
Ce pays, dépendant du Danemark, dispose de ressources qui intéressent de nombreuses nations. Et l’achat de territoire est un grand classique de l’histoire américaine.
Et si le Groenland passait sous pavillon américain? C’est en tout cas ce que souhaiterait Donald Trump, selon le Wall Street Journal. Le président américain aurait demandé à ses conseillers s’il était possible d’acheter au Danemark ce territoire.
Comme souvent avec les fuites provenant de la Maison-Blanche, cette information a très vite été moquée sur les réseaux sociaux. Un ancien premier ministre danois s’est demandé si c’était un poisson d’avril. “Nous sommes ouverts aux affaires, mais nous ne sommes pas à vendre”, a déclaré à Reuters la ministre des Affaires étrangères du Groenland, Ane Lone Bagger. Le ministère des Affaires étrangères danois, interrogée par The Independent, a, lui, refusé de commenter l’information.
Mais à bien y regarder, l’idée de Donald Trump n’est pas si saugrenue que ça. Le Groenland est une terre de toutes les convoitises, notamment ces dernières années (voir plus bas). Mais de là à tenter de l’acheter? Ce ne serait pas une première pour les États-Unis, qui ont accaparé de nombreux territoires par ce biais. Et le Groenland a même failli suivre la même voie.
Quand Truman voulait acheter le Groenland 100 millions de dollars
Il faut se rappeler que la construction des États-Unis s’est faite par des guerres, mais aussi grâce à des achats de territoires. La Louisiane (1804) et l’Alaska (1867) ont ainsi été achetés à la France et à la Russie.
Le dernier achat des États-Unis date de 102 ans. En 1917, le pays achète, pour 25 millions de dollars, les Îles Vierges et ses 26.000 habitants… au Danemark, justement.
Et s’il n’y a pas eu d’autre achat de territoire dans les livres de comptes américains, il s’en est fallu de peu. En 1991, avec l’ouverture d’archives publiques, l’agence AP découvrait que les États-Unis ont essayé d’acheter le Groenland en 1946.
Le président, Harry Truman, avait proposé 100 millions de dollars au Danemark, ou bien un échange avec des terres riches en pétroles de l’Alaska. A l’époque, le but était surtout de faire du Groenland un avant poste militaire stratégique. Et finalement, même si la vente n’a pas eu lieu, une base militaire américaine a été construite sur l’île.
Des terres rares, une terre riche
Si aujourd’hui, les États-Unis tentaient d’acheter le Groenland, ce ne serait évidemment pas pour les mêmes raisons. Ces dernières années, l’île est au centre de convoitises du fait de ses ressources, rappelle le think tank américain Brookings.
Elle dispose de réserves de pétroles importantes. Mais les conditions d’exploitation sont problématiques. Surtout, le Groenland est assis sur un tas d’or, ou plutôt de “terres rares”.
Les terres rares, ce sont 17 éléments chimiques bien particuliers, tous des métaux. Depuis quelques années, ils font l’objet d’une demande gigantesque car ils servent à la construction de nombreux objets, des ordinateurs et smartphones aux voitures électriques en passant par les panneaux solaires.
Problème: la Chine détient 90% de la production actuelle de terres rares. Alors tous les pays, depuis quelques années, cherchent à s’approvisionner autrement, pour ne pas être dépendants. Et justement, comme le fait remarquer le Guardian, le Groenland en possède assez pour satisfaire un quart de la demande mondiale à venir.
D’ailleurs, l’Union Européenne tente depuis des années de proposer des partenariats particuliers au gouvernement du Groenland. La Chine investit également dans le pays pour exploiter ces ressources. C’est par l’exploitation de ces terres rares que le gouvernement partiellement indépendant, formé en 2009, espère assurer sa souveraineté par rapport au Danemark.
Mais cette exploitation comporte un grand risque environnemental. Si elle est faite sans considération autre que la rentabilité économique, elle pourrait bien endommager des régions de l’arctique vierges. Le Groenland est déjà particulièrement touché par les impacts du réchauffement climatique, avec des fontes de glace gigantesques.
Jusqu’alors, le gouvernement tente d’encadrer le développement de l’activité économique, selon Brooking. Vu le peu de considération pour l’environnement de Donald Trump, qui ne croit même pas à une chose aussi évidente scientifiquement que le réchauffement climatique, espérons que le rachat du Groenland ne soit finalement qu’une lubie du président.
Source : HuffPost
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