Si les dossiers politiques sont plus difficiles à réaliser, les dossiers sociaux sont une priorité incontournable pour le nouveau président qui prendra fonction dès le 1er août prochain. Pour les observateurs le logement pour tous, la redistribution des terres et l’emploi des jeunes sont les trois chevaux de bataille qui pourraient faire la différence de la gouvernance de Ould Ghazouani par rapport à son prédécesseur.
En effet le logement social et l’emploi des jeunes, deux thèmes majeurs de tous les candidats à la présidentielle du 22 juin dernier. Mais les promesses dans ces deux domaines les plus cruciaux de la politique sociale d’un gouvernement étaient différentes d’un candidat à un autre. L’opportunité revient au nouveau président de pouvoir mettre en œuvre des réformes dans ce sens.
Dans un pays qui manque cruellement de logements sociaux dans la capitale qui absorbe aujourd’hui plus d’un tiers de la population et à l’intérieur du pays devenu des déserts dans tous les domaines, le défi de Ould Ghazouani est de donner un toit à tous les citoyens notamment les plus démunis qui constituent plus de la moitié de la population. La promesse de 6000 logements aux enseignants est une bonne chose mais il faut permettre également aux autres quelle que soit leur situation financière d’accéder au logement. C’est un des meilleurs moyens de lutter contre la paupérisation grandissante dans les périphéries de Nouakchott, une capitale surpeuplée d’afro-mauritaniens et de Hratines qui sont les plus nombreux taillables et corvéables formant la main d’œuvre la moins chère et également d’étrangers notamment ouest-africains qui forment le bataillon des petits métiers.
Des quartiers dortoirs qui manquent de tout. Insuffisance d’écoles, de centres de santé, d’eau potable et de logements sociaux. La nouvelle politique sociale devra surtout cibler les jeunes mauritaniens sans emploi dans ces quartiers populaires. L’émergence d’une jeunesse révoltée durant la campagne présidentielle est un signe que le nouveau gouvernement devra déployer un plan Marshall pour l’emploi. La promesse de 200 milliards d’ouguiya pour lutter contre la pauvreté devra combler ce déficit. Deux dossiers sociaux qui font ressortir l’écart entre les riches et les pauvres qui s’est creusé depuis 2009. Des inégalités que Ould Ghazouani aura fort à corriger.
Cette fracture sociale peut être atténuée par la redistribution des terres aux populations de la vallée en particulier les réfugiés du Sénégal dont beaucoup étaient propriétaires terriens. C’est la politique agricole qui est remise en cause avec en toile de fonds l’accaparement des terres du Sud au profit d’investisseurs étrangers. La régionalisation en cours devra apporter des réponses à l’autonomie administrative et à l’autogestion des populations. Le logement et la terre sont les deux mamelles qui vont de pair.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 24 juillet 2019)
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