite à la plage de Nouakchott au cours de laquelle les enfants ont assisté aux débarquements des produits de mer, discuté avec les pêcheurs sur leur travail. Ils prendront même des cours sur les différents genres de pêcheries traditionnelles. Ils piqueront aussi une passion sur la capture du poulpe.

Le lendemain des eaux étendues, cap sur les différents départements du Musée National. Sous la conduite de Hassan, tout leur est expliqué : de la période préhistorique en passant par les villes anciennes et leur histoire, la culture des différentes composantes nationales, leurs habitats, modes de vie, coiffures, habillements… Mais aussi l’histoire de l’artisanat, des forges, des tissages, de la pêche en Mauritanie. De véritables voyages dans l’anthropologie nationale. Suivent les « Parcs » aux oiseaux sur la route de la «Résistance» et des tortues au P.K 7, sur la route de Rosso. Là aussi les enfants s’émerveillent ! Notamment la journée passée dans le premier parc, celui des oiseaux et lapins. Ils s’occuperont peu de leurs repas tellement ils étaient occupés à taquiner les autruches, paons, lapins et autres volailles ! La visite aux tortues a aussi constitué une étape de bonheur au cours de laquelle ils se familiarisent avec cette espèce en voie de disparition et que Bamba Ould Soueidatt, le maître des lieux, entoure de soins et d’amour.

Aux Echos du Sahel, un centre de formation en musique et danse, et à ArtGallé, les jeunes font connaissance avec deux dames dévouées : Emmanuelle Sylla, pour le premier établissement, et Amy Sow pour le second. Les lieux sont vivants, nourrissants.

 

 Les curiosités s’attisent. Manuelle et Amy expliquent leurs activités et décomplexent toute opinion tendant à considérer l’art comme occupation destinée aux oisifs ! Les jeunes apprécient les tableaux d’arts exposés et lissent les instruments de musique en esquissant des pas de danses au milieu de grandes prouesses. Ils y reviendront, c’est promis.

Sans oublier qu’ils ont pu bénéficier aussi d’ateliers d’écriture et cinéma avec l’écrivain et réalisateur Karim Miské et sa femme, elle aussi réalisatrice. Et, cerise sur le gâteau, leurs parents ont eu le privilège d’assister aux projections en avant-première, suivies de débats, du documentaire Décolonisations en présence du réalisateur Karim Miksé aux studios Holpac.

Hiver littéraire décentralisation rassurante

Les rencontres littéraires Traversées Mauritanides, devenues « itinérantes pour répondre aux revendications des régions », ont commencé par Nouadhibou (10 décembre 2019). Avec une conférence portant sur « l’immigration, un sujet littéraire ?», l’édition intitulée Hiver littéraire ne pouvait trouver meilleur choix que la capitale économique. Et pour cause. Il y a une semaine avant l’évènement des candidats à l’aventure vers l’Europe ont laissé leur vie dans ses eaux toujours silencieuses.

 

A l’Alliance française de Nouadhibou un public nombreux et intéressé a répondu à l’appel. Le conférencier, l’écrivain Franco-Togolais Sami Tchak a, par son humour et érudition, convoqué avec brio plusieurs textes littéraires et imaginaires collectifs. Il a séduit l’assistance ! « On ne doit pas regarder la migration dans l’optique de produire de l’émotion », a-t-il. Sans épargner aucune responsabilité, autant du côté des « aventuriers » que des « familles qui mettent toutes leurs fortunes dans des voyages à l’arrivée incertaine, que des autorités qui n’offrent pas assez de perspectives encourageantes » pour dissuader à de tels risques. Sami a aussi présenté en avant-première son livre Les Fables du moineau (Préface d’Ananda Devi, Editions Nf/Gallimard), a montré toute la complexité du sujet de l’immigration. « Il est facile, poursuit l’auteur de La couleur de l’écrivain (La Cheminante, 2014) et de Ainsi parlait mon père (JC Lattès, 2018) de croire que par nos silences et démissions nous ne sommes pas comptables d’une partie des tragédies qui se jouent dans les déserts, les océans et aux bords de nos frontières, physiques et mentales ». Les échanges furent riches, avec de nombreuses questions et interventions du public.

L’excursion dans l’Adrar

Après Nouadhibou, les auteurs ont mis le cap sur l’Adrar les 13 et 14 décembre. Ainsi Sami Tchak, Eric Valmir, Bullo Qareen et Bios Diallo se sont rendus à Chinguity à l’écoute des dunes et du sacré. Ils ont visité plusieurs maisons abritant des manuscrits et rencontré des guides très imprégnés de la culture et des secrets que couvent ses lieux historiques religieux. Le lendemain ils seront rejoints par leur confrère Idoumou Mohamed Lemine à Atar. Ils animeront ensemble une passionnante table ronde : Le désert, entre silences et inspirations. Dans les locaux de l’Alliance française, partenaire de l’évènement comme à Nouadhibou, ils évoqueront avec les mots justes ce que le désert représente pour eux et dans leur culture livresque. Le directeur, Mohamed Mahmoud, a su mobiliser un monde imbu de lectures et qui donnera une ambiance formidable à l’évènement.

L’immersion dans l’école des parents

 

Avec l’AGD et l’UNICEF, le dimanche 15 décembre les auteurs invités prennent part à la Maison des jeunes de Sebkha à la rencontre

« L’Ecole des parents ». Un brillant panel avec Sami Tchad, la critique littéraire Djiboutienne Bullo Qareen, le directeur d’école Cheikh Konaté et Slama Ould Mahmoud président d’une Association de parents d’élèves. La rencontre était modérée par l’universitaire et critique littéraire Achraf Ouédrago.  Autour de l’école, les écrivains et parents ont souligné leurs inquiétudes face aux nouvelles technologies (Internet, Facebook, Watsapp ou Tweeter…) et les attitudes parentales à adopter. Les débats furent passionnants et riches d’enseignements. Ces échanges sont, presque, en échos au débat « Ecrit-on pour une conscience sociale » au Centre culturel marocain qui fut dirigé par Kissima Diagana avec Eric Valmir, Beyrouk, Hamadi Samba Sy, Zeinebou Sidoumou et Harouna N’Diouk. Là on aussi on a interrogé le rôle de l’écrivain dans des sociétés en mutations. Tout comme Eric Valmir avait répondu aux questionnements, cette fois sur la presse, à l’Institut français : « Le journalisme face aux défis du reportage et de l’investigation » à l’époque des « fake news », ces nouveaux outils de la délation et qu’on fait passer pour de l’information. Autrement dit rien n’échappe à l’immersion de l’Internet dans notre nouvelle société !

Et comme à chaque édition, le clou a été aussi la finale du concours Génie en herbe et Epelle-moi tenu à l’Espace Camara à la Socogim PS. Plusieurs écoles, sous la maîtrise de Planète Jeunes, se sont livrées à de belles joutes. Des compétitions dans l’art de la culture générale, de l’assimilation de l’orthographe et de la dictée soutenue. Les compétiteurs sont repartis les bras chargés de cadeaux mais surtout les têtes pleines de nouvelles connaissances, avec toujours de plus grandes curiosités.

Par une photo de famille le mercredi 1er janvier 2020, avec les jeunes et leurs parents, Traversées Mauritanides a bouclé une année 2019 riche en activités et annoncé des vœux pour ses prochains agendas.

 Et c’est la benjamine du groupe Dado Soumaré qui, du haut de ses cinq ans, assène le point levé : « Pas de vacances sans colonies !» Les parents se regardent et partagent de grands sourires de satisfactions devant des progénitures qui échangent leurs comptes Face Book et numéros watsapp ! Anniversaires, sorties, moments festifs se planifient…

Le directeur artistique, Bios Diallo, salue le dévouement de Sylla Ismaïla, Sylla Lassana, Hawa Dia, Oumou Sy, Cheikh Konaté, Tall Mamadou, Patrick Elis… les équipes ayant accompagné les auteurs en régions et les enfants tout au long des activités. Sans ces bonnes volontés, rien n’aurait été possible, dit-il. Il remercie également les partenaires et sponsors pour leurs grands appuis.

Il s’agit de : l’Union Européenne, le Ministère de la Culture, le Service de coopération et d’action culturelle de l’ Ambassade de France en Mauritanie, avec l’Institut français et les Alliances françaises de Nouakchott, Nouadhibou et Atar, l’UNFPA, la Banque Centrale, Moussa Optical, l’Hôtel Halima, Sogeco, la Fédération Luthérienne Mondiale, l’Association Enfance d’Abord, Nouakchott Music Action, Medina…

Bios Diallo terminait son édito par : « Soyez indulgents : la littérature s’écrit aussi dans les erreurs ! ». Rassurons qu’il n’y a pas eu d’erreurs dans ces premières innovations. Au contraire, la colonie comme les tournées littéraires à l’intérieur du pays n’attisent des attentes. Il reste juste à prier pour de meilleurs soutiens !

 

 

Cheikh Aïdara

Source : Traversées Mauritanides

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