Mauritanie : la gouvernance de Ould Aziz au banc des accusés

Incontestablement l’affichage du gouvernement de Ould Cheikh Sidya comme le prolongement du régime de Ould Aziz a suscité des polémiques au sein de l’opposition mauritanienne et des observateurs qui remettent sur la sellette la gestion catastrophique de l’ancien régime.

Le tombeur du premier président élu démocratiquement depuis 78 Sidi Ould Cheikh Abdallahi le général Ould Aziz est élu en 2009. Le président mauritanien a fait de la lutte contre la gabegie et la corruption son cheval de bataille et s’est autoproclamé le « président des pauvres ».

En une année il s’est accaparé de tous les leviers économiques du pays dont les plus importants, la SNIM, les infrastructures portuaires et maritimes, l’aéroport, la pêche, le pétrole et l’immobilier. Et avant la fin de son premier quinquennat il est devenu le président le plus riche de ses homologues africains avec un salaire qui dépasserait la plupart de ses homologues occidentaux. Et l’accaparement des terres agricoles au profit des investisseurs arabes et des terrains à Nouakchott ont profité au locataire du palais de Nouakchott.

Réélu en 2014 sa politique est comblée par des forces extraconstitutionnelles qu’il a favorisées au sein du palais grâce à des marchés publics de gré à gré. Conséquences de cette mauvaise gestion, l’économie du pays connaît un état de dégradation avancé, handicap sérieux à une reprise normale des activités des principales sociétés d’Etat en faillite dont certaines ont été purement et simplement liquidées comme la SONIMEX, l’ENER et d’autres agences nationales de développement.

C’est cette mal gouvernance qui s’invite dans les débats aujourd’hui à la veille de la présentation de la politique générale du premier ministre devant l’assemblée nationale. Et c’est l’opposition depuis plus deux semaines qui est montée au créneau pour éclairer l’opinion publique sur les malversations de l’ancien président et dénoncer sa fuite rocambolesque avec sa famille en emportant dans ses 300 valises les biens de l’Etat. Les leaders de l’opposition réclament au gouvernement un audit des sociétés et agences d’Etat. C’est la priorité des priorités face à la situation économique gravissime.

Le cœur de l’économie mauritanienne la SNIM est passée entre les main du gendre de Ould Aziz qui détient 80 pour cent du capital sur fond d’un accord avec une société australienne. Au-delà de cette mauvaise gestion économique du pays c’est l’autoritarisme de l’ancien président qui est pointé du doigt.

Durant 11 ans de pouvoir Ould Aziz s’est attaqué à la liberté d’expression, verrouillé les médias publics. Et pour des règlements de compte politique avec l’opposition en exil ou dans le pays il a exercé des pressions sur la presse privée indépendante et les syndicats libres en instrumentalisant la justice.

Après un mois de gouvernance Ould Ghazouani a compris que pour sortir de cette impasse économique il faut commencer par dénoncer les accords conclus par son prédécesseur dont bénéficie en général son clan. A l’actif 4 accords sont sur la voie d’être annulés.

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya le 03 septembre 2019)

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