Les observateurs sont surpris cette semaine qu’un conseiller saoudien fasse la demande d’expulsion de la Mauritanie de la ligue arabe pour des raisons liées à ses différentes composantes nationales à son histoire et à sa géopolitique. Un camouflet aux dirigeants mauritaniens de Ould Daddah à Ould Ghazouani.
Cette demande vise également la Somalie et Djibouti. La Mauritanie a adhéré à la ligue arabe en 1973 sous le régime du feu Mokhtar Ould Daddah. Son expulsion demandée par un conseiller saoudien fait l’ effet d’une bombe politique au sommet de l’Etat mauritanien d’abord et ensuite à la classe dirigeante et au sein des extrémistes arabes toutes tendances confondues qui ont contribué à la propagation d’une idéologie importée.
La Mauritanie un pays islamique c’est une réalité et non arabe. Ce n’est pas une nouveauté en tout cas pour tous les patriotes mauritaniens qui croient toujours à un pays trait d’union entre le monde arabe et le monde africain. Que ce soit un conseiller de surcroit saoudien qui tance le pouvoir en lançant à la face du monde cette vérité historique c’est inédit.
C’est la première fois qu’un pays ami enfonce un clou dans le cœur d’un système politique qui a servi aux différents locataires du palais de Nouakchott de perpétuer la domination d’une communauté sur les autres composantes nationales. Un coup de massue qui fait très mal à la tête de ceux qui ont toujours cru longtemps à l’arabisme mauritanien. Cette déclaration du conseiller saoudien remet en cause tout l’édifice bâti pendant plus d’un demi-siècle sur un complexe identitaire. En attendant la réaction de Nouakchott c’est une véritable claque qui remet la diversité culturelle mauritanienne au cœur de la difficile cohabitation dont la principale cause est sans aucun doute l’apartheid déguisé depuis 1960.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 24 septembre 2019)
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