Aux États-Unis, deux nouvelles tueries de masse relancent le débat sur les armes à feu

Les Américains étaient partagés entre l’émotion et la colère, dimanche 4 août, au lendemain de deux fusillades ayant fait 29 morts au Texas et dans l’Ohio, qui ont ravivé les débats sur les armes à feu et la rhétorique incendiaire de Donald Trump.

Treize heures seulement après l’attaque sanglante d’El Paso au Texas, les États-Unis se sont réveillés abasourdis en découvrant dimanche 4 août un nouveau drame à Dayton, dans l’Ohio : samedi soir, peu après une heure du matin, un nouveau tireur équipé d’un gilet pare-balles, d’un masque et d’un fusil d’assaut a semé la terreur dans un quartier animé de cette ville du nord-est du pays, tuant, en moins d’une minute, 9 personnes et en blessant 27 autres, rapporte le Dayton Daily News.

“Dans un pays devenu presque insensible” aux épisodes de violence armée qui se sont multipliés ces dernières années contre “des écoles, lors de concerts ou au sein d’églises, ces éclats de violence consécutifs ont suffi à laisser le public assommé et ébranlé”, souligne le New York Times. En moins de vingt-quatre heures, “ces fusillades ont provoqué une suspension de la campagne présidentielle de 2020, relancé le débat sur la limitation des armes à feu et engendré une remise en cause” des propos anti-immigrés “de plus en plus virulents” tenus “ces dernières semaines par certains commentateurs de droite et par le président Donald Trump” résume le quotidien.

“Menace croissante du nationalisme blanc”

 

Après ces deux nouvelles tueries de masse, “la question qui se pose désormais au sujet du président n’est pas de savoir comment il répondra au problème par rapport à ses prédécesseurs, mais si les mots qu’il a employés par le passé ont contribué à ce carnage”, note le journaliste du Washington Post Philip Rucker.

Un manifeste circulant sur Internet, attribué à Patrick Crusius, le tireur d’El Paso, dénonce “une invasion hispanique du Texas” et fait référence à la tuerie commise par un suprémaciste blanc dans des mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande. “Nous devons reconnaître que le mot ‘invasion’ est familier : il est utilisé par Donald Trump pour vilipender les immigrés. À maintes reprises, il a semé l’intolérance, en ciblant les Latino-Américains et les Afro-Américains, pour tenter de diviser les Américains”, note The Statesman, dans un éditorial. “Aucun débat sur les armes à feu ne pourra être complet sans que l’on aborde la question de la menace croissante du nationalisme blanc”, conclut le journal texan.

Les démocrates “manquent d’idées audacieuses sur les armes à feu”

 

Dimanche soir, certains médias américains ont toutefois estimé que les démocrates n’étaient pas exempts de tout reproche dans la lutte contre la violence armée. “Alors que la course à la primaire démocrate est animée par une énergie de gauche et traversée par des débats vigoureux sur des initiatives radicales comme Medicare for All ou le New Deal vert, le manque d’idées audacieuses et de discussions sur les armes à feu est frappant” note l’un des rédacteurs en chef du New Yorker, Michael Luo. Le journaliste rappelle que “la proposition la plus ambitieuse qui ait cours actuellement chez les démocrates est la mise en place d’un système fédéral d’octroi de permis d’armes à feu”. Ce type d’initiative appliqué au niveau étatique dans le Connecticut en 1995, pour les revolvers, a permis de réduire de 40 % le nombre d’homicides par armes à feu.

Le Statesman appelle de son côté à interdire les armes semi-automatiques et les chargeurs à grande capacité. “Ce pays ne peut plus tolérer le statu quo qui produit de telles tragédies […]. Lorsqu’ils ont garanti aux Américains le droit de porte des armes, les pères fondateurs n’imaginaient certainement pas des armes de guerre modernes”, telles que celles utilisées dans les attaques de ces derniers jours. “Ces assassinats insensés devraient nous scandaliser tous, peu importe le parti auquel nous appartenons ou le fait que nous possédions ou pas une arme à feu.”

Noémie Taylor-Rosner

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