Présidentielles Mauritanie : l’aveuglement de Paris sur la crise post-électorale pointé par les observateurs

En félicitant le président Ould Ghazouani  le 25 juin dernier après avoir salué le bon déroulement des élections  qualifié de moment démocratique historique, la France a choisi son camp. Une reconnaissance de la victoire du candidat du pouvoir avant même la confirmation du conseil constitutionnel en conclave ce début de semaine et 3 jours après la crise post-électorale que le régime de Ould Aziz a transposé en une crise ethno-raciale.

L’histoire à tendance à bégueyer dans les ex-colonies françaises d’Afrique surtout quand il s’agit d’élire un chef d’Etat. Hier c’était la RCD. Après les résultats officiels Paris s’est empressé de juger la victoire de l’opposant Tshisekédi non conforme aux résultats réels. Autrement dit que c’est son candidat l’opposant Fayulu qui est en principe vainqueur. Aujourd’hui c’est la Mauritanie. A peine la CENI publie les résultats provisoires, le Quai d’Orsay félicite Ould Ghazouani après avoir salué le bon déroulement des élections qualifiées de moment démocratique historique selon les propres termes du communiqué officiel alors que c’est un général qui remplace un général. Les observateurs sont abasourdis de cette similitude révélatrice de la politique africaine de l’Elysée qui n’a pas changé depuis le Général de Gaulle c’est-à-dire les intérêts avant les droits de l’homme. Cette reconnaissance de l’élection du candidat du pouvoir dans un contexte de climat de peur d’état de siège de la capitale sur fond d’arrestations massives uniquement d’opposants noirs et de militants et sympathisants de la coalition VE, de tortures dans les lieux de détention des manifestants, d’instrumentalisation de la justice à des fins politiques de crise ethno-raciale semblable à celle des évènements de 89 où des milliers de noirs sont déportés au Sénégal et au Mali. Autant de violations des droits de l’homme de la liberté d’opinion et de la démocratie qui semblent ne pas inspirer la diplomatie française.

Cet aveuglement sur la crise post-électorale est la continuité d’une Françafrique contre les espoirs d’une démocratie en Mauritanie. Les mauritaniens retiennent leur souffle en attendant que le conseil constitutionnel délibère ce début de semaine. Les preuves de fraudes massives du pouvoir sont entre les mains des 4 candidats de l’opposition qui ont déposé un recours.

La confirmation de la victoire de Ould Ghazouani risque de donner aux pyromanes du pouvoir l’occasion d’allumer encore le feu partout dans le pays.

 

Bakala KANE

(Reçu à Kassataya le 01 juin 2019)

 

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