Chine : Les expatriés occidentaux dans le collimateur des autorités

Il ne fait pas bon, actuellement, être ressortissant britannique, américain ou canadien en Chine. Encore moins quand on travaille dans l’enseignement.

En juillet, seize expatriés, dont quatre Britanniques, ont été arrêtés à la suite d’une saisie de drogue à Xuzhou, dans l’est de la Chine, rapporte la journaliste Sophia Yan, correspondante du quotidien The Telegraph. L’un d’entre eux, placé en “détention criminelle”, était en passe d’être inculpé. Les autres, maintenus en détention administrative, devraient faire l’objet d’une mesure d’expulsion – à moins d’être eux aussi poursuivis au pénal.

Une vaste campagne de répression contre “la corruption et le crime”, d’abord cantonnée aux principales métropoles du pays, comme Shanghai, s’est récemment étendue jusqu’aux villes de moindre importance comme Xuzhou, explique The Telegraph. Et en cette période de tensions croissantes entre la Chine et les pays occidentaux, les expatriés figurent parmi les cibles favorites des autorités chinoises.

Des arrestations très politiques

 

En janvier, un Canadien, arrêté en 2014 et puni de quinze ans de prison pour trafic de drogue, a ainsi été condamné à mort lors d’un nouveau procès. Le mois précédent, deux citoyens canadiens accusés d’atteinte à la sécurité nationale avaient fait l’objet d’arrestations arbitraires. Au cours des quatre premiers mois de l’année 2019, plus de quarante ressortissants britanniques ont été placés en détention, soit trois fois plus que dans le même laps de temps les années précédentes. La Chine a également frappé d’interdiction de sortie du territoire plusieurs expatriés – notamment de nationalité américaine – contre lesquels aucune accusation précise n’a pourtant été portée.

Les affaires récentes impliquant des étrangers en Chine ont généralement été interprétées comme motivées par des considérations politiques, écrit The Telegraph :

Le Canada a été pris pour cible après que Pékin a clairement indiqué qu’il était mécontent de l’arrestation par Ottawa d’un responsable technique chinois faisant l’objet d’une demande d’extradition de la part des États-Unis. Ces dernières semaines, c’est le Royaume-Uni que Pékin a ciblé alors que des responsables britanniques, notamment [Boris Johnson] et Jeremy Hunt [ex-ministre des Affaires étrangères], ont critiqué la Chine pour la menace qu’elle fait peser sur les libertés à Hong Kong.”

Les enseignants étrangers particulièrement visés

 

Parmi les seize expatriés arrêtés à Xuzhou figurent sept enseignants travaillant pour Education First (EF), une société basée en Suisse et spécialisée dans l’enseignement des langues, qui gère quelque 300 écoles dans une cinquantaine de villes chinoises, précise Cate Cadell, correspondante de l’agence Reuters en Chine. EF confirme que les arrestations d’enseignants, généralement accusés d’infractions liées à l’usage de drogues, à des violences ou à des questions de cybersécurité, se sont récemment multipliées.

“En septembre 2018, les autorités ont lancé une campagne visant à soustraire le secteur de l’éducation à l’influence étrangère, rapporte Reuters. Notamment en interdisant les cours d’histoire internationale ou les supports de cours maison et en révisant les manuels scolaires pour les rendre plus conformes à l’idéologie du Parti communiste.” La campagne en cours se traduit, entre autres mesures, par des contrôles et des inspections aléatoires dans les écoles.

Pour les cabinets d’avocats consultés par Reuters, la montée actuelle du sentiment anti-étrangers dans l’enseignement expose les expatriés occidentaux à de nombreux risques, tels que la rétention des documents indispensables au renouvellement de leur visa ou encore à des modifications sans préavis de leur contrat. “Partir aujourd’hui en Chine pour enseigner comporte nettement plus d’inconvénients que d’avantages”, avertit Dan Harris, un avocat de Seattle dont le cabinet a pris en charge la défense de plusieurs concitoyens mis en cause.

 

Courrier Expat – Paris

 

 

Source : Courrier international

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