Ligue 1 : le PSG écrase l’OM dans un « classique » devenu banal

Face à des Marseillais deux crans en dessous, le Paris Saint-Germain a maîtrisé son sujet (4-0) et satisfait ses supporteurs, qui tentent de maintenir intact le prestige de ce match.

Les matchs amicaux sont toujours l’occasion rêvée, pour un joueur de retour de blessure, de retrouver le rythme. Ainsi Thomas Tuchel a-t-il fait entrer Edinson Cavani à la 71minute de Paris Saint-Germain – Olympique de Marseille (4-0), dimanche 28 octobre.

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Il n’y a pas vraiment eu de match au Parc des Princes entre Paris et Marseille, parce qu’une équipe jouait au football beaucoup mieux que l’autre en première période, et qu’elle a simplement arrêté de jouer en seconde. C’est la réalité des « clasico » de l’ère moderne qui, côté marseillais, imitent de mieux en mieux les tragédies.

L’invincibilité parisienne s’étire depuis huit ans et, avec ces baffes qui reviennent de plus en plus vite, Paris domine désormais l’OM sur l’ensemble des confrontations en première division (31 victoires chacun, 106 buts marqués par le PSG, 103 encaissés). De la rivalité entre deux clubs, reste le folklore des tribunes mais, sans confrontation sur le terrain, il n’est plus que cela : une survivance du passé, dont les plus jeunes supporteurs des deux clubs doivent probablement douter de la pertinence et dont les chants – ceux que la ministre des sports voulait bannir et qui redoublent d’intensité – sonnent de plus en plus faux.

Sans supporteurs marseillais

 

Tifo dans les tribunes du Parc des Princes avant le coup d’envoi entre le PSG et l’OM.
Tifo dans les tribunes du Parc des Princes avant le coup d’envoi entre le PSG et l’OM. Kamil Zihnioglu / AP

 

Si les puristes trouvaient factice le « classique » des années Tapie et Canal Plus, que peuvent-ils penser aujourd’hui de cette contrefaçon ? Dimanche soir, il n’y eut, autour du Parc des Princes ou sur la pelouse, rien de ce qui en fit un rendez-vous que l’on attend comme un réveillon. Les supporteurs marseillais, assignés à résidence, avaient dû se contenter de hurler pour les féminines, elles aussi écrasées 5-0 par celles du PSG. Leurs joueurs ont mis sur le terrain l’engagement d’une rencontre du samedi soir, ne refusant jamais la punition qui se dessinait.

Andre Villas-Boas leur avait préparé le terrain en affirmant, à une semaine du choc, qu’il faudrait surtout être prêt pour le match suivant, en Coupe de la Ligue contre Monaco. Message reçu : les Marseillais sont montés à l’abordage sans s’assurer de leur bagage tactique ni technique, laissant entre leur ligne du milieu de terrain et la défense des espaces béants dans lesquels s’engouffrèrent Marco Verratti et Angel Di Maria.

Les deux hommes, bien au-dessus de la mêlée techniquement, insufflèrent vitesse et précision au jeu parisien après dix bonnes minutes marseillaises, et offrirent à Mauro Icardi et Kylian Mbappé un doublé chacun en première période. Ensuite, chacun pouvait penser à la suite, Monaco pour Marseille, Brest pour le PSG.

« Un autre championnat »

 

Et tout cela allait presque sans mal, à écouter les Phocéens. Kevin Strootman : « Paris joue un autre championnat que nous. On veut faire mieux, on doit faire mieux mais on doit penser aux matchs plus importants pour nous, ceux contre Lille, Lyon ou Monaco. » Villas-Boas : « En deuxième mi-temps, je suis très fier de mes joueurs. C’était une très bonne performance individuelle et collective. La première mi-temps, il n’y a rien qui m’intéresse. » Ce qui rend la vie plus simple.

 

 

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Sans doute est-il plus confortable de perdre un match en s’étant convaincu qu’on ne voulait pas vraiment le gagner, mais il n’est pas certain que ce défaitisme renforce la cote d’amour de l’entraîneur portugais dans les travées du Vélodrome. En face, c’est sûr, les Parisiens ont le beau rôle et, après la douche, tous vantaient l’importance de la victoire pour leurs supporteurs.

« C’est un match avec une grande histoire, on doit la respecter »

 

Pour Thiago Silva ou Marco Verratti, ces trois points sont forcément les mêmes que la semaine passée, à Nice. Reste que le « classique » est l’une des très rares rencontres de Ligue 1 que le PSG aborde avec l’intensité et la concentration d’un match de Ligue des champions. C’est un honneur que les stars parisiennes ne font pas à Reims, Strasbourg ou Toulouse, mais c’est aussi pour cela que ces trois clubs, comme d’autres, ont battu le PSG ces dernières années, tandis que Marseille court encore après l’exploit.

Dans ce football sans trop de repères, c’est sur deux entraîneurs étrangers que l’on dut compter, in fine, pour apporter un peu de piquant à la rencontre. C’était dans les couloirs, sur la question du respect dû au « classique ». Où Andre Villas-Boas reprocha à son homologue un brin de démagogie : « Thomas Tuchel peut inventer les choses qu’il veut avec l’effectif qu’il a, les millions, les milliards qu’il a et qu’il dépense. Thomas Tuchel doit se concentrer sur la Ligue des champions. » Et où Tuchel fit encore mine d’être né rouge et bleu : « C’est un match avec une grande histoire et on doit la respecter. Ce n’est pas un match comme un autre pour nos supporteurs et pour la ville de Paris. (…) On l’a joué comme un match important et ça l’était pour nous. On a montré exactement la mentalité nécessaire pour jouer un “classique”. »

Ce fut un soir à se contenter de cela, et de la beauté du pied gauche d’Angel Di Maria.

Clément Guillou

Source : Le Monde

 

 

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