Il est bon de se plaindre (mais faites-le bien)

De quoi vous réconcilier avec vos jérémiades.

Météo pourrie, trop de boulot, un colis qui n’arrive pas, des transports en commun bloqués: il existe un millier de raisons de se plaindre. Si à trop forte dose, pleurnicher sur son sort ne paraît pas bien productif (en plus d’être insupportable pour son entourage), pratiqué avec parcimonie et en toute connaissance de cause, cela peut se révéler bien plus utile qu’on ne le pense.

Dans un premier temps, il est important de se rassurer: tout le monde se plaint! Même la personne la plus éperdument positive, dont le sourire est indissociable de son visage, râle et geint. Pourquoi? Parce que la vie n’est pas parfaite, tout simplement.

Exprimer des sentiments négatifs est non seulement normal mais aussi sain, estime Robin Kowalski, professeure de psychologie à l’université de Clemson, aux États-Unis: l’attente irréaliste selon laquelle nous devrions toujours baigner dans le bonheur pourrait nous faire sentir encore plus mal. Refouler son insatisfaction, c’est risquer d’enfouir au fond de soi un problème qui mériterait peut-être toute notre attention.

La docteure Kowalski distingue la plainte «expressive», en soufflant, et la plainte «instrumentale», dans le but de réaliser un objectif. Toutes deux peuvent être bénéfiques. Se plaindre un bon coup et repartir de l’avant peut nous permettre de prendre du recul sur une situation stressante, de mettre des mots sur nos sentiments. Et le seul fait de nommer ce qui ne va pas revient déjà à se libérer d’une partie de son poids.

Mais ce n’est pas tout: socialement, une bonne petite plainte peut permettre de créer un lien avec des inconnu·es. Quand tout le monde se met à soupirer à l’arrêt de bus parce que l’attente est interminable, la conversation s’engage plus rapidement et facilement. La plainte est un outil social que nous affectionnons particulièrement.

L’art et la manière

 

La frontière entre récrimination légitime et jérémiade infondée est mince. Si se plaindre fait partie de nos moyens de communication, il y a, comme pour tout type d’échange, un lieu et un moment appropriés pour le faire.

Trop souvent, on exprime à quel point on est agacé·e ou énervé·e par une situation sans proposer d’issue constructive. Comme met en garde un article du New York Times, gare à la spirale de plaintes négatives dont vous ne pourrez vous extraire.

Éviter d’aller pleurer dans les bras d’une personne renforçant vos points de vue négatifs plutôt que de vous aider à trouver des solutions. Contentez-vous de séances courtes et réfléchies, pour faire de votre lamentation une expérience positive.

Pour les petits griefs, prendre du recul peut vous aider à éliminer rapidement ce sentiment de négativité; pour les plaintes plus importantes, cela peut vous indiquer la voie de ce qu’il vous faut changer dans votre quotidien.

Le New York Times conseille de dépasser l’attitude défaitiste consistant à se dire que de toute façon, «ça ne sert à rien». Pour être efficace, pensez constructif et plaignez-vous autant que vous le souhaitez!

Repéré par Robin Tutenges

Repéré sur The New York Times

Source : Slate (France) – Le 07 janvier 2020

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page