Enfin !

Plus que 24 heures avant que notre guide éclairé ne disparaisse du devant de la scène politique ! La cérémonie d’investiture du nouveau président élu, prévue le 1er Août, sera incontestablement un tournant dans la vie de notre nation. Celui qui tient les rênes du pouvoir, directement depuis onze ans et indirectement depuis quatorze, va, presque contraint et forcé, céder son fauteuil.

Après avoir tenté, il y a quelques mois, un dernier coup tordu, visant à amender la Constitution et s’incruster au pouvoir, il fait brusquement volteface et tue, dans l’œuf, la tentative désespérée de certains députés à violer le texte fondamental. Suit une élection présidentielle contestée envers laquelle il n’aura fourni aucun effort, comme envers toutes celles qui l’ont précédée, pour la rendre un tant soit peu crédible et consensuelle, le voilà à passer, à son successeur, un pays exsangue. Un cadeau empoisonné… à dessein ?

Un pays où plus rien ne marche. Une économie moribonde, un système bancaire à la dérive, une dette extérieure et intérieure colossale ; un tissu social en lambeaux ; une administration où n’importe qui peut prétendre à n’importe quoi, pourvu qu’il ait les bras assez longs ; une justice totalement inféodée, un système de passation des marchés aux mesures du seul clan ; l’école et la santé en état de mort clinique ; une insécurité galopante ; des ressources halieutiques aux mains d’un seul homme qui en distribue les quotas selon son bon vouloir ; un secteur minier dont les retombées ne profitent qu’à une minorité « bien née » ; une agriculture qui continue à absorber des milliards, pour un résultat presque nul… Une capitale pourrie où l’anarchie règne en maître, où les écoles ont été vendues, les places publiques squattées, le plus officiellement du monde, les réserves foncières pillées… Vous en voulez encore ? Il faudrait beaucoup plus de temps et d’espace, pour résumer onze ans de gabegie, de pillage et de laisser-aller. Un héritage tellement lourd qu’il est légitime de se demander si le pays pourra s’en relever.

Des travaux d’Hercule, en somme, pour le nouveau président qui doit, soit assumer l’héritage de son prédécesseur, soit donner un énorme coup de pied dans la fourmilière. Un coup de pied qui emportera moisissures et pourritures dont celle-ci regorge. La nature de l’homme s’y prête-t-elle ? Devenue écuries d’Augias, la Mauritanie a, en tout cas, besoin d’être nettoyée de fond en comble. Mais, bon, plus que 24 heures et tout sera désormais possible. Enfin !

Ahmed Ould Cheikh

Source : Le Calame 

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