Ahmed Yahya, président de la Fédération mauritanienne de football, analyse le parcours de son équipe éliminée après une défaite et deux matchs nuls lors des poules.
C’est avec le sentiment d’avoir bien défendu les couleurs de la Mauritanie, mais aussi quelques regrets, que l’équipe nationale s’est envolée jeudi 4 juillet vers Nouakchott. A 43 ans, Ahmed Yahya, président de la Fédération de football de la République islamique de Mauritanie (FFRIM) depuis 2011 et élu meilleur dirigeant africain par la Confédération africaine de football (CAF), revient sur le parcours des Mourabitounes.
Après une lourde défaite face au Mali (4-1) pour son premier match dans une Coupe d’Afrique des nations (CAN), la Mauritanie a signé deux matchs nuls (0-0) contre l’Angola et la Tunisie. Lors de ce troisième match, elle a largement dominé l’équipe d’Alain Giresse et s’est créée de nombreuses occasions, notamment en première période.
Quel bilan faites-vous de cette première participation de la Mauritanie ?
Ahmed Yahya Nous avons fait un parcours très encourageant qui aurait encore pu être meilleur. Le premier match, que je considère comme un accident, nous a fait mal. Mais le plus important pour moi était de montrer que la Mauritanie n’avait pas volé sa qualification à cette CAN. Nous avons prouvé qu’on méritait bien de figurer parmi les vingt-quatre nations présentes. Nous repartons avec deux points, ce qui est bien pour une première participation. Il nous reste évidemment du travail à faire et beaucoup de défis à relever pour espérer aller plus loin.
Comment analysez-vous ce dernier match contre la Tunisie ?
Il y a eu beaucoup d’occasions de but, ce qui nous a permis de montrer une très belle image du football mauritanien. Nos joueurs ont fait un match technique et engagé. Ils ont rivalisé avec des adversaires de très haut niveau, qui jouent dans des championnats européens et des clubs prestigieux. Je vous rappelle qu’il y a un an la Tunisie disputait la Coupe du monde et qu’elle faisait partir des cinq équipes africaines qualifiées pour disputer le Mondial. Il y a huit ans, le foot était inexistant ou presque en Mauritanie.
Qu’est-ce qui vous a manqué pour accéder aux huitièmes de finale ?
De l’expérience, notamment dans la manière d’aborder ce premier match face à une bonne équipe du Mali. Pour les deux autres rencontres, il nous a également manqué de l’expérience pour finir les actions, un attaquant un peu « killer » pour mettre le ballon dans le but à chaque occasion. Mais on va améliorer cela et on va travailler davantage, croyez-moi.
Quels chantiers comptez-vous lancer pour faire progresser le football en Mauritanie ?
Il reste beaucoup de choses à faire. Nous devons encore développer les petites catégories de jeunes, voir si d’autres footballeurs mauritaniens (d’éventuels binationaux) veulent rejoindre notre sélection. On doit continuer aussi à bâtir nos infrastructures, améliorer la qualité de notre championnat et sa médiatisation. Nous allons aussi organiser à Nouakchott la Coupe d’Afrique des moins de 20 ans. C’est un beau défi et nous espérons présenter une très belle équipe.
Pour se qualifier à la CAN, nous avons structuré le football en Mauritanie et nous avons procédé par étapes. Nous avons commencé par se qualifier au CHAN [Championnat d’Afrique des nations], une compétition réservée aux joueurs qui évoluent dans le club de leur pays. Ensuite, nous avons disputé notre première CAN. C’est vrai que nous sommes parmi les huit équipes à quitter la compétition après les phases de poule, mais beaucoup d’observateurs disent que nous méritions largement de nous qualifier…
Quelle image garderez-vous de cette compétition ?
Il y en a beaucoup, mais s’il n’y en avait qu’une ce serait le moment où Diadié Diarra décide de continuer à jouer face à la Tunisie, de rester sur le terrain malgré sa fracture du bras et sa main qui a triplé de volume. Cette image restera dans ma mémoire. Par son attitude, ce joueur a montré sa combativité, sa solidarité et sa fierté de porter le maillot des Mourabitounes. Les Mauritaniens sont très satisfaits de la prestation de leur équipe. Ils sont fiers de leurs joueurs qui ont donné une bonne image du pays jusqu’à être héroïques pour certains.
Pierre Lepidi
Source : Le Monde
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