Mauritanie : la transcription des langues nationales en caractère arabe fait polémique

Les observateurs sont focalisés cette semaine sur un vieux débat aujourd’hui dépassé sur la transcription des langues nationales en caractère arabe en Mauritanie. L’ampleur des polémiques sur les réseaux sociaux est un nouveau signe d’alerte du retour du nationalisme étroit arabe sur la scène politique.

La transcription des langues nationales ( pulaar, sooninke et ouolof) en caractère arabe est un faux débat dans la mesure où la problématique a été déjà réglée officiellement sous le régime de Ould Haidallah dans les années 82. C’est Ould Taya à partir de 84 qui a tout remis en cause en fermant l’Institut des langues nationales. C’est le début de la négation des cultures africaines qui va atteindre son paroxysme avec la « dénégrification » de la Mauritanie en 89. Cette parenthèse historique n’est pas sans rappeler la réussite de l’expérience de l’enseignement des langues nationales saluée par tous les pays de la sous-région et au-delà qui avaient adopté la transcription en caractère latin.

Les enseignants du Fondamental ont constaté que l’écolier en pulaar, sooninke et ouolof maitrisait mieux toutes matières confondues que l’écolier du cycle normal. Ce qui veut dire que les langues nationales sont capables de véhiculer la science comme l’arabe ou le français ou toute grande langue de communication. Aujourd’hui la langue pulaar est en avance par rapport aux autres langues même dans le domaine des nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Le navigateur Firefox est disponible en pulaar. Autant d’arguments irréfutables qui balaient d’un revers de la main l’efficacité de la transcription de ces langues en caractère arabe relayée par les sites arabophones et d’intellectuels arabes mauritaniens qui mettent en avant le facteur d’unité nationale. Il s’agit d’un amalgame entre l’islam et arabité entre mauritaniens et musulmans. Tous les mauritaniens sont musulmans mais pas arabes. Le principal enjeu des langues nationales c’est leur reconnaissance comme langue d’enseignement. Un problème d’ordre essentiellement politique.

En Mauritanie comme dans les autres pays africains le blocage est dans la tête des chefs d’Etat qui doivent opérer une décolonisation de leurs esprits autrement dit changer de logiciels de gouvernance. Aucun développement ne pourra se faire sans la promotion des langues nationales.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

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(Reçu à Kassataya le 15 octobre 2019)

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