Ils avaient besoin d’activités génératrices de revenus (AGR), de formations dans divers domaines, de médicaments et de personnels vétérinaires, de véhicules, d’aires de repos pour les animaux convoyés sur de longues distances, mais aussi de marchés modernes équipés pour la vente de bétail, d’abattoirs…Ils, ce sont les pasteurs mauritaniens et leur famille qui retrouvent un second souffle de vie à travers les multiples interventions du PRAPS, lequel grâce aux 45 millions de dollars de la Banque Mondiale, aux fonds dégagés par l’Etat mauritanien ajoutés à leur propre contribution, est en voie de satisfaire à l’ensemble de leurs besoins. Reportage.
Tout est parti de la Déclaration de Nouakchott du 29 octobre 2013 sur le pastoralisme au Sahel. Les six pays présents à cette rencontre, Mauritanie, Mali, Sénégal, Burkina Faso, Niger et Tchad, décident de «sécuriser le mode d’existence et les moyens de production des populations pastorales et d’accroître le produit brut des activités d’élevage d’au moins 30% au cours des cinq prochaines années, en vue d’augmenter significativement les revenus des pasteurs dans un horizon de 5 à 10 ans». Ainsi est né le PRAPS qui, grâce au concours du fonds IDA de la Banque mondiale, a mobilisé pour la Mauritanie une enveloppe de 49, 9 millions de dollars U.S (environ 1,8 milliards MRU), 90% couverts par la Banque Mondiale et 10% représentant la contrepartie de l’Etat et des bénéficiaires. En Mauritanie, le projet intervient dans dix Wilayas, 36 départements et 179 communes, pour une période de six ans, de 2015 à 2021.
A un an de la fin du programme, le bilan semble élogieux. Pour évaluer l’impact des réalisations du PRAPS au profit des 400.000 bénéficiaire du projet en Mauritanie dont 30% de femmes, un groupe de journalistes a sillonné trois wilayas du pays, Trarza, Brakna et Assaba, en compagnie d’une mission du projet.
Le parc de vaccination de Kraa Lahmar
C’est un véritable parcours du combattant pour arriver à Kraa Lahmar, localité située entre dunes de sables et forêts de jujubiers, à une bifurcation près de la ville de Boutilimit, chef-lieu du département en pleine région du Trarza.Quelques maisons éparpillés où le solaire tient lieu de source d’énergie. Pour alimenter les téléphones portables devenus indispensables, tout comme les vaccins fournis par le projet PRAPS, les équipes vétérinaires mobilisées pour la circonstance et le périmètre des condiments. Une vingtaine de femmes est à l’accueil. L’une d’elles enfourche un long et strident «Youyou » de bienvenue.
Valla Mint Mahmoud, présidente adjointe de la coopérative, tout comme ses camarades mobilisées pour la circonstance, est satisfaite des réalisations du projet, surtout les AGR, financés au profit des femmes. «Nous étions organisés avant l’arrivée du PRAPS, mais le projet a renforcé nos activités par la mise à disposition de matériels pour la conservation de nos produits, par la formation qui nous a été dispensés dans divers domaines. Aujourd’hui, nous faisons du couscous que nous vendons jusqu’à Rosso et Nouakchott et notre production en condiments est exportée dans les grandes villes, mais aussi nos cuirs tannés, ce qui nous a procuré d’importants revenus additionnels».
Mais l’attraction à Kraa Lahmar, c’est le parc de vaccination, l’un des 150 construits par le PRAPS dans ses zones d’intervention pour plus de 1 million de dollars, soit environ 36 millions MRU. Celui de Kraa Lahmar a coûté 256.590 MRU.
Pour Ahmed Ould Abdawa, intérimaire du chef de village et président du comité de gestion du parc composé de deux femmes et trois hommes, « l’ouvrage nous épargne désormais les 10 kilomètres que nous parcourions à chaque campagne pour faire vacciner nos troupeaux, avec les risques liées aux pertes d’animaux en cours de route». Hamada Ould Ahmed Saïd, l’auxiliaire vétérinaire du village formé par le PRAPS renchérit, «aujourd’hui, même les plus réticents apportent leurs animaux pour la vaccination, ce qui a contribué à la baisse, sinon la disparition de plusieurs maladies qui décimaient le bétail».
A Rayan, village situé à quelques encablures plus au Sud, l’Inspecteur départemental, Mohamed Ould Imigine et son équipe sont en plein exercice, dans le parc construit par le PRAPS en ces lieux. «Le parc de vaccination de Rayan est situé entre 5 villages, ce qui en fait un pôle d’affluence, sauf qu’aujourd’hui une bonne partie du bétail est en transhumance. Le problème ce n’est plus les maladies que nous sommes parvenus à éradiquer grâce au PRAPS qui a mis à disposition les médicaments contre la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB), la peste des petits ruminants (PPR) ou encore la pasteurollose. Environ plus de 3 millions de vaccins sont mobilisés pour la campagne nationale chaque année. Le problème c’est le pâturage, nous avons subi plusieurs mauvaises saisons hivernales».
Pour l’inspecteur, le nombre d’éleveurs réticents à la vaccination a beaucoup diminué, surtout quand ils ont vu les résultats. Il a mis surtout la réussite des campagnes de vaccination sur le compte des moyens logistiques offerts par le PRAPS. «Auparavant, nous ne disposions pas de voitures, mais aujourd’hui chaque département est doté d’un véhicule offert par le PRAPS pour l’acheminement des médicaments et le transport des équipes de vaccination, carburant et indemnités du personnel compris».
La mini laiterie de Bouteidouma
Située à 69 Kilomètres de Rosso, face à la Nationale reliant Nouakchott, Bouteidouma, localité relevant de la commune de MBallal dans la Moughataa de Keur Macène, est fière de sa mini laiterie construite grâce au concours du PRAPS pour un montant de 6.250.000 MRU. D’une capacité de 100 à 200 litres de lait par jour, cette unité de transformation du lait est gérée par les femmes. «La mini laiterie va faciliter l’accès au marché à des populations vulnérables, notamment les femmes et les jeunes, renforcer leurs capacités de résilience, combattre l’insécurité nutritionnelle et contribuer à l’amélioration des revenus des bénéficiaires» selon la fiche de présentation du projet.
Vatimetou Mint Mohamed Zayed Mouslimine, présidente de la coopérative «Rahma» qui regroupe les 300 adhérentes du village, souligne que «l’intervention du PRAPS dans la localité de Bouteydouma est inestimable. Le projet a dispensé aux femmes et aux jeunes du village une formation de qualité dans les domaines du maraîchage, de la couture et de la tannerie, sans compter cette unité de transformation qui va changer complètement nos vies».
Cheikh Aidara
Source : Thaqafa
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