
L’humilité n’est pas le plus remarquable des traits de personnalité, mais c’est une qualité importante. Et difficile à feindre.
Une équipe de recherche s’est récemment intéressée à une qualité discrète qui fait peu parler d’elle: l’humilité. Définie comme «la capacité de reconnaître avec précision ses limites et ses capacités, et une position interpersonnelle qui est axée sur l’autre plutôt que sur l’individu», l’humilité fait aujourd’hui l’objet de travaux plus poussés.
Daryl Van Tongeren, psychologue au Hope College, est l’un des auteurs de l’article consacré à l’humilité récemment paru dans Current Directions in Psychological Science. Il explique que «la recherche sur l’humilité s’est développée rapidement» et «qu’il était temps de mettre les gens au courant et d’exposer les questions ouvertes pour guider les recherches futures». À l’heure où de nombreuses personnalités mettent en avant leur humilité, la psychologie sociale tente de comprendre comment fonctionne ce trait de caractère souvent revendiqué mais peu pratiqué.
Depuis les années 1990, la recherche s’efforce de construire une psychologie «positive» qui cerne mieux des traits de caractère que sont la fierté, le pardon, le courage et le contentement. L’humilité fait désormais partie des caractères analysés par le questionnaire à cinq facteurs, le Big Five.
Comment déterminer l’humilité
Il n’est pas simple de savoir si une personne est réellement humble ou non: celle qui l’est ne le dira pas, celle qui ne l’est pas aura tendance à s’en vanter. Elizabeth Krumrei Mancuso, chercheuse en psychologie à l’Université Pepperdine, a mené une série d’expériences pour évaluer l’humilité intellectuelle des volontaires. Elle a déterminé que cette dernière n’était pas liée au quotien intellectuel ni aux idées politiques, mais plutôt à la curiosité, à la réflexion et à l’ouverture d’esprit.
D’autres recherches ont établi que les personnes qui obtiennent de bons résultats en matière d’humilité sont moins agressives et portent moins de jugements envers les membres d’autres groupes religieux, même et surtout après avoir été questionnées sur leurs propres opinions religieuses. «Ce genre de résultats peut expliquer le fait qu’il n’est pas facile de manipuler les gens qui font preuve d’une grande humilité intellectuelle en ce qui concerne leurs opinions», indique Elizabeth Krumrei Mancuso.
Daryl Van Tongeren et son équipe pensent que l’humilité est une qualité précieuse qui peut permettre de maintenir des relations engagées avec autrui tout en étant plus tolérant·e envers les autres et envers soi-même. Reste à savoir comment enseigner l’humilité à celles et ceux qui en auraient besoin.
Repéré par Odile Romelot
Repéré sur The New York Times
Source : Slate (France)
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