Le Comité judiciaire de la Chambre des représentants a voté en faveur des deux chefs d’accusation retenus contre le président, soit abus de pouvoir et entrave au travail du Congrès.
Sans surprise, les deux chefs d’accusation ont été adoptés selon les lignes partisanes, à 23 voix contre 17, l’un des démocrates étant absent pour cause de maladie.
Le dossier se transportera donc devant l’ensemble de la Chambre des représentants, qui se prononcera à son tour la semaine prochaine, vraisemblablement mercredi, selon des médias américains.
L’issue du vote a été scellée en moins de 10 minutes, mais c’est surtout parce que le président du Comité, Jerry Nadler, a suspendu la séance de la veille, qui s’est étirée sur 14 heures en raison des amendements déposés par les républicains. La décision de mettre un terme aux travaux – au cours desquels les débats étaient acrimonieux, et les mêmes arguments répétés à l’envi – avait mis en colère les élus républicains.
La déclaration de Jerry Nadler après sa sortie de la salle a été laconique : Aujourd’hui est un jour solennel et triste. La Chambre agira rapidement
, a-t-il dit.
Le communiqué de la Maison-Blanche a été tout aussi lapidaire. Cette mascarade désespérée qui sert d’enquête en destitution du Comité judiciaire de la Chambre est arrivée à sa fin honteuse. Le président attend avec impatience de recevoir du Sénat le traitement équitable et le processus équitable qui continuent de lui être honteusement refusés par la Chambre
, a déclaré la porte-parole de la Maison-Blanche, Stephanie Grisham.
Le républicain le plus haut placé du Comité, Doug Collins, a pour sa part dénoncé l’abus de pouvoir
des démocrates.
Les avocats du président avaient refusé de participer aux auditions du Comité judiciaire.
Les démocrates accusent le président d’avoir voulu extorquer à son homologue ukrainien la tenue d’enquêtes favorables à sa réélection en utilisant comme levier une aide militaire de 391 millions de dollars. Ils concluent que Donald Trump a ainsi compromis la sécurité nationale pour son bénéfice personnel.
Vers une mise en accusation quasi assurée
Si au moins l’un des deux chefs d’accusation est approuvé par la Chambre à la majorité simple, ce qui semble assuré, il reviendra au Sénat de tenir le procès en destitution du président.
Le procès se tiendra vraisemblablement en début d’année prochaine, sous la présidence du juge en chef de la Cour suprême, John Roberts.
Pour que la procédure aboutisse à la destitution de Donald Trump, il faudrait qu’une majorité qualifiée des deux tiers se prononce pour cette option au Sénat, où les républicains sont majoritaires, ce qui paraît fort peu probable.
Donald Trump est le quatrième président menacé par une procédure de destitution, après Andrew Johnson, en 1869, Bill Clinton, en 1998, et Richard Nixon, en 1974. Les deux premiers ont été acquittés par le Sénat, et le troisième a préféré démissionner avant que la Chambre ne se prononce sur les chefs d’accusation.