Mauritanie : les FPC relancent le débat sur l’identité

Le recrutement des 47 élèves officiers dans l’armée de l’air continue de susciter des polémiques sur les réseaux sociaux. Des débats qui semblent réveiller les vieux démons du racisme. Face à cette résurgence du passé le porte-parole des FPC revient sur le chauvinisme des nationalistes arabes qui excluent l’identité africaine de la Mauritanie.

A peine sortis d’une semaine polémique sur l’usage uniquement de la langue arabe dans les documents officiels défendu mordicus par l’Association mauritanienne de diffusion et de défense de la langue arabe, les réseaux sociaux sont focalisés cette semaine sur le recrutement discriminatoire de 47 élèves-officiers pilotes.

Les débats ont vite tourné entre les tenants d’un chauvinisme panarabe d’obédience Baathiste qui persistent et signent l’arabité de la Mauritanie et l’autre tendance plus afro-mauritanienne qui insistent sur la double culture arabo-africaine de la Mauritanie. Et dès lors un concours national où seuls les candidats maures sont retenus pour être de futurs pilotes relève d’un recrutement discriminatoire.

C’est cette négation de l’identité africaine de la Mauritanie  dans les rouages de l’Etat qui fait réagir le porte-parole des FPC qui revient sur le concept de la Mauritanité bien entretenue par l’élite gouvernante et des citoyens chauviniste arabes qui définissent le mauritanien comme celui qui parle seulement l’arabe les autres allusion faite aux afro-mauritaniens ne sont pas des mauritaniens.

Et à juste titre Kaaw Touré rétorque que la « Mauritanité » ne doit pas rimer avec « Mauritude ». C’est bien vrai rappelle d’emblée le militant patriote que la Mauritanie actuelle se situe sur les ruines du berceau impérial du Ghana et du Tekrour. Une piqure historique que semblent oublier tous les dirigeants mauritaniens depuis feu Mokhtar Ould Daddah à Ould Ghazouani.

En effet qu’on le veuille ou non tous les mauritaniens sont des musulmans mais pas arabes. En utilisant l’arabe comme instrument de domination d’une communauté arabo-berbère sur les communautés afro-mauritaniens et Hratines, le pouvoir s’inscrit dans un Etat arabe raciste. Et c’est sans détour que le porte-parole des FPC laisse entendre que cette singularité mauritanienne s’est manifestée concrètement dans les années de braise avec les déportations de milliers de noirs au Sénégal et au Mali en 89, l’exil forcé de centaines de mauritaniens en Europe en Afrique et en Amérique et plus récemment un génocide biométrique de milliers de noirs devenus apatrides et étrangers chez eux. Une triste réalité qui appelle plus à la réconciliation nationale à l’unité nationale et à la cohésion sociale.

Après plus de trois décennies d’indépendance le rêve de son parti c’est une Mauritanie arc en ciel, une cohabitation de «noir et du blanc de l’œil » pour paraphraser le sage Deyloul. Le nouveau président Ould Ghazouani a la lourde responsabilité de construire un pays apaisé et réconcilié avec lui-même.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya le 16 septembre 2019)

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