La « nationalité » des sahraouis de Tindouf et des déportés mauritaniens de la Vallée à Kaedi : ne pas jouer à nouveau avec le feu !

Le candidat du pouvoir a lâché, mine de rien, une vraie bombe à fragmentation de type incendiaire, dans son discours de campagne, hier à Kaédi, à propos de l’octroi de la nationalité à des  » sahrarouis », qu’il considère comme « un acte de haute trahison ».

Cette déclaration a surpris, autant qu’un coup de tonnerre dans un ciel bleu et serein. Pourquoi évoquer cette question à propos d’une population dont le nationalisme est tel qu’elle préfère vivre dans des camps de réfugiés à l’ étranger, notamment à Tindouf plutôt que de renoncer à ce qu’elle considère son droit à l’autodétermination- qui présuppose le refus de toute nationalité étrangère et l’exigence de la sienne propre ?

Depuis 1974- date de départ de la crise actuelle du Sahara Occidental, jamais la question de l’octroi de la nationalité aux sahraouis ne s’est posée dans notre vie politique, en dehors des manœuvres ponctuelles de fraude électorale classique auxquelles les pouvoirs successifs se sont toujours livrés pour fabriquer des majorités électorales imaginaires par falsifications de documents d’état-civil, auxquelles la masse des sahraouis n’est en aucun cas concernée en tant que telle. Qu’y a t-il donc de neuf pour que cette soi-disante question de nationalité se pose aujourd’hui en Mauritanie vis à vis de nos frères sahraouis ?

Et pourquoi le dire dans la vallée et spécifiquement à Kaedi ? N’ est- ce pas du  » gaaruwaale », une façon de parler d’une chose en pensant à une autre, faire du bruit à l’ est pour venir de l’ouest ? Cette déclaration bizarre aurait eu un sens très aigu à Fderick, Nouadhibou ou à Zoueratt- zones naturelles d’établissement et de transit de nos frères sahraouis puisque proches de leur foyer national.

A Kaédi, cette déclaration a un autre sens car, tout le long de la vallée sont établis, du coté de territoire national autant que de l’autre coté des frontières, notamment au Sénégal, des camps de réfugiés, peuplés de mauritaniens, hommes, femmes, enfants et vieillards depuis plus de 30 ans et qui réclament leur retour et leurs pièces d’ état-civil que les représentants félons de l’ Etat, leur ont retiré sans autre forme de procès. Ce ne sont pas les camps de réfugiés Tindouf mais ceux disséminés dans la vallée qui posent à notre pays un problème de nationalité. Et ce sont d’authentiques mauritaniens qui réclament leur droit de nationalité et non des saharaouis qui veulent qu’on les laisse en paix, qui ont suffisamment de problèmes comme ça pour qu’on ne les mêle pas dans la mélasse politicienne de chez nous.

Aucun candidat ne devrait nous ramener à l’époque de la recherche sanglante de la « mauritanité » qui fut au cœur de la fureur et de la démence d’ Etat, à l’origine du  » passif humanitaire ».

Que ce soit au nord ou au sud, nul ne devrait jouer avec le feu identitaire. L’exigence est de respecter le droit et l’ Etat de droit, dans les faits. Et tout ira bien pour tout le monde.

Gormo Abdoul Lo

Facebook – Le 16 juin 2019

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