CAN : duel de géants entre deux économies et deux monnaies

L’Algérie et le Nigeria devront se départager ce dimanche à l’occasion d’un match choc de football entre deux équipes aux styles de jeu différents. Sans s’attarder sur le pronostic sportif,  l’on peut se livrer à une comparaison économique entre la démocratie ouest -africaine et le dirigisme maghrébin.

Avec 177 millions d’habitants et à lui seul deux tiers du PIB de la CEDEAO, soit 375 milliards de dollars , le Nigeria est la première économie africaine. L’Algérie a un PIB de 175 milliards de dollars mais présente de meilleurs ratios que son rival avec lequel il partage la caractéristique de détenir d’énormes ressources gazières.

En effet, le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat était de 15 200 dollars en 2017 en Algérie contre  2 400 dollars au Nigeria. Le géant ouest-africain ne s’est pas industrialisé, employant 70% de sa main d’œuvre dans le secteur agricole, qui représente 35% de son PIB contre environ 15% pour l’Algérie.

Le géant Pétro -gazier Sonatrach présente beaucoup de similitudes, y compris dans les scandales, avec la NNPC nigériane laquelle, il faut le dire, bat tous les records de malversations.

La première présentait un chiffre d’affaires de 39 milliards de dollars en 2018. La seconde brandissait un résultat net de 250 milliards de nairas soit 700 millions de dollars de bénéfices en 2016. Les deux répondent à la définition de personnalité morale politiquement exposée.

Les deux pays restent dépendant du pétrole, le Nigeria un peu plus encore. Car, l’Algérie, très peu endettée, gère mieux ses ressources grâce  à une politique de placement proactive des liquidités tirées de la manne pétrolière. Il n’y a pas que des divergences entre ces pays qui entretiennent le mythe de la transaharienne, véritable serpent de mer devant relier les deux capitales.

Aussi bien à Abuja qu’à Alger, on est sur la même longueur d’onde en matière de nationalisme ou patriotisme économique. La règle des 51/49% adoptée par le géant maghrébin exprime cette volonté de préserver l’économie et de créer une bourgeoisie nationale. Le Nigeria a fabriqué des Dangote et des Emelelu à l’ombre du marché. L’Algérie a produit Issad Rebrab aujourd’hui traîné devant les tribunaux. Les milliardaires en dollars vivent mieux sous les cieux nigérians, pays inégalitaire où les services de base se conjuguent avec les pénuries de toutes sortes. L’Algérie redistribue mieux la manne pétrolière avec des services sociaux de base de qualité supérieure.

Abuja semble toutefois avoir mieux réussi son virage vers le marché à l’image de sa Bourse (NSE) qui dépasse celle d’Alger par sa capitalisation et son dynamisme.

La force (faiblesse aussi ?) de l’un et de l’autre réside dans une monnaie souveraine mais non convertible, souvent soutenue à coup d’injection de devises par la banque centrale et, plusieurs fois, dévaluées. La monnaie algérienne Dinar (DZD) a été dépréciée de 1 558% entre 1986 et 2002. Si en 1973, deux nairas suffisaient pour obtenir un dollar, il en fallait 160 en 2012. Depuis la situation des deux monnaies est restée inchangée, régulièrement malmenée par rapport aux grandes devises.

Mais qu’importe, la fierté nationale vaut bien un Naira et un Dinar. Aux Fennecs et aux Super Eagles de nous dire le contraire.

Source : Financial Afrik

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